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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 04/10/2012 : Qui a tué la réforme des rythmes scolaires ?

Alors que le rapport sur la concertation nationale est attendu, Vincent Peillon a déjà pris les devants dans un entretien aux Echos et laissé penser que la réforme des rythmes scolaires sera limitée. Pourquoi ce revirement alors que dès son arrivée rue de Grenelle il a montré sa détermination ?

 

"Vous pouvez compter sur ma détermination pour faire bouger les choses. Mais je suis aussi pragmatique... Passer en force est toujours contreproductif... Si la question des vacances d'été doit bloquer toutes les autres avancées, je proposerai au Premier ministre de ne pas y toucher". Dans cet entretien publié le 3 octobre, le ministre annonce sans ambiguités que la réforme des rythmes scolaires n'ira pas jusqu'à instituer 38 semaines de cours par an. En septembre, il avait déclaré au Café pédagogique : "Je veux que nous repensions l'année, la semaine, la journée. Il faut qu’il y ait de vraies évolutions, et pas seulement des petits aménagements à la marge, si l’on veut rendre service aux élèves. Mon rôle c'est donc de pousser et qu'on aille le plus loin possible". Que s'est -il passé depuis ?

 

Le consensus ?

 

La question de la réforme des rythmes scolaires a été longuement débattue dans une commission réunie sous Luc Chatel. A l'origine, un avis de l'Académie de médecine a montré en juillet 2010 les dégats sur la santé des enfants des rythme actuels et la nécessité d'une alternance régulière entre semaines de cours et de vacances. Les travaux de l'OCDE ont mis aussi en évidence la singularité de la France sur le nombre de semaines de vacances plus que sur les vacances d'été. Dans la plupart des pays européens les congés d'été couvrent au moins autant de semaines qu'en France. Par contre les élèves travaillent plus de 36 semaines dans la plupart des pays européens. Toujours est-il que le rapport du Comité de pilotage sur la réforme des rythmes scolaires remis début juillet 2011 à Luc Chatel préconisait déjà le passage de 36 à 38 semaines de cours.

 

Parents et enfants

 

Les premières oppositions aux 38 semaines sont venues des professionnels du tourisme inquiets de perdre 2 semaines d'activité. La réponse  a été trouvée dans l'étalement des congés d'été sur plusieurs zones. Un second obstacle est apparu dès juin 2011. Des milliers de lycéens ont manifesté spontanément contre une éventuelle réduction de leurs vacances d'été. Ils ont été rejoints par de nombreux collégiens, un phénomène nouveau et inquiétant. Cet été, le Snpden a mis en garde le gouvernement sur le risque de troubles graves dans les collèges.

 

La crise galope après la réforme

 

Mais c'est la crise qui va porter le coup de grâce à la réforme des congés d'été. Comment imposer aux enseignants deux semaines supplémentaires de travail sans compensation salariale ? Avant l'élection, en avril, Vincent Peillon pensait que la réforme des rythmes se ferait avec une revalorisation salariale. "Si on veut modifier les rythmes scolaires, avec deux semaines de vacances en moins, il faudra bien négocier une compensation salariale", nous disait-il. Une "réattribution de moyens" à l'intérieur du système éducatif faciliterait le financement. Quelques mois plus tard, le gouvernement a fait des choix budgétaires et écarté l'idée d'une revalorisation salariale pour les enseignants.

 

Du coup la capacité à réformer est atteinte par la crise. La réforme des rythmes scolaires semble être la première à être impactée par la situation économique. Or tout au long de cette année scolaire, celle-ci va peser de plus en plus lourdement. Les prévisions économiques du gouvernement sont déjà contestées par des experts malgré la modestie du taux de croissance du PIB envisagé. Déjà la crise galope après la refondation.

 

François Jarraud



11/10/2012
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