Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 13/05/2011 : Evaluation de CM2 : Elles auront lieu après l'affectation en CM2 nous précise Luc Chatel
"Nous avons besoin de disposer d'outils de repères incontestables à des moments clés de la scolarité obligatoire". Dans un entretien accordé au Café pédagogique, le 12 mai, Luc Chatel revient sur les modifications apportées à l'évaluation nationale de CM2. Il s'engage à ne pas lier ses résultats au passage en 6ème. Il maintient la nécessité d'échanges entre école et collège sur les résultats et entend que chaque enseignant de CM2 participe à l'évaluation nationale, ce que 97% d'entre eux auraient fait cette année. L'évaluation permettra d'améliorer les résultats "en réajustant notre politique de façon toujours plus fine et individualisée".
Vous venez de modifier l'évaluation de CM2 en la repoussant en fin d'année scolaire. Qu'est-ce qui justifie cette mesure ?
Si j'ai fait le choix d'évaluations-bilans nationales, en fin de CE1, de CM2 et bientôt de 5ème, c'est parce que nous avons besoin de disposer d'outils de repères incontestables à des moments clés de la scolarité obligatoire. Mais cela ne signifie pas qu'il faille renoncer à des évaluations diagnostiques en début d'année ; elles n'ont simplement pas vocation à être nationales et nous mettons à disposition les outils permettant aux maîtres de repérer les difficultés de leurs élèves pour leur permettre d'y remédier.
S'il s'agit de mesurer les performances de l'Ecole pourquoi ne pas se contenter d'un sondage ? Pourquoi obliger tous les écoliers à la passer ?
Ces évaluations-bilans répondent à un double objectif : pour l'encadrement, les directeurs, les inspecteurs, les recteurs, ils disposent ainsi d'un outil de pilotage précis ; pour les professeurs, ils peuvent ainsi mesurer les acquis de leurs élèves et analyser l'efficacité de leurs pratiques, ce qui ne serait pas possible avec un simple sondage.
Les parents et les syndicats craignent que cette évaluation individuelle serve à trier individuellement les élèves et de fait à rétablir une forme de sélection à l'entrée en 6ème. Les résultats à cette évaluation seront-ils utilisés pour le passage en sixième ? Quelles instructions donnerez-vous aux enseignants et aux inspections académiques sur ce point ?
Pour éviter qu'on ne les confonde avec un examen d'entrée en 6ème, elles auront lieu après l'affectation des élèves en classes de 6ème. Et elles seront au contraire une aide précieuse pour lutter contre l'échec scolaire puisque les élèves qui seront repérés comme étant en difficulté bénéficieront de l'aide personnalisée qui va être introduite en classe de 6ème.
Comment seront traitées les informations recueillies ? Les parents pourront-ils faire valoir leur droit à ce que cette information ne soit pas transmise hors de l'école de leur enfant ?
Les résultats des évaluations ont vocation à être communiqués et commentés par les professeurs aux familles. Elles sont confidentielles, restent au niveau de la classe, de l'école ou de l'établissement pour être exploitées pédagogiquement par les équipes, ce qui implique des échanges approfondis entre école et collège, dans la logique de l'école du socle. Les professeurs sont des responsables éducatifs, ils ont une déontologie et ne diffusent pas les informations qui leur sont confiées. Quant aux informations qui remontent vers les circonscriptions, les académies et le niveau national, ce sont des données anonymes, traitées globalement et de façon statistique.
Ces données seront-elles utilisées pour la gestion des écoles, soit pour leur affecter des moyens supplémentaires, soit pour lisser les moyens entre écoles ? Seront-elles publiées ?
Les résultats de ces évaluations sont destinés à renforcer le pilotage pédagogique. Les évaluations ne servent donc pas à l'allocation de moyens. Quant à ce que vous appelez la « gestion » des écoles, une relation automatique entre des moyens supplémentaires et des résultats n'aurait guère de sens. Les recteurs et les inspecteurs d'académie assurent avec équité la répartition des emplois. Là où se trouve la grande difficulté scolaire, l'Education nationale apporte des moyens complémentaires, par exemple dans les établissements CLAIR, désormais ECLAIR. Mais encore une fois, dissocions les moyens des résultats ! Des résultats performants, c'est d'abord le fruit de démarches pédagogiques concertées et adaptées, comme le soulignent les rapports de l'inspection générale.
Qui sera chargé de concevoir l'évaluation et d'exploiter ses résultats ? La Dgesco seule ? La Dgesco et la Depp ? Quelqu'un d'autre ? Avec quelle transparence ?
La conception de ces évaluations se fait de façon concertée entre la DGESCO, la DEPP et l'Inspection Générale conformément à la loi informatique et libertés. La DGESCO fixera, comme c'est son rôle, les attendus pédagogiques en conformité aux programmes et au socle commun de connaissances et de compétences. La DEPP établira le standard nécessaire en matière de fiabilité statistique et de comparabilité d'une année sur l'autre. Enfin l'inspection générale, comme elle le fait déjà, assurera l'expertise de l'ensemble du dispositif d'évaluation. Bien évidemment, des équipes pédagogiques d'inspecteurs et de professeurs élaboreront les épreuves. Ces données contribuent avec d'autres à évaluer la performance du système éducatif, précisément dans un souci de transparence.
Les évaluations ont donné lieu à de nombreux incidents gérés avec de grandes différences locales. Allez-vous donner des consignes de fermeté aux inspections académiques pour qu'elles poursuivent les enseignants qui évaluent d'une façon différente du process officiel ? Cette petite guérilla scolaire a-t-elle un sens ?
La passation de ces évaluations n'a pas posé de difficulté particulière, ni en 2010, ni en 2011 même si les medias ont pu mettre en exergue quelques épiphénomènes. Rappelons que cette année 97 % des résultats de l'évaluation CM2 sont remontés. Les évaluations nationales exhaustives constituent un instrument qui prend sa place dans l'ensemble des outils d'évaluation des élèves dont nous disposons. Les instructions à passer sont des consignes usuelles. Elles garantissent des conditions de réalisation de qualité et donc celle de l'évaluation. La passation des évaluations fait partie des obligations de service de tout enseignant dès lors qu'elles ont été décidées et qu'elles sont mises en oeuvre dans les académies. C'est une affaire de responsabilité éducative.
On a multiplié les évaluations en France ces dernières années et on va en ajouter une en 5ème. La France est-elle un pays où l'éducation est particulièrement bien évaluée ? D'ailleurs peut-on mesurer une action éducative ?
L'Éducation nationale, comme tous les services publics, entre peu à peu depuis quelques années dans une culture de l'évaluation. Les évaluations internationales dont PISA est sans doute la plus emblématique, nous ont donné des repères et nous ont encouragés à disposer d'outils de plus en plus précis. Il y aura désormais 3 évaluations-bilans en français et mathématiques, à 3 moments clés de la scolarité obligatoire : en fin de CE1, de CM2 et de 5ème. Je crois que cela contribuera à renforcer la qualité de l'évaluation de notre système éducatif et donc à améliorer les résultats de nos élèves en réajustant notre politique de façon toujours plus fine et individualisée.
Le ministère tire-t-il toujours les enseignements des évaluations nationales ou internationales ?
Je vous rappellerai à cet égard que j'ai donné une conférence de presse au moment de la publication de PISA. Certains médias m'ont d'ailleurs reproché alors de prendre des mesures qu'ils jugeaient trop en réaction par rapport aux résultats de PISA, comme mon plan sciences par exemple. Plus généralement, je remarque que chaque acteur du système éducatif est attentif aux évaluations et en tire des enseignements dans sa pratique. Mon rôle est de garantir une évaluation fiable pour rendre compte à la Nation des résultats de nos enfants.
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