ALPE74140

Je côtoie une école dont les murs s’effritent. C’est rien ces petites dégradations mais au jour le jour c’est comme une décomposition au ralenti. Les vacances passent et à la rentrée on se dit que peut être on aura dans le nez une odeur de peinture fraîche dérangeante pour les narines, réconfortante. Et puis non ce sont des ordinateurs qui arrivent. On est content bien sûr, du matériel neuf pour utiliser mieux les Tice, trouver de nouvelles idées pour faire évoluer ses pratiques. Tout de même c’est un peu étrange toute cette modernité entourée de murs défraichis.

Je côtoie une école où à l’impossible nous sommes tenus. Prôner une certaine moralité quand les plus démunis se voient ôter la possibilité de déjeuner à la cantine. Prévenir le décrochage scolaire dans une classe où l’effectif dissout le temps et l’attention à accorder à chacun. Parler d’orientation alors que les options se réduisent.

Le constat est partagé, le rapport de l’OCDE est là pour nous le rappeler. L’école est à l’abandon. « L'investissement dans l'éducation n'est pas seulement une question d'argent, c'est aussi un investissement dans les personnes et un investissement dans l'avenir » nous dit Angel Gurría, secrétaire général de l’OCDE. L’affirmation parait d’évidence pourtant elle remporte peu d’écho dans la politique éducative.

Est-ce une question de moyens ? Pas seulement. Il s’agit aussi d’une vision et d’une visée : l’époque est à la morosité, à la créativité aussi. L’école s’invente encore pour peu qu’on laisse les idées jaillir, se concrétiser, pour peu que le carcan d’une institution figée se relâche, pour peu que la politique quitte la rive budgétaire pour un véritable projet de société.

L’école, on l’aimerait en travaux pour la consolider, la reconstruire. Ce n’est pas une question de murs, non. C’est une histoire de valeurs et d’avenir.

Monique Royer