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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 12/11/2015 : Quel statut pour les parents à l'école ?

"La co-éducation que la loi de 2013 a inscrite comme un principe est en train de prendre forme". En présentant le 10 novembre le rapport sur le statut du parent délégué, N Vallaud-Belkacem a annoncé son intention de faire avancer rapidement ce dossier. C'est qu'elle applique ainsi une promesse du candidat Hollande laissée en suspens depuis 2012.

 

Une promesse de F Hollande

 

Rappelons-nous : 17 mars 2012, quelques semaines avant l'élection présidentielle. François Hollande se prête au jeu des questions dans un meeting organisé par la Fcpe. Le candidat socialiste promet des réponses à la question sur le statut des parents délégués. Ils bénéficieront d'autorisations d'absence pour assister aux conseils de classe, promet-il. "Ce décret sera pris". Progressivement un dispositif de compensation pour payer le temps d'absence sera mis en place.

 

Plus de 3 ans plus tard, la loi d'orientation a beau vanter la co-éducation, rien n'a été fait. Près de 300 000 parents sont investis bénévolement dans le fonctionnement du système éducatif. Précisément, 246 000 parents sont élus dans les écoles et 45 000 dans les collèges et lycées pour représenter les parents d'élèves. S'ajoutent encore 907 personnes qui siègent dans les instances académiques (Caen, Cden etc.) ou nationales (CSE). Et l'épisode récent du "retrait de l'école" montre à quel point le lien avec les parents est précieux.

 

 

Le coût d'un statut

 

Etre bénévole est une qualité précieuse. Mais c'est aussi une condition qui éloigne de la représentation les parents qui ne peuvent pas siéger bénévolement, ne serait ce que parce que leur emploi leur interdit. D'où la revendication ancienne des associations de parents d'avoir un véritable statut de parents délégués qui permettent d'avoir les moyens d'exercer cette fonction. Revendication transformée en deux rapports : celui de la députée socialiste Valérie Corre et le rapport des inspectrices Christine Gavini-Chevet (Igaenr) et Fadela Amara (Igas) remis le 10 novembre.

 

Le rapport se fixe plusieurs objectifs : "renforcer la légitimité des représentants des parents délégués,  donner du temps aux parents élus pour exercer leur mission,  ouvrir la fonction à d’autres catégories de parents, notamment issus du secteur privé,  rapprocher les parents les plus éloignés de l’école". On pourrait ajouter répondre aux demandes des associations d eparents d'élèves. La Fcpe demande depuis des années un statut de parent délégué  calqué sur celui des élus locaux. La Peep demande une indemnisation horaire pour ces délégués. L'Unaape souhaite des crédits d'heures. Dans tous les cas, la décision impacterait les entreprises et donc nécessite leur accord.

 

Le rapport évolue donc le coût de la reconnaissance d'un statut de parent délégué selon 4 scenari différents correspondant à ces différentes positions. Pour cela il évalue le temps passé par les parents délégués à l'exercice de leur mandat. Cela représente , selon le rapport, de 6 à 38 heures pour les élus des établissements. Pour les représentants dans les commissions académiques ou nationales cela va 70 à 852 heures annuelles. La Fcpe et la Peep ne demandent d'indemnisation que pour ces 907 responsables. L'Unaape l'envisage elle pour tous les élus.  

 

Le coût total varie ainsi selon les scenari de 3 à 71 millions d'euros. Une somme quasi introuvable en période d'austérité budgétaire. Finalement le rapport préconise de créer un congé parents délégués dont le taux d'indemnisation serait calculé sur le salaire réel du parent.

 

 

Rapprocher les parents éloignés de l'école

 

Mais créer ce statut suffira-t-il à rapprocher de l'école les parents qui en sont éloignés ? Les rapporteures en doutent. Elles reprennent les remarques d'ATD Quart Monde. "Ils se sentent jugés, voire pas assez calés pour suivre la scolarité de leurs enfants. Souvent le corps enseignants leur renvoie une image négative et il n’essaie pas de les connaître encore moins de les comprendre. C’est pourquoi, la formation des enseignants sur la connaissance de ce que peuvent vivre les familles en grande pauvreté est importante pour lever les incompréhensions. Ils ne sont pas démissionnaires au contraire, ils affichent souvent une grande espérance envers l’école comme facteur de réussite. Mais, ils sentent qu’ils n’ont pas leur place. Pour eux, ils ont le sentiment que l’école les convoque mais ne les invite pas et ça ce n’est pas le cas pour des parents issus de classe moyenne et plus, qui eux ont le sentiment d’être invités."

 

Le rapport reprend une recommandation du rapport Corre : "le ministère de l’éducation nationale gagnerait à s’appuyer davantage et avec plus de force sur les dispositifs de « soutien à la parentalité » 37 (REEAP, CLAS…) qui semblent être un bon relais pour rapprocher les parents les plus éloignés et mieux les intégrer dans la communauté éducative".

 

 

Quelle place pour les parents à l'école ?

 

Après la remise du rapport, la ministre de l'éducation nationale a annoncé des mesures avant le 15 décembre, date d'autres décisions sur la relation parents école. "Il faut instruire les scenari avec les partenaires sociaux", a-t-elle dit, "et convenir d'une solution". L'application pourrait avoir lieu à la rentrée 2016 en utilisant un projet de loi déposé par M El Khomri, ministre du travail.

 

Mais construire la place des parents dans l'école c'est aller au-delà du statut. En réponse à une question du Café pédagogique, la ministre revient sur l'organisation des réunions dans les établissements, comme les conseils de classe, souvent fixées à des moments difficiles pour les parents. "Les textes existent mais il ne sont pas respectés", nous dit la ministre. "Lors de la réunion des recteurs en août je leur ai demandé de les faire respecter". N Vallaud-Belkacem n'exclue pas de renforcer ces textes.

 

"Depuis 2012, dans les liens parents école il y a des choses qui s'améliorent". La ministre rappelle la diffusion rapide des résultats des élections des délégués parents 2015, l'élargissement du dispositif "l'école ouverte aux parents" et de la "mallette des parents". "La co-éducation est en train de prendre forme. Ce texte sur les parents délégués en est une illustration".

 

Les associations de parents d'élèves sont plus critiques. Pour Liliana Moyano, présidente de la Fcpe, le rapport est "un début de travail pour aller vers une reconnaissance des activités des parents délégués". Dans les établissements, "la situation est inégale. Tant qu'il n'y a pas de statut ça ne s'améliorera pas", nous a-t-elle dit. Pour Valérie Marty, présidente de la Peep, "dans certains établissements des chefs d'établissement travaillent avec els parents. Il faut revoir la place du parent délégué de classe car aujourd'hui ile ne sait pas trop où elel est. Du coup on a de moins en moins de parents délégués".

 

Le rapport laisse donc au gouvernement deux questions à résoudre. Fixer le montant des indemnités et trouver l'argent, sachant que les entreprises ne veulent pas payer. S'attaquer vraiment à la question de l'ouverture de l'école aux parents et notamment aux parents pauvres. Une question d'une autre ampleur.

 

François Jarraud

 

Le rapport



23/11/2015
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