Revue de presse : Article dans Le Progrès du 18/03/2011 : Rhône - Faits divers. Un directeur d’école, originaire de l’Ain, se pend dans sa classe
Un papier a été punaisé sur le tableau d’affichage de l’établissement : « L’école est fermée aujourd’hui ». Il est signé du maire.
L’école, qui compte plus d’une centaine d’élèves, est vide. Ou presque. Seuls les enseignants sont sur place. Réunis dans le préfabriqué de la cour. Le visage blême. Leur directeur vient d’être retrouvé mort par pendaison dans une des classes. Aucun commentaire.
C’est l’édile de Dracé, Roger Lacroix, et une employée municipale, qui ont découvert le corps, peu avant 8 heures, hier. Avant que les premiers élèves n’arrivent. « J’ai aussitôt appelé les pompiers et les gendarmes », explique, bouleversé, le maire. « C’est ensuite allé très vite. Les premiers parents ont été prévenus et ont eux-mêmes alerté tous les autres. J’ai tout de suite fermé l’établissement. »
Les enfants ne retourneront en cours qu’à partir de lundi. Un médecin et un psychologue seront d’ailleurs présents pour les entourer, répondre à leurs interrogations, les écouter comme en pareil événement.
Le drame est évidemment peu commun. « Une personne qui met fin à ses jours sur son lieu de travail ce n’est pas fréquent, admettent les gendarmes. Surtout pour un enseignant. » Car c’est bien la piste du suicide qui est envisagée. Un examen du corps doit être pratiqué à l’institut médico-légal de Gleizé.
Pour le Parquet, il s’agirait « d’un décès naturel dont les motifs sont d’ordre personnel sans relation avec une infraction ». Aucune trace écrite n’a été retrouvée sur les lieux, mais l’homme avait fait part, dans un mail adressé, hier matin, à des proches, de son « désespoir et ras-le-bol » (lire ci-dessous). L'inspection d’académie n’a pu être jointe hier soir.
Sa mort a « anéanti » Christiane Thibert, le maire de Garnerans, où vivait depuis très longtemps Marc Monfray, par ailleurs élu. Adjoint, il était en charge de la communication.
Âgé de 54 ans, père de deux enfants (de 24 ans et 21 ans), il avait été nommé directeur à l’école de Dracé en 2010, après avoir exercé une année à Belleville. Il était également très connu à Emeringes où il avait enseigné durant vingt ans. Il avait été parmi les premiers à introduire l’informatique en classe, ce qui avait d’ailleurs valu à l’école d’Emeringes la visite de Xavier Darcos, alors secrétaire d’État.
« Je l’avais croisé avant-hier pour une manifestation qu’il devait organiser pour l’école », confiait hier soir encore Roger Lacroix. « C’est très dur. Une cellule va accueillir demain (aujourd’hui : NDLR) parents et enseignants pour préparer au mieux les enfants ».
Comment préparer au mieux des enfants en pareil drame ? Selon Stéphane Chapron, psychologue de l’Education nationale, « la priorité est d’informer les enfants avant qu’ils ne l’apprennent par quelqu’un d’autre et ce, afin d’éviter d’amplifier davantage la situation. Ensuite, des petits groupes de paroles sont mis en place pour que l’enfant s’exprime, soit oralement, via des débats, des analyses. soit par des activités manuelles comme le dessin. La cellule psychologique doit permettre aux enfants de s’exprimer sur la situation, mais aussi de gérer la diffusion de cette information ». « Par la suite, précise le psychologue, il faut faire très attention aux troubles pouvant survenir chez l’enfant dans son sommeil, son alimentation. S’il se montre agressif… Tout ce qui sort de l’ordinaire. Il ne faut pas non plus tomber dans la paranoïa et éviter de surcharger l’enfant de question ce qui ne ferait que le bloquer. Les parents doivent essayer d’être très attentifs sur le changement de comportement depuis l’annonce du drame ».
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