Revue de presse : Article dans Les Echos du 28/11/2011 : Pour être un bon parent, "y'a pas de manuel" mais ça peut s'apprendre
Comment être de bons parents ? "Y'a pas de manuel", résume Daniel, dont le petit garçon est placé dans une Maison d'enfants depuis l'an dernier. Mais grâce aux éducateurs, qui aident les parents sans les culpabiliser, les liens familiaux, paradoxalement, peuvent se renforcer.
Précarité, maladie, troubles psychiques, maltraitance : il arrive que des parents ne puissent plus assumer leur rôle. La justice ou le Conseil général peuvent alors décider d'éloigner les enfants.
Environ 150.000 enfants et adolescents sont ainsi "placés" et près de 37.000 d'entre eux vivent dans une Maison d'enfants à caractère social (Mecs).
A la Maison Saint-Charles, belle bâtisse fin XIXe située au Vésinet, dans les Yvelines, les plus petits ont trois ans, les plus grands treize.
Héritières des orphelinats d'antan, les Mecs n'ont aujourd'hui plus grand-chose à voir avec ces établissements austères. Fini les grands dortoirs sinistres : les 82 enfants de Saint-Charles cohabitent par petits groupes, baptisés Wallabies ou Explorateurs, dans les étages aux couleurs vives, avec salle télé et jouets à disposition.
Surtout, là où l'institution s'attachait à rompre les liens entre parents et enfants, la loi prône aujourd'hui "la coéducation", explique Anne Huret, la directrice de l'établissement géré par la Fondation des Apprentis d'Auteuil, qui publie mardi un "Plaidoyer pour la jeunesse en difficulté" pour interpeller les candidats à la présidentielle.
"On les accompagne jusqu'à ce qu'ils soient assez forts" pour accueillir de nouveau leurs enfants, explique-t-elle, regrettant que les demandes d'entrée à Saint-Charles excèdent largement les possibilités.
K., 10 ans, le fils de Daniel et Martine, "avait de gros problèmes à l'école, il était renfermé", raconte le papa. Quand ce dernier est tombé gravement malade il y a deux ans, le couple ne savait plus comment faire.
Mais "quand l'assistante sociale nous a parlé de l'Aide sociale à l'enfance (le service départemental chargé du placement, NDLR), on n'a pas compris que c'était pour l'aider. C'était violent", poursuit Daniel, qui ne voit son petit garçon que le week-end.
Pour aider les enfants, qui ont souvent des troubles du comportement, on leur redonne des repères, des règles, parfois oubliées au sein du foyer : "On leur fixe des objectifs à atteindre comme apprendre à faire leurs lacets", explique Mme Huret.
Et pour aider les parents à assumer leur rôle, l'établissement a créé il y a deux ans un service de "soutien à la parentalité". Sa responsable, Christine Delettre, reçoit les parents ou les prend au téléphone aussi souvent que nécessaire.
"Ils ont beaucoup d'interrogations sur leur rôle. Ils me demandent comment s'y prendre concrètement avec leurs enfants", explique-t-elle.
"Je les rassure, je leur dis que ça ne s'apprend pas dans un manuel et que tous les parents font des erreurs", poursuit la professionnelle.
"Ils savent me réconforter", confirme Chantal Buire-Legrand, qui ne peut plus recevoir ses quatre enfants chez elle depuis son expulsion de son appartement en juillet.
"Ils m'ont appris à savoir dire non, que ce n'est pas pour ça que mon fils ne va plus m'aimer", confie Daniel.
"Y'a pas de manuel de parents, mais ça s'apprend un peu, beaucoup", ajoute-t-il, les yeux brillants d'optimisme.
"Ils vous mettent sur la première marche et vous continuez", poursuit sa femme, heureuse que leur petit garçon ait maintenant "des bonnes notes à l'école".
AFP
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