Revue de presse : Article dans Les Echos du 13/10/2011 : La surprise du bonheur
Non, les Français ne sont pas malheureux ! Quand on leur demande de noter de zéro à dix leur satisfaction « dans la vie qu'ils mènent actuellement », la moyenne de leurs réponses est de sept. Sept sur dix. Quatorze sur vingt. Mention bien. On a beau retourner le chiffre dans tous les sens, il est incroyablement bon. Surtout dans un pays traversant sa plus grave crise économique depuis près d'un siècle, censément en proie au déclin, peuplé de râleurs notoires qui viennent d'acheter plus de 2 millions d'exemplaires d'un petit livre titré « Indignez-vous ! ». Grande alors est la tentation de remettre en cause le chiffre. Mais il vient d'une maison sérieuse, l'Insee, qui a posé la question l'an dernier à 25.000 personnes. Et l'institut de sondages américain Gallup était arrivé alors à un résultat voisin.
Cette bonne note rejoint en fait un constat souvent dressé par les sociologues : les Français sont pessimistes sur leur sort collectif mais optimistes sur leur vie personnelle. La vraie nouveauté est ailleurs. Elle est dans le fait qu'en France comme dans beaucoup d'autres pays, deux ans après le rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi, les statisticiens multiplient les travaux et les projets pour mieux saisir, au-delà du PIB, notre bien-être. Les enquêtes sur le ressenti subjectif des individus en font partie. Si elles révèlent un niveau global de satisfaction voisin d'un pays à l'autre, elles montrent dans le détail d'étonnantes différences. La satisfaction monte avec l'âge au Japon mais descend aux Etats-Unis. En France, elle diminue jusqu'à la cinquantaine, regrimpe jusqu'aux 70 ans puis décline à nouveau. Il se pourrait que les parents vivent beaucoup mieux la petite enfance de leurs bambins que leur adolescence. Ou que le stress au travail est maximal entre quarante et cinquante ans. Les chercheurs vont chercher et trouver de nouvelles réponses. Avec ces indicateurs subjectifs, les dirigeants des pays pourront « s'assurer que le gouvernement centre bien son action sur la qualité de la vie autant que sur la croissance économique », selon les mots du Premier ministre britannique, David Cameron. Il pourra ainsi mieux cibler ses dépenses. En ce temps de disette budgétaire, il est peut-être urgent de donner plus d'argent aux statisticiens.
PAR JEAN-MARC VITTORI
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