Revue de presse : Article dans Les Echos du 06/09/2011 : Une société privée pour surveiller les enfants à l'heure de la cantine
Des employés d'une société privée ont fait leur rentrée, à Plan-de-Cuques, pour surveiller les enfants des écoles primaires à l'heure de la cantine, en remplacement des femmes de service que la mairie a écartées pour leur confier d'autres tâches.
Le syndicat FSU-SDU des Bouches-du-Rhône et la FCPE, interrogée au niveau national, contestent la légalité de la mesure, introduite pour améliorer un service "fragilisé" notamment, selon le maire sans étiquette Jean-Pierre Bertrand, par l'absentéisme du personnel municipal.
Ils font valoir un avis du Conseil d'Etat selon lequel "les communes ne peuvent confier à des personnes privées que la fourniture ou la préparation des repas, à l'exclusion des missions qui relèvent du service de l'enseignement public et notamment, de la surveillance des élèves".
Mais selon la mairie, cet avis a été contredit par un arrêt du Tribunal des conflits qui n'interdit pas la sous-traitance pour les services publics facultatifs communaux, comme la cantine. "On en a déduit que c'était autorisé", affirme Laurent Gellé Lacroix, directeur général des services, soulignant qu'une délibération du conseil municipal, votée en février à ce sujet, avait passé le contrôle de légalité de la préfecture.
Concrètement, trois hommes et six femmes, employés par la société de sécurité MD2 basée à Istres, remplacent neuf femmes de service réaffectées, durant l'interclasse, au nettoyage des bâtiments de la commune.
Avant les vacances, des parents d'élèves s'étaient inquiétés de voir arriver des "vigiles" à la cantine et dans la cour de récréation. Une terminologie que récuse la mairie : "On a exclu les rangers et les bombers. Tout a été prévu pour ne pas choquer. On n'a pas fait appel à des gros bras".
Elle souligne que les six femmes, embauchées spécialement, n'ont jamais exercé dans le gardiennage. Trois d'entre elles ont le brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur (Bafa) et une est diplômée en psychologie de l'enfance. Le cahier des charges a exigé également que les neuf agents aient un brevet de sauveteur-secouriste du travail.
"Je ne connais pas beaucoup d'écoles qui ont ça. Et en plus, on crée des emplois", fait valoir le maire.
Selon le syndicat, le personnel municipal avait tout autant d'expérience et de qualifications et la mesure sanctionne d'abord une grève observée en novembre. "On exigeait la titularisation des femmes de service, qui sont toutes contractuelles, malgré parfois 30 ans d'ancienneté", explique Giovanni Favaloro, délégué du FSU-SDU 13.
"Elles nous disaient depuis des années qu'elles ne pouvaient plus tenir les enfants, qui les insultent et les bousculent. Maintenant, elles disent le contraire. Je ne veux pas être le maire qui gère un drame", répond M. Bertrand. "Il ne s'agit pas de violence, mais d'irrespect, qui commence de plus en plus tôt et la mairie doit en préserver au maximum les enfants", dit-il.
Dans la cour, l'un des employés de MD2, Ahmed, 25 ans, polo, jean et baskets, piercing au sourcil gauche, assure que "tout se passe bien, même si les enfants sont excités parce que c'est la rentrée". Parmi les filles et garçons autour de lui, jusque-là habitués à voir des femmes, les avis divergent. "Pourquoi y a pas marqué +sécurité+ en gros derrière vous ?", provoque l'un d'eux.
Par Pierre PRATABUY
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