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Revue de presse : Article dans Le Point du 17/09/2015 : Raoult - La cantine est faite pour… nourrir les enfants

Les débats sur la cantine sont maintenant prisonniers de l'idéologie. C'est pourtant simple : il faut servir des repas que les élèves veulent bien manger !

 

 

Certains semblent même avoir oublié que la finalité des repas à la cantine est de nourrir les enfants, pas de les contraindre à adopter des mœurs alimentaires que nous croyons meilleures. Nous choquons beaucoup les Anglais, qui se moquent des choix de Marine Le Pen et de Nicolas Sarkozy par un « eat pork or get hungry » (mange du porc ou souffre de la faim). Le rôle de l'école, par contre, pourrait être de promouvoir de bons réflexes nutritionnels : moins de sucre, moins de sel. Et pour y parvenir, il faut servir des repas que les élèves veulent bien manger !

 

Évaluer entre possible et souhaitable

Mon père était médecin nutritionniste. Expert auprès de l'OMS, il fut chargé d'organiser l'alimentation des enfants algériens après l'indépendance de l'Algérie en 1963. Pour cela, il créa une école de diététiciens à Alger, et un réfectoire pilote pour les écoliers. On y testait les repas à servir dans les écoles en évaluant leur acceptation par les enfants. Les menus scolaires sélectionnés concernaient ensuite près d'un million de repas quotidiens. Le but du repas n'était pas une normalisation des mœurs alimentaires, mais une nourriture saine et mangeable. Certaines recettes parfaitement correctes du point de vue nutritionnel n'étaient pas appréciées, et n'étaient pas imposées au motif que la science savait ce qui était bon pour les enfants. Auparavant mon père, qui, en tant que médecin militaire, avait dirigé au Sénégal l'Institut de recherche en nutrition tropicale (Orana), nous emmenait, le dimanche, à Popenguine, un village témoin pour tester avec les villageois les évolutions alimentaires souhaitables sur le plan nutritionnel. Il s'agissait d'évaluer ce qui était possible parmi ce qui était souhaitable. Et ce, afin de ne pas proposer des choix inacceptables. Il est vrai qu'il était médecin, pas maire ou élu, et ne cherchait pas à convertir, mais à favoriser une alimentation saine. Autre temps, autres mœurs.

 

La religion avant la santé ?

On voudrait voir un peu de sagesse se glisser dans la réflexion sur les repas à l'école. Est-il raisonnable de proposer des repas que certains élèves ne pourront consommer du fait de leur religion, plutôt que de penser à leur santé ? Évitons de prendre les enfants en otage d'un combat qui n'est pas le leur. La cantine n'est faite que pour manger, pas pour apprendre la laïcité. Il faudrait se souvenir que l'éviction du porc est culturelle, antérieure aux religions du livre, qu'elle touche ou a touché des juifs, des musulmans, des chrétiens, des Gaulois (les Galates) et des Écossais. Elle n'est ni plus ni moins acceptable que de consommer du chien comme on le fait en Amérique précolombienne, en Asie et en Océanie ! Et personne ne pense imposer la consommation de chien à ceux qui la récusent !

 

 

Didier Raoult



21/10/2015
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