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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 04/07/2011 : Faisceaux

Bon, d’accord, ça sent les vacances pour la plupart d’entre vous. Mais dans les sphères du pouvoir, ça turbine à fond.

Comme les hausses effectuées en douce aux départs en congé, trois annonces convergentes la semaine passée :

- le ministère officialise la reprise en main de la politique locale de l’Education Nationale par les recteurs. Exit les inspecteurs d’académie à moyen terme, on voit la chaine hiérarchique se tendre : ministère, chef d’établissement ou IEN, enseignant. Foin de la décentralisation, du politiquement cohérent…

 

- le rapport Grosperrin, dévoilé par plusieurs médias, annonce tranquillement que le recrutement des enseignants par les autorités locales n’est plus un tabou. Ballon sonde pour tester les syndicats ou prolégomènes au débat politique sur l’Ecole de 2012 ?

 

- on sait désormais que le statut des enseignants (et au-delà des fonctionnaires) est dans le viseur des concepteurs du programme UMP pour la présidentielle. C’est vrai que dans une société de plus en plus précarisée, annoncer à la plèbe qu’on va définitivement régler leur compte à tous ces privilégiés peut être un calcul électoral possible.

 

Or, pour rester sur le terrain électoral, quels arguments vont avoir les défenseurs du « service public à la française », dont le modèle issu de la Libération conjuguait volonté forte de l’Etat et éthique des fonctionnaires ? Lorsque la première condition s’effiloche, que l’Etat lui même ne garantit pas la force et l’équité du service public, à quoi servent les fonctionnaires ? Dans nombre de pays d’Europe, le recrutement des enseignants par le chef d’établissement ou l’autorité locale est une telle évidence que l’idée même d’un recrutement sur concours d’Etat est inconcevable. Quelle preuve concrète pouvons nous produire qu’ils ont tort ? Pour parler comme pourrait le dire un ministre actuel, en quoi la précarisation des enseignants a-t-elle un impact direct sur les résultats des élèves ? N’oublions pas que ces gens-là ne s’encombrent pas de poésie lorsqu’il s’agit de faire le ménage sur les conquêtes issues du pacte social de la Libération.

 

Face à un tel cynisme, le risque de rester désarmé est pourtant réel : quel projet alternatif pourrait faire que les Français s’opposent à un tel projet, si les électeurs doutent de la capacité des institutions à garantir l’avenir de leurs propres enfants ? Quel peut être le projet de contrat social qui, sans garantir des lendemains qui chantent, permettrait de croire en une réforme démocratique de l’école qui ne se résumerait pas aux idées toutes faites sur « à chacun son rythme et les référentiels de compétences pour tous »… ?

 

Nombre de pronostiqueurs affirment que l’Education sera un thème fort des présidentielles. Même si l’actualité montre chaque jour la faible efficacité des Pythies médiatiques, les enseignants seraient sans doute bien inspirés d’y réfléchir assez vite par eux-mêmes. Leurs futurs collègues leur en seraient sans doute reconnaissants.

 

Marcel Brun



04/07/2011
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