Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 31/08/2012 : Association des Régions de France : Vers une « co-construction » des politiques éducatives ?
Allongement de l’année scolaire, orientation, numérique… François Bonneau, Président de la Région Centre, vice-Président de l'Association des Régions de France, tenait jeudi 30 août la conférence de presse de rentrée de l'ARF. Pour lui, la rentrée 2012 constitue un moment de rupture par rapport à une époque marquée par « l'ignorance, voire le mépris des collectivités territoriales » de la part de l'État. Désormais, le temps est venu de la « co-construction » des politiques éducatives entre l'État et les régions. Avec un budget de 5,3 milliards d'investissement pour les lycées, de 4,7 milliards pour l'apprentissage, les Régions peuvent prétendre à la reconnaissance de leur part de responsabilité dans les décisions, remarque-t-il. Si les prérogatives de l'État en termes de recrutement, de contenus d'enseignement, de diplômes n'ont pas à être mises en cause, rien ne pourrait se faire si les Régions n'avaient d'autre apport que des compétences matérielles de construction de locaux. Avec la présence d'un représentant des collectivités en tant que tel à la concertation sur la refondation de l'école, c'est un pas décisif qui est franchi en ce sens par le nouveau gouvernement.
Numérique : l'objectif du très haut débit
En dépit de son haut niveau d'équipement, en évolution positive, la France reste faible dans son niveau d'utilisation des outils. Le passage national à la fibre va permettre aux établissements d'accéder au très haut débit sur tout le territoire, ce qui représente un coût moyen de 2 milliards d'euros par Région. En complément, se pose le problème de la maintenance des équipements, jamais clairement tranchée jusqu'à présent. Les Régions seraient prêtes à l'assumer, selon des modalités en cours de discussion (réorientation d'emplois techniques, transfert de fonds de l'État), plus satisfaisantes et efficaces que le recours à des professeurs ponctuellement indemnisés pour ces tâches. Quant aux contenus, si les Régions se gardent de vouloir empiéter sur les responsabilités de l'État, François Bonneau rappelle qu'elles fournissent déjà les manuels scolaires. Une évolution de la destination des fonds qui y sont consacrés vers des contenus numériques, libres ou éditoriaux, est donc aisément envisageable.
Un bouleversement des frontières entre l'interne et l'externe
Le numérique éducatif modifie en profondeur les relations entre l'école et son environnement. Même les structures architecturales sont modifiées : on ne pense plus les locaux en termes de salles (CDI, salles d'études, etc.) mais en termes d'espaces de travail aménageables pour des tâches communes et transversales. En accélérant la modularisation des formations qualifiantes, dans l'initial comme au long de la vie, le numérique introduit un assouplissement du rapport à l'enseignement qui peut être un recours majeur contre l'échec scolaire ou les problèmes de formation continue. « Les enseignants savent bien qu'on n'en est plus à la question de savoir si le numérique va remplacer les professeurs », souligne François Bonneau, évoquant sa récente visite au Salon Ludovia. Mais un pilotage partagé entre collectivités et recteurs permettrait de réaliser les adaptations nécessaires.
Coordonner les acteurs de l'orientation
Autre point sensible, le réseau de l'orientation : trop dispersé et peu efficace, en raison du manque de coordination entre les acteurs, estime l'ARF. Le manque de pilotage sur les territoires engendre une illisibilité de l'offre, des centaines d'acteurs publics ou privés se mêlent et échouent à répondre à une demande de plus en plus pressante de la population. Les Régions peuvent assurer une régulation au plus près de la réalité des territoires, en particulier économiques. Il faut tenir compte du fait que la mobilité géographique n'est pas la même selon le niveau de diplôme, explique François Bonneau : à niveau V, les perspectives sont limitées et il faut une adaptation locale. Déjà en charge de l'apprentissage et d'une partie de la formation adulte, les Régions veulent être contractuellement associées aux Conseils d'Administration des établissements. Là encore, l'orientation scolaire dévolue aux Co-Psy et aux Professeurs Principaux des lycées n'est pas en cause, même si l'ARF n'exclut pas d'intégrer les CIO qui le souhaiteraient dans un réseau régional de l'orientation.
Clarifier les responsabilités sur la carte des formations professionnelles
Pour l'alternance, les Régions sont déjà en charge de l'élaboration de la carte des formations ; mais l'État en décide pour les Lycées Professionnels : deux instances peuvent prendre au même moment des décisions contradictoires. Dernièrement, les places en LP ont diminué, avec une création de places en apprentissage, mais au niveau III et II (Bac+2 et 4). Un nombre croissant de jeunes ne trouvent pas de place en formation à leur niveau, IV ou V : confier la carte des formations aux Régions permettrait de retrouver une cohérence qui lui fait défaut. « Nous sommes en position de conduire toutes les concertations avec les grands acteurs économiques et avec l'État », poursuit François Bonneau, qui permettraient de soumettre aux Recteurs des propositions précises, dont ils décideraient ensuite s'ils peuvent ou non les mettre en oeuvre et dans quelle mesure, en fonction des moyens dont ils disposent.
Allonger l'année scolaire
Le principal enjeu de la discussion sur les rythmes scolaires réside clairement, pour les Régions, dans l'allongement de l'année scolaire, ce qui met en question l'ouverture plus ample des lycées, éventuellement à d'autres activités. L'effort entrepris pour l'amélioration de la restauration scolaire justifierait ainsi un temps de repas plus important, l'aménagement du paysage éducatif devrait conduire à développer l'offre d'internat, avec davantage de places et des lieux plus accueillants, plus agréables à vivre. L'ARF estime, en accord avec les attentes des parents, et sans opposition majeure, semble-t-il, de l'industrie du tourisme, que l'année scolaire peut être allongée de deux semaines en été – avec une stabilisation plus forte de la scolarité du mois de juin, trop parasitée par les procédures d'appel et les examens.
Des transformations en profondeur, par conséquent, dans les rapports de responsabilité entre les Régions et l'État, pour lesquelles il n'est pas question de faire exploser le niveau d'emprunt des collectivités territoriales : en période de difficultés budgétaires, l'ARF entend gérer ces transformations à moyens constants. La solution ? Supprimer les doublons et les multiplications d'échelons inutiles entre les instances, redistribuer rationnellement les rôles et les fonctions, assainir et clarifier l'utilisation des moyens déjà en œuvre. De sages résolutions dont les premiers effets devraient tomber à point nommé pour couronner les 30 ans de la délocalisation éducative, l'an prochain.
Jeanne-Claire Fumet
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