Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 22/09/2011 : Sport scolaire : partout et pour tous ?
A l'occasion de la seconde Journée du Sport Scolaire, mercredi 21 septembre 2011, Luc Chatel a visité les ateliers sportifs organisés à la Cité scolaire Paul Valéry (Paris 12ème), qu'animaient de prestigieux animateurs, choisis parmi les jeunes champions du sport actuel, avant de rendre publiques les 8 propositions formulées par les ambassadeurs du sport scolaire, remis par la sprinteuse Muriel Hurtis. Points forts des résultats de la réflexion des athlètes : valoriser les bienfaits du sport en termes de santé publique, ouvrir le sport scolaire aux acteurs extérieurs, mieux adapter l'offre aux attentes des élèves et reconnaître davantage leur engagement dans les associations sportives, par une mention sur le livret scolaire. Le ministre a également annoncé l'ouverture de « valence sportive » dans certaines filières de bac pro. Un programme ambitieux pour le sport à l'école, mais dont la mise en œuvre restera forcément limitée.
Luc Chatel est résolument convaincu des bienfaits du sport, du point de vue physique mais aussi pour les valeurs morales qu'il véhicule. Muriel Hurtis, ambassadrice de l'UNSS (avec N. Karabatic) a rappelé ces valeurs : fair-play et respect, de l'autre, des règles et de soi. Les qualités et les valeurs du sport, a affirmé Luc Chatel, convergent avec celles de l'école : toutes se rejoignent en un même projet de vie, une éthique. Parmi les champions présents à ses côtés, a-t-il souligné, beaucoup ont été révélés par le sport scolaire. Il faut aller plus loin et donner une plus grande place au sport à l'école.
Premier élément déterminant : l'ouverture de l'école aux partenaires extérieurs et la reconnaissance institutionnelle de l'engagement des acteurs dans les associations sportives. Grâce à un tissu associatif exceptionnel, l'Éducation nationale dispose d'un vivier considérable, en qualité et en diversité, avec l'USEP (Union sportive de l'enseignement du premier degré) et l'UNSS (Union nationale du sport scolaire) entre autres. Le ministre a rappelé que l'inscription annuelle à l'UNSS, troisième fédération sportive de France qui regroupe un million de licenciés, revient à 17€ par enfant pour accéder à de multiples activités.
Point d'étape de l'action entreprise depuis un an en direction du sport scolaire : la fréquentation, tout d'abord, est en hausse, annonce le ministre, tandis que les grandes fédérations connaissent des difficultés de recrutement, l'UNSS compte 10 000 adhérents supplémentaires. La diversification de l'offre, en particulier à destination des filles (une convention doit être signée avec la Fédération de football féminin), les élèves en situation de handicap (qui peuvent y trouver un très bon moyen d'intégration, comme le montre un atelier de basket en fauteuil présenté lors de cette visite), et à l'égard des sports nouveaux et moins connus.
Le partage des valeurs positives, ensuite : 100 000 élèves auront été formés au programme « jeunes officiels » qui permet de découvrir l'arbitrage. D'autre part, 32% des associations sportives lycéennes ont désormais des élèves pour vice-présidents, aux côtés des proviseurs, à l'incitation du ministère – qui a abaissé l'âge de la majorité sportive à 16 ans pour permettre aux adolescents qui le souhaitent de créer leur propre association. Enfin, l'apparition d'une mention sur le livret scolaire pour valoriser les jeunes les plus investis devraient améliorer la reconnaissance de leur engagement.
Le dispositif « classe le matin, sport l'après-midi » expérimenté depuis un an dans 120 collèges et lycées auprès de plus de 7 500 élèves a donné toute satisfaction, annonce le ministre : élèves plus motivés, plus assidus, plus respectueux du cadre de vie et de leurs camarades. Les apports scolaires s'en trouveraient grandement améliorés. Un bienfait qui justifie le doublement de l'expérimentation cette année, soit 212 établissements pour près de 15 000 élèves et 796 intervenants dont la moitié de professeurs en 2011-2012. Le projet disposera d'un volet particulièrement ciblés sur les internats, ainsi que ceux proposant un enseignement d'exploration ou un de complément en EPS. L'engagement des établissements s'étendra sur deux ans, sur la base du volontariat de l'équipe éducative.
Le ministre a rappelé son attachement à promouvoir le sport aussi dans les internats d'excellence, ouverts à de très bons élèves issus de milieux défavorisés. Il a souligné également l'intérêt du sport pour la réinsertion d'élèves en rupture avec le système scolaire, voire les règles sociales, en préalable à une réinsertion réussie.
Dernier point de cette intervention, Luc Chatel a évoqué la professionnalisation du sport à différents niveaux, indépendamment de la compétition, dans de nombreux métiers annexes dont le développement va croissant (secteurs de l'animation, de la vente, du sanitaire et social, etc.) Il propose l'introduction, à titre expérimental, de « valences » en sport dans les filières bac pro en vue de combler une actuelle lacune.
Expérimentations, donc, plutôt que généralisation des projets pour le sport scolaire : on peut en effet se demander comment faire autrement, alors que le manque d'équipements sportifs dans les établissements et les collectivités locales ne peut guère être compensé, à l'heure des restrictions budgétaires tous azimuts, par des investissements significatifs, et que la diminution du nombre d'enseignants d'EPS, même compensée par l'appel aux professionnels extérieurs, pose plus que jamais le problème de la difficile gestion des groupes. On pourra aussi s'interroger sur le devenir de l'éducation physique en primaire et en maternelle, où son importance cruciale est unanimement reconnue, tandis que les effectifs de classes gonflent dans des locaux qui ne sont pas extensibles et ne s'y prêtent pas. Si le sport possède les vertus apaisantes et édifiantes que le ministre décrit, on ne peut qu'en souhaiter la pratique élargie partout et pour tous ; mais si la reconduction des expériences particulières dissimule l'impossibilité matérielle de réaliser ce grand projet, il vaudrait peut-être mieux évaluer la situation dans ses données réelles pour réussir une vraie valorisation du sport à l'école.
Par Jeanne-Claire Fumet
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