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Revue de presse : Article dans Les Echos du 22/03/2011 : Mort subite du nourrisson : encore des décès évitables

Les nourrissons doivent être couchés sur le dos, dans un lit adapté, sans couette, ni oreiller ou autre accessoire : le ministère de la Santé a renouvelé mardi les recommandations de prévention de la mort subite du nourrisson, encore responsable de 240 décès chaque année.

 

Le nombre de décès a considérablement diminué depuis le début des années 90 (plus de 1.000 décès par an), grâce aux campagnes de prévention menées à partir de 1994 et jusqu'à la fin des années 90.

 

Mais une enquête de l'Institut de veille sanitaire, conduite dans 17 départements entre 2007 et 2009, "montre qu'on peut encore faire mieux", a souligné au cours d'une conférence de presse le directeur général de la Santé, Didier Houssin.

 

Cette enquête a permis d'observer, dans ces départements, 220 "morts inattendues" chez des bébés de moins de un an, c'est-à-dire des décès que l'état de santé de l'enfant ne permettait pas de prévoir. Parmi elles, un tiers étaient expliquées, notamment par des infections mais aussi par des accidents liés au couchage, a indiqué Juliette Bloch, pédiatre et épidémiologiste responsable de l'étude.

 

Les deux tiers restaient inexpliqués. Mais pour près de la moitié de ces décès classés "non expliqués", on a identifié des facteurs de risques connus de mort subite du nourrisson, dont une part importante liée au couchage, comme la présence d'objets trop proches du visage (oreiller, couette, doudou...).

 

"Pour tous ceux là, on peut se dire que, sans ce facteur de risque ou cette cause, on aurait peut-être pu éviter le décès", a déclaré Elisabeth Briand-Huchet, responsable du Centre de référence mort subite du nourrisson à l'hôpital Antoine-Béclère (Clamart).

 

"Il y a une très grande marge de progrès à faire quant au couchage des petits nourrissons", a affirmé le Dr Bloch.

 

Jusqu'à 6 mois, le bébé doit être couché sur le dos, sans oreiller, sans couette, drap ou couverture, dans une pièce pas trop chaude et pas trop couvert, loin du tabac, "dans son lit à lui et sans personne d'autre". Et ce "pour tous les sommeils", y compris les siestes.

 

Le matelas doit être ferme et adapté à la taille du lit. La pédiatre conseille la gigoteuse ou la turbulette pour couvrir l'enfant, déconseille les tours de lit, ou alors pas trop épais pour ne pas que l'enfant y enfouisse la tête et s'asphyxie. A bannir également, le cale-bébé, en principe prévu pour que l'enfant dorme sur le dos, mais qui n'empêche pas les retournements, le nourrisson pouvant alors se retrouver piégé, le nez au fond du cale-bébé.

 

Dans l'enquête, 39% des bébés ont été trouvés sur le ventre (dont 20% couchés dans cette position), 28% dans un lit d'adulte ou un canapé. En cause également, le partage du lit avec un adulte (18%) ou un matelas mou (16%).

 

"L'étude met en évidence qu'on a encore les moyens d'éviter plusieurs dizaines de décès chaque année en France", a estimé le Dr Briand-Huchet.

 

Charlotte Barres-Gaudin, présidente de l'association Naître et Vivre, qui rassemble les parents qui ont perdu un enfant de la mort inattendue du nourrisson, a pour sa part réclamé "une campagne d'envergure pour toucher le grand public".

 

Le Pr Houssin a reconnu "qu'il faut répéter les choses, parce que les bonnes habitudes peuvent se perdre". Une nouvelle campagne médiatique n'est cependant pas à l'ordre du jour dans l'immédiat.

 

Par ailleurs, le Dr Bloch a souligné la nécessité des explorations post-mortem (autopsie, prélèvements, examens d'imagerie pour identifier des signes de maltraitance, fond d'oeil qui permet le diagnostic du bébé secoué...).

 

Comprendre peut "parfois prévenir un décès ultérieur", a-t-elle expliqué.

Par Véronique MARTINACHE


23/03/2011
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