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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 13/10/2011 : Un projet de fichage des écoliers de maternelle mobilise syndicats et parents

Le ministère a présenté aux inspecteurs un dispositif de "repérage des élèves présentant des risques pour les apprentissages" destiné aux enseignants de grande section de maternelle. Il prévoit le dépistage de façon froidement bureaucratique des enfants "à risque" et leur traitement par l'enseignant avant une évaluation finale. Ce document, qui rappelle le rapport de l'Inserm de 2005 et le rapport Benisti, fait l'unanimité des syndicats qui appellent déjà à son boycott.

 

Ce sont en fait deux documents qui ont été réalisés par le ministère. Le premier présente les phases du repérage et du traitement de "l'aide à l'évaluation" des enfants. Dès cette année, en novembre et décembre les enseignants devraient faire passer des "épreuves étalonnées" identiques portant sur le comportement à l'école, le langage, la motricité et la conscience phonologique. Ces tests ont été réalisés par le laboratoire cognisciences de l'université de Grenoble. La seconde phase serait celle des "entraînements" où les élèves jugés "à risque" ou "à haut risque" seraient regroupés de façon homogène durant les heures d'aide personnalisée, de façon quotidienne, selon "une ritualisation forte". La dernière phase serait celle des évaluations des acquis entre mai et juin. Elle porterait aussi bien sur la compréhension de consignes que sur la compréhension de texte lu, la connaissance des nombres ou le "devenir élève".

 

Le second document est le guide destiné aux enseignants comportant l'outil de repérage appelé "Matris GS". Inspiré d'un outil médical, le BSEDS 3, il transforme les enseignants en apprentis médecins en leur demandant de remplir des grilles d'observation du comportement de l'élève, de sa motricité et de sa conscience phonologique. On aboutit ainsi à une fiche élève qui permet de statuer si l'élève est "à risque" ou "à haut risque". La période "d'entraînement" où l'enseignant est sensé aider l'élève n'est pas documentée. Le document revient sur l'évaluation finale avec des fiches précises sur le langage, la compréhension et le devenir élève. On évalue par exemple si l'élève est "courtois", s'il ne monopolise pas la parole, s'il respecte l'intégrité des personnes ou des biens, s'il utilise "les formules habituelles de politesse".

 

Ce document n'a qu'une apparence scientifique puisque le dépistage médical est proposé à des enseignants. C'est d'autant plus regrettable qu'il aboutit à une classification d'enfants de 5 ans entre "à risque" et "à haut risque", avec toutes les conséquences sociales que l'on peut imaginer d'une telle qualification. C'est aggravé par le dispositif dit d'entraînement qui invite clairement à regrouper les enfants "à risque" de façon "rituelle" de façon quotidienne : on peut craindre une forte stigmatisation et des tentatives de formatage des enfants. Enfin l'importance accordée aux comportements, dont on sait bien à quel point ils peuvent varier, dans les observations, l'appel à des critères aussi  flous que la courtoisie, montre que l'on s'éloigne du domaine scolaire.

 

Les syndicats montent au créneau. Le dispositif recueille une opposition assez universelle. Les parents de la Fcpe estiment qu'il s'agit "d'un dispositif de normalisation des enfants de 5 ans" et exigent "le retrait immédiat" de ce "projet honteux". Le Sgen Cfdt le juge "absurde, contre productif et un peu effrayant". "Le ministère s'apprêterait à enfermer tous les petits français de 5-6 ans dans des catégories dont tous les adultes de bon sens savent qu'elles ne peuvent avoir que des effets ravageurs sur la motivation et la capacité de grandir et d'apprendre". Le Sgen demande l'abandon du projet. Le Snuipp demande aux enseignants de boycotter ce dispositif. Pour le syndicat, "la maternelle n'est pas une école de la compétition". Le Se-Unsa évoque "une conception erronée des apprentissages" avec des épreuves "inadaptées". "Ce programme nie les compétences des enseignants de maternelle qui savent reconnaître les élèves rencontrant des difficultés en les évaluant dans des activités signifiantes au moment opportun". Le Se-Unsa appelle à signer une pétition contre ce projet.

 

Venant après l'épisode des rapports Inserm et Bénisti, il est surprenant que l'éducation nationale se soit lancée dans un projet aussi peu raisonnable. Pour le moment le ministère ne fait pas de commentaires sur cette affaire. Un comportement à classer "à risque" ?

 

Le document ministériel

 

L'avis de la fcpe

 

Communiqué Snuipp

 

Communiqué Se Unsa

 

La pétition



14/10/2011
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