Revue de presse : Article dans Le Point du 02/08/2012 : Ne privez pas les jeunes diabétiques de bonbons !
Contrairement à une idée reçue tenace, même les enfants qui doivent s'injecter de l'insuline peuvent manger des sucreries... raisonnablement.
Le sucre et les friandises - chocolat, barres chocolatées, glaces, pâtisseries, biscuits... - ont un index glycémique (une capacité à faire monter le taux de sucre dans le sang) moins élevé que certains produits céréaliers comme le pain blanc, les corn flakes ou la purée de pommes de terre. Alors, il ne faut pas en priver les enfants qui souffrent de diabète de type 1, aussi appelé diabète insulinodépendant, une maladie auto-immune qui attaque les cellules du pancréas productrices d'insuline (à la différence du diabète de type 2, aussi appelé diabète gras ou de la maturité).
C'est à l'occasion des dernières journées d'étude de l'Association française des diététiciens-nutritionnistes, à Saint-Malo, que Nathalie Jaupitre, diététicienne au CHU de Rennes, a regretté que trop de soignants et de parents restent persuadés qu'il faut bannir les produits sucrés. "Ils ont toujours à l'esprit que les produits sucrés sont des glucides à absorption rapide ; la notion d'index glycémique est floue, voire inconnue, pour bon nombre de ces jeunes et leur famille...", a-t-elle affirmé. "Le conseil de réduire très nettement la consommation d'aliments sucrés, souvent donné aux patients qui ont un diabète de type 2 dans le but de limiter leur surpoids, est parfois pris en compte, à tort, par les familles touchées par un diabète de type 1."
Pourtant, les recommandations des spécialistes mondiaux du diabète de l'enfant sont claires : la consommation de glucides est compatible avec un bon équilibre du diabète si elle ne dépasse pas 10 % de l'apport énergétique total. Seules les boissons sucrées sont à éviter, sauf éventuellement pour traiter les hypoglycémies. D'ailleurs, de telles incitations à la modération dans la consommation d'aliments sucrés devraient être appliquées à tous les enfants qui ont quelques kilos en trop...
L'ennemi : les aliments glucidiques
Pour revenir aux jeunes diabétiques, tout l'enjeu de leur traitement est de maintenir une glycémie la plus proche de la normale. Pour cela, ils s'injectent de l'insuline et contrôlent leur alimentation pour une bonne adéquation entre l'insuline injectée et les sucres absorbés. Cela n'implique en rien la suppression de friandises ! Ce type de mesure radicale est inutile et peut entraîner une envie de "transgression", en cachette. D'autant plus que les sucreries sont présentes dans de nombreuses situations, comme les goûters d'anniversaire, et qu'elles représentent un moment de partage, de socialisation. C'est pourquoi un enfant peut, avec l'accord de ses parents, augmenter de temps à autre sa dose d'insuline injectée, par exemple avant une fête.
Une règle doit néanmoins être respectée au maximum (même si ce n'est pas toujours évident) : ne pas manger d'aliments glucidiques entre les repas. Parfois, les parents interdisent les sucreries, mais donnent un "petit bout" de pain à leur enfant. "10 grammes de pain apportent l'équivalent en glucose d'un bonbon (5 grammes) et l'absence d'insuline pour "ranger" ce glucose conduira à une hyperglycémie", explique le docteur de Kerdanet, pédiatre diabétologue au CHU de Rennes. En revanche, il est possible de prendre des aliments sucrés au dessert. Par ailleurs, un bonbon en fin de repas ne provoque pas plus d'hyperglycémie qu'une bouchée de pain supplémentaire "pour saucer" ou une erreur de 20 grammes dans la "ration" de riz !
Par Anne Jeanblanc
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