Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 24/06/2015 : Primaire : Quand la Depp marie les "deux fois plus" avec la crise du recrutement
Deux fois plus de recrutement ne veut pas dire assez de recrutement. Venant après un communiqué enthousiaste de la ministre, la publication par le Depp (direction des études du ministère) d'une note sur le recrutement des professeurs des écoles est à lire avec la tête froide. La hausse du nombre de candidats en 2014 ne signifie pas la fin de la crise du recrutement.
Une vraie hausse des candidats
"Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, se félicite des premiers résultats d’admissibilité aux concours d’enseignants, qui confirment l’amélioration du recrutement". Publié le 4 juin alors que les données d'admissibilité montraient la persistance du déficit d'enseignants en 2015, le communiqué enthousiaste du ministère incite à la prudence dans la lecture des documents ministériels. Mais tout est dans la Note de la Depp sur le recrutement 2014 publiée le 23 juin qu'il suffit de lire avec précaution, au delà du titre qui affirme "deux fois plus de recrutements externes en 2014".
En 2014, 52 163 candidats se sont présentés aux concours externes de professeur des écoles. Un nombre impressionnant, à comparer aux 20 436 présents de 2013, qui donne à penser que la crise du recrutement au primaire est passée.
A relativiser
Mais le Depp elle-même dégonfle la bonne nouvelle. En 2014 il y a deux concours, le "normal" et le concours exceptionnel avec deux fois plus de postes proposés. Comme les deux concours sont décalés dans le temps un gros tiers des candidats s'inscrivent aux deux concours ce qui ramène le nombre de candidats présents à 44 000 personnes différentes.
Ca ne serait pas si mal si ce concours n'avait encore d'autres caractéristiques. En 2014 peuvent se présenter aux concours à la fois les titulaires du M1 et ceux du M2, soit deux générations d'étudiants sur une seule année.
Mais ce qui compte c'est quand même le résultat final. Au final il n'y a que 16 043 admis pour 16 842 postes. 800 postes ne sont pas pourvus. En 2013 seulement 200 postes n'avaient pas trouvé preneur. Seulement 8 académies ont fait le plein de nouveaux enseignants (Nantes, Nice, Poitiers, Rennes et les DOM). Ailleurs le déficit persiste. Il peut atteindre 10% comme à Créteil ou à Limoges.
En 2015 le soufflé se dégonfle
En 2015, le taux d'admissibles repasse de 3,05 en 2014 à 1,59. Il était de plus de deux dans la première décennie du siècle. Au final, d'année en année l'écart entre les postes offerts et le nombre de nouveaux enseignants se creuse. Certes l'augmentation du nombre de postes mis aux concours a un écho chez les candidats potentiels. Mais on n'assiste pas au retournement que le ministère espérait.
Malgré la crise de l'emploi, le métier d'enseignant reste peu attractif. Il y a à cela des raisons profondes qui tiennent à l'élévation du niveau demandé par rapport au niveau de salaire offert et aussi aux conditions réelles d'exercice d'un métier qui croule sous la paperasserie et reste sans possibilité de mouvement de carrière et à beaucoup d'endroits de mutation géographique.
François Jarraud
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