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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 01/09/2011 : Retour de la morale ou morale en retour ?

Que faut-il penser du "retour de la morale  à l'école" annoncé le 31 août par Luc Chatel dans Le Parisien ? "Oui, je fais revenir la morale à l'école", affirme L Chatel. Il annonce une circulaire publiée aujourd'hui au B.O. qui instaure le matin un échange sur la morale. "A l'école on n'apprend pas que des contenus de programme, mais aussi un comportement et cela doit nous servir tout au long de la vie".

 

L'affirmation péremptoire du "Oui, je" ne va pas nous faire oublier que Xavier Darcos nous a déjà servi le même plat en instaurant l'instruction civique en 2008. "(Les élèves) découvrent les principes de la morale, qui peuvent être présentés sous forme de maximes illustrées et expliquées par le maître au cours de la journée" affirment déjà les nouveaux programmes. Luc Chatel emprunte une recette à son prédécesseur sans le nommer. Ce n'est pas bien...

 

Il le fait pour les mêmes raisons. Le sondage du Snuipp réalisé fin août montre que les français s'inquiètent de l'ordre et de l'autorité en classe. La demande "d'autorité et de discipline" vient de 50% des français. C'est la seconde demande juste derrière l'aide aux élèves en difficulté. Elle est portée par l'électorat de droite (personnes âgées, sans enfants scolarisés, femmes au foyer ou travailleurs à leur compte). Luc Chatel a tout intérêt à porter le débat sur cette priorité plutôt que l'aide aux élèves en difficulté où les français semblent peu convaincus de la qualité de ses efforts. En effet les Français attendent de l'école qu'elle apprenne des comportements.

 

Les leçons de morale sont-elles inutiles ? Elles existent dans d'autres pays européens. Par exemple en Belgique francophone le cours obligatoire de morale est suivi par les élèves qui ne vont dans un aucun cours religieux. En 2008, nous avions interrogé Benoît Falaize sur ces nouveaux programmes. "Ce n'est pas forcément choquant ces affichages tant qu'il s'agit d'une morale républicaine qui incite à la tolérance et au respect", nous avait-il confié. "Et à condition que le maître lui-même respecte les règles. S'il le fait ça peut être formateur. Si par contre il les piétine… ça n'a plus sens. Ce n'est plus que du formalisme éducatif. Mais si la phrase écrite au tableau vient en appui de ce que le maître pratique, ce n'est pas nécessairement gênant". Le risque du retour au formalisme existe bien. On verra si la circulaire ministérielle l'a pris en charge.

 

Luc Chatel n'est pas Jules Ferry. Ce rappel aux règles digne de l'école de la IIIème République est pourtant nettement décalé du reste du discours ministériel. Ce dont parle surtout Luc Chatel dans cet entretien c'est de dérèglementation. Il promet la suppression de la carte scolaire ("l'objectif à terme reste de la supprimer"), et annonce une révision du statut des enseignants. C'est la mise en concurrence des établissements et des enseignants que promeut le ministre. Le modèle n'est pas républicain mais bien libéral. Mais le ministre excelle à le vendre enveloppé dans un emballage républicain...

 

François Jarraud



03/09/2011
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