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Revue de presse : Article dans Le Point du 26/01/2011 : Enfants difficiles : à trois ans, tout n'est pas joué !

Trois ans, c'est l'âge idéal pour identifier d'éventuels problèmes psychologiques chez un enfant afin de l'aider à les dépasser.

Une étude publiée dans les dernières Annales de l'Académie américaine de médecine pourrait légitimement inquiéter tous les parents d'enfants de trois ans jugés "difficiles", voire "impossibles". Elle indique, en effet, que les gamins de cet âge qui ont du mal à se maîtriser risquent, plus que les autres, d'avoir des problèmes de santé, de drogue, des difficultés financières et un casier judiciaire, une fois la trentaine dépassée.

 

Une équipe internationale de psychologues de l'université Duke en Caroline du Nord a suivi pendant plus de trente ans près d'un millier d'enfants en Nouvelle-Zélande. Ces jeunes ont été évalués par leurs enseignants, leurs parents, d'autres observateurs et les enfants eux-mêmes. Parmi les critères pris en compte figurent l'incapacité à gérer sa colère, un manque de persévérance, des difficultés à accomplir certaines tâches, l'hyper-activité, l'impatience, la tendance à agir avant de réfléchir, l'agitation et le manque de scrupules.

 

L'environnement peut modifier l'expression des gènes

"Fort heureusement, on n'est pas à trois ans le reflet de ce que l'on sera durant toute sa vie, même si les premières années sont très importantes pour le développement et peuvent préfigurer un devenir qui soit normal ou pathologique, explique le docteur Stéphane Clerget, pédopsychiatre à Paris et auteur d'un livre* sur le sujet, sinon il faudrait arrêter l'éducation." Or, les compétences, tout comme les traits de personnalité, la dimension affective de notre identité, ne sont jamais figées. "Même en cas de pathologies inscrites génétiquement, on sait que l'environnement peut modifier l'expression des gènes. Une évolution, une adaptation sont toujours possibles", continue le médecin.

 

Pourtant, l'étude américaine indique que les enfants ayant eu les scores les plus bas lors de l'évaluation ont été les plus nombreux, une fois adultes, à avoir des problèmes respiratoires, des maladies sexuellement transmissibles, un excès de poids, des taux élevés de cholestérol et de l'hypertension artérielle. De plus, ces personnes impulsives et peu susceptibles de penser à long terme auraient plus de mal que les autres à gérer leurs finances. Elles risqueraient plus de devenir des parents célibataires, alcooliques et consommateurs de tabac et de drogue.

 

Un bilan que réfute le docteur Clerget. Selon lui, les chercheurs ont associé tout et n'importe quoi, des critères physiques et psychologiques. Et de nombreux items n'ont pas été mesurés. "Peut-être que ces enfants sont meilleurs en dessin, en équitation, peut-être qu'ils feront une meilleure carrière politique que les autres", affirme-t-il. Pour lui, ce type d'étude a néanmoins un intérêt : celui d'identifier les jeunes qui ont des problèmes et donc de tenter d'y apporter une solution. "Nous, les êtres humains, avons une capacité permanente de transformation, sinon les psychothérapies ne marcheraient pas", conclut-il. "Et si on peut infléchir de 10 % le comportement d'un enfant de trois ans, par exemple en modifiant son entourage, cela suffit pour amener à un changement appréciable sur le long terme."

 

Par Anne Jeanblanc

 

* "Le Pédopsy de poche", éditions Marabout 2010, 5,90 euros

 

 



27/01/2011
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