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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 03/10/2011 : Quelques rappels historiques

Au moment où commencent à se faire légèrement plus entendre chez certains politiques de gauche des questionnements concernant les contenus d’enseignement, les rythmes scolaires, les modalités d’évaluation, l’organisation du baccalauréat, on entend à nouveau enfler la rumeur des conservateurs de tous bords concernant le risque de la « baisse de niveau » des élèves…..

 

Et repartent ici ou là, les éloges de l’école du siècle dernier, celle où comme le déclarait il y a peu le secrétaire général de l’UMP « les instituteurs et leur école savaient répondre à leurs missions ». Devant de tels dithyrambes, l’idée m’est venue de regarder ce que pensaient de l’école au début du siècle dernier et au sortir de la deuxième guerre mondiale, ceux dont les conservateurs et les libéraux d’aujourd’hui sont les héritiers.

 

La comparaison est édifiante : les discours sont les mêmes à un siècle, et à soixante ans de distance. Il ne s’agit donc pas d’une analyse, mais d’une copie ! Qu’on en juge !

 

Dans les années 1900, un certain nombre d’écrivains s’inquiètent de  la « baisse de niveau en Français « et  s’étonnent dans une brochure qu’il y ait tant de reçus au baccalauréat, à une époque, faut-il le rappeler où 1% seulement de la population y parvenait : « Conçu pour une élite, l’enseignement secondaire est donc inadapté à cette masse qui nous vient précisément de milieux sociaux, de familles dans lesquelles on n’a jamais possédé ou jamais ouvert un livre, en dehors de quelques ouvrages d’actualité. (1) » et l’on précise « Les élèves ne sont plus capables d’écrire, faute de n’avoir plus fait assez de latin, et ils ne comprennent pas ce qu’ils lisent ».

 

Même le comité des forges, ancêtre du MEDEF s’y met : « Les ingénieurs sont devenus incapables d’utiliser leurs connaissances techniques et de présenter leurs idées dans des rapports clairs et bien rédigés. » (2)

 

Si le niveau « baissait » avec 1% de bacheliers ; en 1947 avec 3% (24 fois moins qu’en 2011), il semble « baisser » encore plus : « Tout serait simple si le bachot remplissait encore sa fonction. Mais, submergé sous le nombre des candidats qui s’est accru prodigieusement, le baccalauréat a vu son niveau baisser d’une façon constante, au point qu’il ne suffit pas actuellement à qualifier pour l’enseignement supérieur. » (3)

     

Cette constance du discours sur la « baisse de niveau » conçue comme globale et ne tenant pas compte des mutations des exigences aux différentes époques considérées, montre combien il doit être pris avec du recul…..

 

Jean-Louis Auduc

 

Notes :

1 L’enseignement du français. Imprimerie Nationale. 1909

2 Revue Universitaire, 1911 [1], page 58.

3 Le Monde, Gilbert Gadoffre, 16 mai 1947



03/10/2011
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