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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 23/02/2012 : Carte scolaire : Françoise Cartron promet un rapport en mai

A l'occasion de l'ouverture de son blog, Françoise Cartron, sénatrice et rapporteur de la Mission d'information sur la carte scolaire du Sénat, fait le point sur son calendrier et ses objectifs.

 

Pour la première fois la question de la carte scolaire arrive en politique. La Mission d'information sur la carte scolaire du Sénat, pilotée par son rapporteur, Françoise Cartron, sénatrice socialiste de Gironde, ouvre un blog qui permettra de recueillir les témoignages et les remarques des acteurs et observateurs du système éducatif. C'est l'occasion pour faire le point avec F. Cartron sur cette question qui a aussi alimenté le débat dans les colonnes du Café.

 

Quel est le calendrier de cette mission ?

Cette mesure phare de la mandature Sarkozy n'a jamais été évaluée. Officiellement, au ministère on me dit qu'il n'y a pas de bilan de l'assouplissement de la carte scolaire. Nous avons déjà réalisé plusieurs auditions de chercheurs et nous allons les poursuivre jusqu'à la fin mars. Nous entendrons également les représentants des parents, des élus locaux. Nous remettrons un rapport à la mi-mai. Ce sera un vrai bilan. On va enfin percevoir la réalité de cette politique.

 

N. Sarkozy avait présenté cette réforme comme une mesure sociale favorable aux boursiers et aux élèves travailleurs. Partagez-vous cet avis ?

Elle a été effectivement vendue comme une mesure donnant sa chance à des élèves méritants. Ce discours me heurte. Parce qu'il veut dire que sur le territoire français il y a des établissements de qualité différente, y compris ceux d'où on exfiltrerait certains élèves. C'est un message extrêmement négatif qui est envoyé aux familles. L'offre éducative varierait selon les lieux. En fait ca renvoie à la question des sorties sans qualification. Dans cette affaire les boursiers sont un leurre. Ils ne concernent que 4% des demandes de dérogation.

 

C'est un sujet qui jusque là n'a pas été abordé par les politiques. Pourquoi ?

C'est vrai. Pourtant les effets je les constate moi-même. Dans ma circonscription, un lycée général a perdu 300 élèves en 4 ans sans raison autre que la rumeur. Il a perdu ses meilleurs élèves. Avec cette annonce d'assouplissement et ce message passé que certains établissements sont meilleurs que d'autres, les parents font partir leurs enfants. Mon lycée vit maintenant avec la double peine. Il a perdu les meilleurs élèves. Et, même si Darcos avait promis que les établissements garderaient leurs moyens, c'est faux. Ils sont victimes de la rumeur et de perte de postes. Où est la politique ambitieuse et égalitaire de l'Education nationale ?

 

La question fait débat aussi chez les chercheurs que vous avez auditionnés ?

En fait ça dépend comment on regarde les choses. Au niveau national il y a un lissage des effets. Sur le terrain il y a un vrai effet ségrégatif. Dans les quartiers on ajoute à la ségrégation sociale la ségrégation scolaire. Un chercheur, M Oberti, par exemple, a montré qu'en Seine Saint-Denis les collèges publics n'accueillent pratiquement plus que des enfants issus de l'immigration et de catégories défavorisées. Ces enfants ne croiseront jamais de leur vie scolaire un enfant d'une catégorie sociale moyenne ou favorisée. C'est dramatique pour l'équilibre de la République. Une autre étude montre qu'en Hauts-de-Seine, les collèges privés n'accueillent que des enfants des catégories supérieures et très supérieures. Où est la mixité sociale ? Cette question a des retentissements dans toute la société.

 

Propos recueillis par François Jarraud


Le blog de la Mission



23/02/2012
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