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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 17/01/2011 : Former des enseignants : Une approche comparatiste

De nombreux travaux ont mis en évidence "l'effet enseignant", par exemple récemment ceux de D. Wiliam et de Barber et Moushad au Royaume-Uni. Voilà une bonne raison d'observer la façon dont les enseignants sont formés dans le monde. Une autre est évidemment en rapport avec la crise de leur formation en France. Alain Boissinot, qui coordonne ce numéro de la Revue internationale d'éducation de Sèvres, l'atteste : "au moment où la France entreprend un réagencement en profondeur de son système de formation des maîtres, il paraît opportun d'élargir le champ du débat et d'étudier la façon dont des pays de tradition différente s'organisent en ce domaine". Si critique il y a sur le modèle français il faudra donc aller le lire entre les lignes au gré des articles consacrés, chacun à un pays différent : Québec, Etats-Unis, Argentine, Royaume-Uni, Suède, Grèce, Corée du Sud.

 

Partout la formation associe formation universitaire et acquisition de compétences professionnelles définies dans un cahier des charges.

Ainsi le Québec est passé d'une formation disciplinaire à une formation professionnelle, comme le montre Yves Lenoir. Aux Etats-Unis, on ne conçoit de formation des futurs enseignants que "pratique". A New York, d'après A Lin Goodwin, la certification initiale nécessite un master, trois ans d'enseignement ; elle est suivie de 175 h de formation tous les 5 ans sur les objectifs du district scolaire. En Angleterre aussi on assiste à un renouveau de la professionnalisation, selon O Mc Namara. En France, comme le montre E Fraisse, la mise à mort des IUFM a amené une certification à double détente : la délivrance d'un grade universitaire et un concours établi par l'employeur. Mais comme le souligne E Fraisse, "le nouvel équilibre entre l'Etat employeur et les universités est loin d'être établi". E Fraisse termine sur une note d'espoir : les universités devraient devenir capables de sensibiliser les étudiants aux approches didactiques. Le récent glissement de l'épreuve "agir en fonctionnaire" vers des déclinaisons disciplinaires est à ce titre inquiétant ou positif ?

 

Finalement de cette comparaison internationale se dégagent trois forces qui viennent moduler un modèle de formation qui semble s'universaliser.

La première c'est la privatisation de la formation des maîtres que l'on voit en oeuvre dans plusieurs pays.

La seconde c'est le poids de l'économie de l'Ecole. Dans de nombreux cas les districts scolaires ont du mal à recruter du fait de l'écart entre qualification et salaire. On le voit en Suède où certaines années le nombre de candidats est à peu près équivalent à celui des reçus, une évolution qu'on voit se profiler en France. A cela s'ajoute la montée des inégalités et les difficultés pour trouver des enseignants pour les ghettos urbains dans certains pays. On le voit aux Etats-Unis où sont mis des dispositifs dérogatoires pour former en quelques semaines des étudiants pour aller enseigner dans les quartiers sensibles. En Angleterre, la question est abordée avec des "menottes d'or" pour attirer les étudiants vers les quartiers. Le risque est réel d'une sous qualification des enseignants là où la formation devrait être la meilleure. Sur ce plan, la France aborde cette question avec peut-être une large hypocrisie.

 

Enfin la troisième force ce sont les TICE.

L'article le plus décalé de ce numéro c'est celui sur la formation des enseignants en Corée du Sud. Voilà un pays où on reconnait "l'importance des TICE comme modèle fondamental pour définir les contours de l'éducation de demain". Non seulement la formation des enseignants et des cadres est massive mais elle évolue rapidement en réagissant aux évolutions des TICE. "La formation a du répondre aux changements rapides qui sont intervenus dans l'environnement éducatif pour suivre le mouvement de l'époque", écrivent K Kim, J Park et C Song. "Le projet web 2.0 qui incarne l'esprit de participation, de partage et d'ouverture a entrainé des changements radicaux dans la société et il a nécessairement conduit à mettre en place des réformes innovantes du modèle de l'enseignement". On a là un modèle qui ne cherche pas à remplir son cahier des charges de la formation à la lueur de la tradition mais à celle des pratiques culturelles de la société d'aujourd'hui et de demain. Puisque la formation des enseignants est devenue un investissement vital pour nos sociétés, c'est peut-être aussi à cela qu'est du le basculement du monde ?

 

Dossier Former des enseignants, Revue internationale d'éducation de Sèvres, n°55, décembre 2010.

 

François Jarraud

 

Le sommaire de ce numéro

 



17/01/2011
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