Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 26/01/2012 : Rased : A quoi ça sert ?
Quel avenir pour une variable d'ajustement ? Parce que c'est, on le voit maintenant clairement, ce que sont devenus depuis plusieurs années les Rased. Déjà attaqués sous Darcos, réduits d'année en année, ils sont les premières victimes des suppressions de postes à la rentrée 2012. Tout se passe comme si les Rased étaient inutiles. Est-ce le cas ?
Les enseignants des Rased apportent une aide spécialisée à des élèves qui rencontrent des difficultés scolaires durables, liées à des difficultés d'apprentissage ou d'adaptation aux attentes scolaires. Ce sont les maîtres "E" ou "G", éducateurs spécialisés, qui interviennent quand l'enseignant est désarmé.
L'aide individualisée peut-elle remplacer les Rased ? Son efficacité n'a jamais été évaluée. L'organisation de ce nouveau dispositif, généralement 30 minutes sur les heures de repas fait déjà douter de son sérieux. Mais si l'aide individualisée concerne des élèves qui ont des difficultés scolaires classiques, les Rased s'adressent à des enfants qui nécessitent l'intervention d'enseignants spécialisés du fait de leurs troubles. Leur terrain d'action c'est cette grande difficulté scolaire pour laquelle ils ont été formés. L'argument utilisé par L Chatel le 20 janvier pour justifier la suppression des Rased ("L'institution de l'aide personnalisée permet désormais aux enseignants affectés dans les classes de traiter eux-mêmes, en prolongement de la classe, un certain nombre de difficultés d'apprentissage qu'ils ne pouvaient auparavant prendre en charge de manière suffisamment efficace") semble peu sérieux. Les enseignants ne sont pas formés.
Quelle efficacité ? Pourtant l'efficacité des Rased a été évaluée par le professeur Jean-Jacques Guillarmé (université Paris Descartes). Il écrivait "20% des élèves ayant suivi 30 heures d’aide personnalisée font effectivement des progrès dans les acquisitions scolaires, exclusivement. Par conséquent, l’aide personnalisée n’est pas adaptée aux autres élèves qui en ont bénéficié (80%)". Par contre, "70 % des élèves ayant suivi 30 heures d’aide rééducative font effectivement des progrès, et ce non seulement dans les acquisitions scolaires (65%) mais également dans le domaine des compétences cognitives (développement des capacités à penser, mémoriser, raisonner, apprendre) : 68% ; des compétences sociales (capacités à communiquer, à développer des interactions avec les autres, à assumer les conséquences de ses actes) : + de 70% ; des compétences relationnelles (acceptation de l’autorité et des règles, bonne estime de soi) : 60%".
C'est ce qui fait de la question des Rased une question politique. La survie des Rased est étroitement liée à l'idée de l'éducabilité de tous, à celle du travail en réseau entre enseignants spécialisés ou pas, évidemment à l'idée de solidarité. Supprimer les Rased c'est faire des économies sur les plus fragiles et les plus faibles, "irrécupérables", pour maintenir un système élitiste. C'est choisir le gamin sans problème et laisser tomber l'autre. Ce n'est certainement pas cette Ecole que nous voulons. Mais puisque le gouvernement ne semble voir que les économies réalisées, on peut aussi gager que la suppression des postes de Rased soit une très mauvaise affaire à long terme pour la société. Mais évidemment bien après mai 2012...
François Jarraud
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