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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 06/01/2011 : Maternelle : "Trop d'école tue l'école"

L'école maternelle est-elle en danger ? La suppression des moyens accordés à l'Ageem (Association générale des enseignants des école maternelles) n'est pas un signe encourageant. L'Ageem s'interroge sur la scolarisation rampante d'une école qui a développé un équilibre subtil permettant la socialisation des tout petits. Pour Lucile Barberis, présidente de l'Ageem, "trop d'école tue l'école".


L'Ageem a-t-elle perdu le soutien ministériel dont l'association disposait ?


Il n'y a plus de soutien du tout. Nous avons obtenu, à titre exceptionnel, un courrier du ministère nous recommandant aux inspecteurs d'académie. Cela permet à l'association de continuer à vivre avec un temps complet et deux mi-temps. Nous n'avons pas de subvention ministérielle. Dans cette situation nous avons stabilisé le fonctionnement de l'association et nous espérons pour l'année prochaine une subvention du ministère. Mais nous n'avons aucune garantie de l'obtenir.


Pourtant vous aviez signé un protocole avec Xavier Darcos et l'Ageem avait été reconnue comme un interlocuteur.


Pour nous il est clair que cette déclaration commune n'a plus lieu d'être. Le ministère reconnaît notre travail sur le lire - écrire ou sur l'aide personnalisée. Il considère que nous apportons des pistes complémentaires  aux orientations du ministère. Nous allons d'ailleurs être prochainement auditionnés sur l'avenir des maternelles. Le ministère nous reconnaît mais ne nous accorde pas de moyens.


Dans quelle mesure la crise de l'Ageem révèle-t-elle une crise de la maternelle ?


On assiste bien à une érosion lente de l'école maternelle. On voit la scolarisation à 2 ans disparaître. Et maintenant on s'attaque à la scolarisation à 3 ans. C'est le cas par exemple à Marseille où l'inspecteur d'académie invite à inscrire les enfants ayant 3 ans révolus au début de l'année scolaire. L'école maternelle est devenue une variable d'ajustement pour l'administration, une réserve importante de postes où elle va puiser à la prochaine rentrée. Pourtant on s'est rendu compte, au congrès des maires de France, à quel point ils sont attachés à leur école maternelle et peu intéressés par les "jardins d'accueil". Visiblement le gouvernement préfère répondre à la demande d'accueil plutôt qu'a l'objectif de scolarisation.


A la fin de l'année scolaire vous allez tenir votre colloque annuel sur le thème du corps. Pourquoi ce thème ?


"A l'école maternelle c'est le corps d'abord". C'est la formule que nous avons choisie pour ce colloque. C'est une proposition d'une équipe d'école. Mais cela rappelle que les apprentissages ne se font pas que par la tête. Ils passent aussi dans la pratique du corps, sa place. Or il y a une forte tendance actuellement à transférer à l'école maternelle les pratiques de l'école élémentaire. Ainsi on passe directement à la photocopie sans donner la possibilité aux enfants de manipuler, de s'appuyer sur le sensoriel. On fait vivre les enfants dans des contraintes de groupes, parfois de petits groupes, mais de moins en moins souvent on laisse l'enfant avancer à son rythme. On préfère la même activité pour tous. Finalement cette surenchère méconnait la maternelle. Dans ces conditions comment accueillir les différences ? Que va-t-on faire avec les enfants différents ? On peut dire qu'au final trop d'école tue l'école.


Pourtant l'Ecole dans son ensemble a bien du mal à avoir des pratiques différenciées. Peut-être aurait-elle à apprendre de la maternelle ?


La loi d'orientation avait créé un cycle à cheval sur la maternelle (la grande section) et l'école élémentaire (le CP) pour que les pratiques de l'école maternelle contaminent l'élémentaire. Finalement c'est l'inverse qui se fait.


Comment expliquez-vous cela ?


D'abord par la méconnaissance flagrante du développement du petit enfant. La plupart des inspecteurs ne connaissent pas la maternelle et sont plus tournés vers l'élémentaire. Or ce sont des rouages puissants. Leur interprétation des textes va parfois contre les textes eux-mêmes.


Lucile Barberis

présidente de l'Ageem


Entretien : François Jarraud

 

 



06/01/2011
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