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Les Assises sur le harcèlement à l'Ecole soulèvent de grands espoirs. Est-ce justifié ?

"Je suis pessimiste", nous disait, en 2006, Eric Debarbieux. Or en un peu plus d'un an, la cause de la prévention de la violence scolaire a fait un bond prodigieux. Souvenons nous des Etats généraux. Commencés par une séance extraordinaire où toute la nomenklatura ministérielle, souvent hostile à la pédagogie, a du subir les discours des experts, ils s'étaient terminés par un recadrage sarkozien qui revenait aux vieilles formules répressives. Or la dynamique impulsée par Eric Debarbieux a été plus forte. Les équipes mobiles de sécurité, présentées comme un instrument répressif, travaillent le relationnel et la formation organisée par Debarbieux l'a emporté sur les recettes de "tenue de classe". E Debarbieux lui-même est devenu optimiste. Il nous dit, dans l'entretien accordé au Café, qu'une "fenêtre" est ouverte pour transformer l'essai. Enfin, dans cet Expresso deux syndicats lui apportent leur appui.

Des appuis bienvenus car sa démarche vise à rien moins qu'à transformer l'Ecole. Debarbieux demande une réforme de la formation des enseignants. Il demande aux enseignants d'apprendre à gérer les groupes, aux établissements de devenir des structures "justes", au système de faire vivre vraiment les équipes éducatives. C'est en fait un véritable aggiornamento qu'exige Debarbieux.

Quel levier est assez puissant pour soulever l'Ecole ? La masse des souffrances vécues dans et par l'Ecole est-elle suffisante pour faire changer l'Ecole ? Il semble bien que non. Le projet de Debarbieux repose sur l'étrange couple qu'il fait avec Luc Chatel. Celui-ci est peut-être déterminé à laisser de son ministère autre chose que le souvenir de milliers de suppressions de postes. Il est aussi peut-être conduit par la nécessité de détourner l'attention de la disparition des moyens. Dans les deux cas la période pré-électorale risque d'être difficile pour tous ceux qui prêchent l'intelligence et la raison. Eric Debarbieux aura bien besoin que ses efforts soient appuyés par le terrain. Parce que c'est là que les choses peuvent vraiment bouger.

François Jarraud