Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 27/08/2012 : Feuilleton de l'été - « Mais oui ! Les Suédois … ne jurent que par l’égalité. »
Fifi Brindacier, la rebelle héroïne nationale, a largement installé son style et l’on continue à narrer ou chanter ses exploits dans les cours de récréation. L’incroyable dureté du combat pour l’égalité homme/femme en Suède n’est pas un mythe… ce sont les hommes qui le disent ! Les sujets de discorde retenus sont nombreux : paroles de chanson, publicités, salaires… Issus de cette vision, beaucoup de politiques publiques s’attachent à garantir une équité rigoureuse et des droits (presque) identiques.
Alors que les trottoirs de la ville se parent de pavés spéciaux pour les deux roues ou poussettes, grâce à l’égalité du traitement père/mère à la suite à la naissance d’un enfant, ce sont souvent ces premiers que l’on trouve au volant !
Plus qu’une attention à la question du genre, l’égalité en Suède s’élève à hauteur de valeur profonde. « Si tu réussis quelque chose, ce n’est pas toi mais ton équipe que tu dois mettre en avant », m’explique-t-on, « de même, tes enfants doivent réussir à l’école, mais pas trop… Tu dois être bien habillé, mais pas trop ! ». Dans ce pays sorti vainqueur du dernier concours de l’Eurovision (suivi ici presque sérieusement) on aime les victoires collectives. Même les tournois de football souhaiteraient que chaque équipe puisse gagner au moins une fois au cours du jeu !
Lors du rendez-vous dominical du match de foot, on peut d’ailleurs constater que les filles ne sont pas les seules à devoir s’attacher les cheveux. En Suède, la mode est clairement aux cheveux longs pour tous… ce qui rend difficile l’identification du genre de certains enfants ! La tendance actuelle est, de plus, à la lutte pour pouvoir nommer son enfant avec un prénom asexué, afin de l’éloigner au maximum de préjugés sexistes au cours de son développement. Ainsi, après le combat pour l’égalité, la Suède prend-t-elle le chemin de la neutralité ?
Quelques écoles mettent en avant l’absence de comportement « marqué » à l’égard des enfants en fonction de leur sexe : poupées neutres, jeux traditionnellement réservés aux filles proposés à tous… Dans la lignée, les plus fervents défenseurs de cette neutralité recommandent l’emploi du pronom personnel « hen », équivalent neutre de « lui » ou « elle ».
La radicalité de ce comportement ne touche évidemment pas toute la population. De plus, les détracteurs mettent en avant le fait qu’insister à ce point sur une neutralité fabriquée risque d’avoir l’effet inverse à cause de la curiosité engendrée par ce comportement extrême. Néanmoins, le « Global Gender Gap Report » classe la Suède dans le peloton de tête des pays en matière d’égalité des sexes sur les plans économiques, politiques, éducatif et de santé. Par exemple, si les femmes obtiennent statistiquement près des deux tiers des diplômes de second cycle, la parité est absolument respectée pour ce qui concerne le troisième cycle.
L’ « Ombudsman », équivalent de notre « Médiateur de la République » ou « Défenseur des droits », est un concept d’origine suédoise qui s’est étendu au monde. En 2009, le parlement suédois décide de rassembler au sein des fonctions d’un seul ombudsman toutes les questions liées aux discriminations, au lieu de les classer par type. Le signe est clair : toutes les discriminations sont à bannir au même titre, la parité hommes-femmes étant un idéal tout à fait atteignable. La bataille de l’égalité ne semble pourtant pas encore tout à fait achevée car le salaire moyen des femmes reste inférieur au salaire des hommes…
Eva Ruaut
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