Revue de presse : Article sur Le Point du 14/11/2011 : Les goûters "varicelle" : une vraie mauvaise idée !
Aux États-Unis, des parents s'organisent pour que leurs enfants "partagent" les virus de la varicelle, voire d'autres infections.
La varicelle est une maladie très contagieuse. Aux États-Unis, des campagnes de vaccination de grande ampleur visent tous les jeunes enfants depuis 1995. Mais cela ne plaît pas toujours à leurs parents, notamment en raison des risques d'effets secondaires de la piqûre (poussées de fièvre, voire éruptions cutanées) et de leur rejet global de la vaccination. Selon une récente étude publiée dans la revue Pediatrics, près de 6 % d'entre eux refuseraient toute injection préventive et, parmi eux, certains opteraient pour une "contamination choisie", de leur progéniture. Les parents d'un enfant atteint organisent parfois des "goûters contaminants", pour refiler le virus aux gamins du quartier.
Plus inquiétant encore, un trafic d'un nouveau genre serait en train de se développer, comme l'a récemment révélé L'Express : la vente de sucettes, mouchoirs ou vêtements provenant d'un jeune malade, pour en contaminer d'autres... De tels produits seraient proposés sur Internet, à des tarifs pouvant atteindre les 50 dollars (37 euros). Et un groupe sur Facebook intitulé "Find a pox party in your area" (trouvez un goûter varicelle près de chez vous), qui comptait plus de 1 000 membres, vient d'être fermé par les autorités américaines.
"Franchement déraisonnable"
De fait, rien n'est plus simple que d'attraper la varicelle. Après un contact intime, au sein d'une famille, le "taux d'attaque" chez les personnes réceptives (non immunisées) est supérieur à 85 %. La transmission est avant tout respiratoire, lors de l'inhalation d'aérosols contenant des particules virales. Elle peut aussi avoir lieu lorsque des mains souillées par le liquide présent dans les vésicules cutanées touchent des muqueuses. La transmission du virus peut aussi se faire à partir d'un patient souffrant de zona - qui est la complication tardive de la varicelle - surtout par l'intermédiaire des vésicules cutanées.
"Proposer, sous prétexte que l'on refuse la vaccination, de faire contaminer ses enfants à un moment choisi avec des conséquences qu'on ne maîtrise pas totalement est franchement déraisonnable", s'insurge le professeur François Bricaire, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Pitié-Salpêtrière (AP-HP Paris). Certes, autrefois dans les familles nombreuses, quand un enfant était malade, on le laissait avec ses frères et soeurs pour ensuite être débarrassé du problème. Il était difficile de faire autrement. "Mais là, c'est différent puisqu'il s'agit de provoquer la contamination. En gros c'est la maladie quand je veux. Mais on ne contrôle jamais une varicelle provoquée. Imaginez le drame pour les parents si leur enfant développe alors une encéphalite, un problème aussi exceptionnel que grave..."
778 000 personnes exposées
En France, la vaccination contre la varicelle n'est pas obligatoire. Elle est seulement conseillée aux personnes à risque (personnel soignant ou travaillant avec les enfants et non immunisé). Et développer cette maladie est "quasi obligatoire" puisque 90 % des enfants sont contaminés avant l'âge de 12 ans (et 5 % après l'âge de 20 ans). D'après les statistiques nationales, environ 778 000 personnes ont la varicelle chaque année. Les complications sont assez rares, le plus souvent des surinfections cutanées et des bronchites. Quant au risque de zona, qui correspond à la réactivation des virus restés dans les ganglions et entraîne de violentes douleurs, il augmente avec l'âge. Aux dernières nouvelles, il serait un peu moins fréquent après vaccination qu'après infection "naturelle" par le virus.
Par Anne Jeanblanc
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