Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 28/03/2011 : De l'école numérique à la cité digitale
La journée e-education bordelaise était aussi une rencontre entre les acteurs de l’école numérique : représentants des villes, inspection académique et enseignants. Les parents manquaient à l’appel, une présence en creux signe de décalage pour un univers qui s’ouvre sur le numérique mais peine à le faire dans le monde réel.
Ce que peut être l’école numérique
Pour Philippe Bonsignore, chargé de mission Tice à l’inspection académique, l’entrée du numérique dans la classe ne doit pas être une rupture mais s’intégrer dans la pratique de l’enseignant, lui permettre de faire les activités en classe qu’il faisait déjà mais différemment.
L’après midi de la journée e-education a ouvert la scène aux initiatives des enseignants, une démonstration par la pratique de ce que peut être l’école numérique. A priori, l’exercice de présentation n’est pas aisé devant un parterre d’élus et des collègues, sans élèves et dans un temps limité. L’intérêt est ici d’offrir un écho concret aux échanges matinaux entre politiques. Puisque nous sommes à Bordeaux, le Tni avait la part belle mais d’autres outils étaient présentés car l’école numérique ne saurait se limiter à un tableau.
Nous l’avions rencontrée dans son école, Juliette, professeure à l’Ecole Dupaty raconte comment elle utilise le Tni pour favoriser la différenciation dans son CP. Elle explique, stylet à l’appui, sa prise en main de l’outil, les améliorations qu’elle a pu apporter dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. A la place d’un texte écrit patiemment à la main par l'enseignante, les élèves lisent sur le tableau, un texte scanné semblable à celui proposé par leur fichier y compris dans sa mise en forme. Juliette peut entourer les mots difficiles, les élèves sont amenés à venir eux aussi entourer, souligner avec le stylet. S’ils se trompent, on peut revenir en arrière. Si la fin de la journée s’annonce, le travail est enregistré pour être repris le lendemain.
Jean-Pierre Labiano apprécie l’usage du Tni pour l’enseignement des mathématiques. La modélisation en 3D favorise la compréhension de la géométrie dynamique et les outils de tracés faciles à manier rendent les exercices plus attractifs. L’enregistrement des actions réalisées par l’élève permet de revenir en arrière et de comprendre où est l’erreur s’il s’est trompé.
Olivier Robenne, enseignant à Mérignac travaille avec le TNI autour de l’écrit en cours moyen. L’outil lui a permis de renforcer, de réaffirmer la place de l’écrit dans ses pratiques de classe. Pourtant, dit-il, c’est là que les réticences s’expriment le plus fortement parmi les enseignants, dans la certitude que le TNI va amener encore plus de multimédia dans la vie quotidienne des élèves déjà saturée d'images. Pour Olivier, le tableau numérique va révolutionner le rapport à l’écrit mais ne va pas le faire disparaitre.
Des enseignantes du Perreux sur Marne utilisent des I pod dans leur cours d’anglais, un écho aux enseignantes de l’école Schweitzer pour qui le Tni a favorisé une rénovation approfondie de leur approche des langues vivantes en classe.
Les élèves de l’école innovante de Chateaudun témoignent par vidéo interposée de l’intérêt du numérique et en particulier de l’ent : revoir les exercices, relire les cours, travailler en autonomie. Une mère raconte ce qu’apporte l’école numérique à des parents séparés. Même éloignés, ils peuvent suivre l’un et l’autre la scolarité de leur fils en consultant le cahier de texte et les travaux mis en ligne.
M. Santos nous livre la version portugaise de l’école numérique, une version généralisée et pionnière : le Tni équipe toutes les classes et les réseaux sociaux y sont les bienvenus. Il constate que la collaboration est un moyen d’apprendre plus vite pour les élèves mais aussi pour les enseignants qui partagent dans une communauté de pratiques.
Ce que pourrait être la cité digitale
Tous ces témoignages illustrent ce que pourrait être l’école numérique : un lieu d’apprentissage où les outils favorisent une acquisition des savoirs académiques tout en favorisant le développement de l’autonomie par un renforcement des aspects collaboratifs. Un observatoire des usages du TNI a été mis en place en Gironde pour rendre compte des usages, une capitalisation des expériences menée avec des enseignants. Il offrira un panorama de la façon dont on s’empare de l’outil dans l’école, dans la classe devrais-je écrire.
Car les potentialités d’ouverture sur la cité sont peu évoquées dans un jeu d’acteurs où chacun veille à ne pas brusquer le mouvement en allant se promener dans le champ de compétences de l’autre. La pédagogie dans la classe, les programmes au rectorat, et les moyens à la mairie, on sent bien que les frontières et les cantonnements deviennent artificiels.
Les politiques numériques des villes ont des visées qui dépassent les murs de l’école. Les investissements consentis réclament en retour une intégration affirmée dans la politique globale éducative, sociale, économique et même territoriale. Michel Duchene, adjoint en charge du numérique à Bordeaux, place la cité digitale dans une reconquête de la ville par ses habitants, une appropriation des lieux et de l’histoire par une communication intelligente à base de QR codes par exemple. Il la place aussi dans une perspective économique, celle de créer un environnement numérique propice à l’accueil et au développement d’activités liées au secteur des nouvelles technologies.
Les promesses de la cité digitale sont aussi celles de possibilités d’apprentissage hors de l’école qu’il faut apprivoiser et relier aux apprentissages formels. Maitriser les outils, acquérir des méthodes qui favorisent les passerelles entre les acquisitions formelles et informelles revêt alors une importance toute particulière. La vision d’une école fermée ne saurait tenir longtemps sous peine de la déconnecter des réalités de la cité.
Alors, comment relier les territoires des uns et des autres, mettre en musique les champs de compétences ? La stratégie de partenariats, de petits pas sur la pointe des pieds ne suffira sans doute pas. L’école numérique mérite un débat de fond auquel tous les acteurs, y compris les parents, doivent être associés. La réflexion ne devra pas oublier les territoires vierges de numériques, ni cités digitales, ni écoles numériques rurales au risque d’accroitre la fracture territoriale.
Monique Royer
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