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C'est un constat sans équivoque que dresse l'Institut Montaigne. Dans un rapport publié mercredi et baptisé "Vaincre l'échec à l'école primaire", le "think tank" (cercle de réflexion) le plus influent de France dénonce la dégradation du niveau moyen des écoliers. Pire, l'école aggraverait aussi les inégalités sociales.

71 % des Français ont beau estimer que l'école élémentaire "fonctionne bien" (sondage CSA, août 2009), les chiffres reflètent une réalité plus amère. Déjà, en 2007, le premier rapport du Haut Conseil de l'Éducation (HCE) prévenait que quatre écoliers sur dix, soit environ 300.000 élèves, sortaient du CM2 avec de graves lacunes. Selon cette étude, près de 200.000 écoliers auraient des acquis fragiles et insuffisants en lecture, écriture et calcul, et plus de 100.000 n'auraient pas la maîtrise des compétences de base dans ces domaines.

Les comparaisons internationales montrent également que la France ne cesse de reculer en calcul et en lecture par rapport à de nombreux voisins européens, notamment l'Allemagne. Ainsi, alors que la France s'éloigne chaque année davantage des objectifs de la stratégie dite "de Lisbonne" (qui a pour but de faire de l'Union européenne l'économie la plus compétitive au monde), l'Institut Montaigne souligne que les conséquences de l'échec scolaire "constituent un handicap majeur pour notre pays". Par le biais de quatre "défis", le rapport formule treize propositions pour y remédier en transformant l'école primaire.

Des cycles d'apprentissage cohérents

Le "think tank" déplore ainsi que l'organisation de l'école en cycles ait échoué à faciliter la progression des élèves. L'Institut Montaigne souligne que le redoublement, qui "conduit presque systématiquement à l'échec" et qui a été abandonné par tous les grands pays européens, reste massivement pratiqué en France, "considérant des élèves de 5 à 10 ans comme seuls responsables de leurs échecs". Il propose ainsi de :

- clarifier l'organisation des cycles entre l'école maternelle et l'école élémentaire ;
- réduire drastiquement le nombre de redoublements ;
- prendre en charge réellement les élèves en difficulté.

Une année scolaire plus ample et moins dense

L'Institut Montaigne préconise de recentrer le rythme de l'école primaire sur les élèves et leurs besoins, plutôt que de le caler sur le rythme des adultes. Le rapport souligne également que les programmes sont trop lourds pour être traités dans le cadre d'une année qui est la plus courte d'Europe (140 jours à l'école). Pour y remédier, il propose de :

- revenir immédiatement à une semaine de 5 jours de travail, incluant le mercredi ;
- rendre l'année scolaire moins compacte en l'allongeant d'au moins deux semaines.

Miser sur la qualité des enseignants

Le rapport insiste sur l'importance de "l'effet-maître" : "Aux élèves en plus grande difficulté, les maîtres les plus efficaces." Pour attirer les meilleurs vers le professorat des écoles, ainsi que les former et améliorer leurs pratiques, l'Institut Montaigne recommande de :

- renforcer la communication autour du métier d'enseignant et mettre en oeuvre un dispositif incitatif pour les candidats à cette profession ;
- instaurer des formations en alternance selon la formule de l'apprentissage, pour accéder au métier d'enseignant ;
- améliorer la politique salariale pratiquée en début de carrière, afin d'inciter les personnes les plus compétentes à devenir professeurs des écoles ;
- créer des dispositifs contraignants pour assurer l'obligation annuelle de formation continue en enrichissant la carte des formations comme en pénalisant ceux qui se soustraient à ce devoir.

Réorganiser l'école

Le rapport s'appuie sur les expériences internationales réussies pour remarquer qu'une plus grande autonomie et un meilleur pilotage de proximité auraient "un effet bénéfique sur les résultats des élèves", déplorant notamment le manque de pouvoir des directeurs français.

Reste à savoir quel poids auront ces préconisations.

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