Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 02/02/2012 : Faut-il continuer à apprendre à écrire à la main ?
La question se pose dans plusieurs pays développés du fait de la banalisation de l'ordinateur. Les enfants sont amenés à imprimer des textes et à lire des textes imprimés dès leur plus jeune âge. Du coup l'apprentissage du clavier pourrait remplacer celui du stylo. Pourtant les partisans de l'écriture manuelle ont de solides arguments à faire valoir...
Faudra-t-il une Journée de l'écriture manuelle pour sauver la cursive aux Etats-Unis ? Le 23 janvier une conférence a inauguré cette journée organisée pour la défense de l'écriture manuelle. C'est que si l'écriture manuelle reste apprise dans la quasi totalité des écoles, elle ne figure plus dans le curriculum national à la différence de l'apprentissage du clavier. En Angleterre, l'écriture manuelle avait disparu du curriculum avant d'y revenir. Les partisans de l'écriture au clavier ont beau jeu d'expliquer que le clavier a déjà remplacé le stylo dans de nombreux gestes de la vie quotidienne. Les enfants sont initiés très jeunes aux SMS et à l'ordinateur. Et tout laisse penser que cette tendance va s'accélérer. Alors autant prendre le temps d'enseigner le clavier, qui ne figure pas encore au programme en France, et utiliser celui de l'écriture manuelle à autre chose.
Garder les liens. Mais l'écriture est plus qu'un outil de communication, c'est aussi un geste social. Ne plus enseigner l'écriture manuelle serait creuser un fossé entre les générations. Ce serait beaucoup plus grave que l'arrivée du Bic dans les années 1960 (à la place de la plume Sergent-Major). L'expérience montre aussi que les enfants qui ont du mal à écrire manuellement et que l'on invite à écrire sur ordinateurs sont souvent rattrapés par leur trouble.
Mais ce sont les cogniticiens qui apportent des arguments de poids. "Le cerveau écrit… à la main", nous disent les cogniticiens Jean-Luc Velay et Marieke Longchamp. "Quand on écrit, l’information nerveuse qui détermine l’ordre d’écriture des traits constituant ces caractères, est codée dans certaines zones du cerveau. Il s’agit du cortex moteur et du cortex somatosensoriel. Elle forme en quelque sorte une mémoire du mouvement des sensations qui lui sont associées : on parle de mémoire sensorimotrice... lorsque des patients porteurs d’une lésion cérébrale deviennent incapables de reconnaître des lettres, leur performance est parfois améliorée si le patient est autorisé à les écrire, ou simplement à les tracer du doigt". Sur ce terrain le clavier n'a pas l'avantage : il n'y a pas ce lien moteur entre une lettre et une touche. Décidément, les écoliers français n'ont pas fini d'avoir des lignes à faire...
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