Revue de presse : Article sur www.parents.fr du 24/08/2015 : Rentrée des classes : comment respecter le rythme de son enfant ?
« Attends... Allez dépêche-toi ! », deux injonctions contradictoires que tout parent pressé a un jour adressé à son enfant. Dans une société gouvernée par l’urgence, les tout-petits aussi sont soumis à une pression temporelle qui peut perturber leur développement psychologique. En cette période de rentrée où chacun brandit des bonnes résolutions, remettons les pendules à l’heure… des enfants.
Candice Satara-Bartko - Geneviève Djénati, psychologue et psychothérapeute de couple et de familles, auteure de "Attends, Dépêche-toi", Ed. de l'Archipel - 24 août 2015
Comment aider l'enfant à vivre selon son propre rythme ?
Place aux bonnes résolutions à l'occasion de la rentrée. Et si cette année, c’était les parents qui respectaient le rythme de leur enfant et non l’inverse.
Louise est une enfant très agitée. Ses parents ne s’expliquent pas ce comportement et, comme beaucoup, demandent conseil à un spécialiste. Des fillettes comme Louise, Geneviève Djénati, psychologue spécialisée dans la famille, en croise de plus en plus dans son cabinet. Des enfants agités, déprimés ou au contraire inhibés qui ont tous un point commun : ils ne vivent pas selon leur propre rythme. Dans un monde idéal, l’enfant se calerait sur le rythme de l’adulte et percevrait tout en temps réel. Plus besoin de lui répéter dix fois de sortir de son bain, de l’appeler à table pendant 15 minutes ou de batailler au moment du coucher… Oui dans un mode fantasmé, car la réalité est bien différente.
Le temps de parents n’est pas celui des enfants
L’enfant a besoin de temps pour entendre et comprendre. Lorsqu’on lui transmet une information ou qu’on lui demande de faire quelque chose, il lui faut en principe trois fois plus de temps qu’à un adulte pour intégrer le message et donc agir en conséquence. Durant les temps d’attente, essentiels à son développement, l’enfant va pouvoir rêver, imaginer ce qui va se passer. Le rythme de l’adulte, son mode de vie actuel dominé par l’urgence et l’immédiateté, ne peut pas s’appliquer aux plus petits sans quelques aménagements. « On demande à l’enfant un temps de réaction très court, comme s’il fallait qu’il sache avant d’avoir appris, regrette la psychologue. C’est très perturbant pour lui de vivre selon un rythme qui n’est pas le sien. Il peut éprouver un sentiment d’insécurité qui le fragilise à long terme. Dans certains cas, extrêmes, les troubles de la temporalité peuvent conduire à une hyperactivité. « L’enfant gesticule sans cesse, passe d’un jeu à l’autre et n’arrive pas à mener une action du début à la fin, précise Geneviève Djénati. Le temps calme l’angoisse alors il s’agite pour fuir cette situation. »
Respecter le rythme de son enfant, ça s’apprend
On respecte bien le rythme du bébé en le nourrissant à la demande pendants ses premiers de mois de vie alors pourquoi ne pas prendre en compte celui de l’enfant. Difficile de s’affranchir des contraintes du quotidien mais oublier de temps en temps la course contre la montre pour donner du temps, de son temps, est positif pour toute la famille. Comme le souligne Geneviève Djénati : « les parents doivent gérer tout un tas de choses, mais un enfant, ça ne se gère pas. Il faut remettre de l’affect, de l’émotion dans les relations. » Un enfant a besoin qu’on prenne le temps de l’écouter et de le questionner. C’est la meilleure manière d’éviter les tensions et les disputes et de finalement gagner du temps sur le long terme. Lorsque le temps des parents et des enfants se conjuguent, « un troisième temps vient s’intercaler dans leur vie, celui du jeu, de la création commune » où chacun s’émancipe harmonieusement.
Le matin avant le départ de l’école
Les parents ont tendance à réveiller leur enfant au dernier moment pour qu’ils dorment plus. Du coup, tout s’enchaîne, le petit déjeuner est avalé en vitesse (quand il y en a encore un), on habille l’enfant pour aller plus vite et pour avoir le temps de se préparer soi-même. Résultat : on gagne du temps sur l’instant mais on perd de la qualité de temps. Car l’urgence épuise les parents, crée de la tension au sein de la famille. « Parfois on se retrouve avec des enfants de 9 ans qui ne savent pas s’habiller tout seul, souligne Geneviève Djénati. On ne leur a simplement pas laissé le temps d’apprendre. » Pour améliorer la situation, tout du moins le matin, on peut commencer par avancer son réveil de 15 minutes.
Le passage à table
Le repas avec des tout-petits peut parfois virer au cauchemar. Pas facile de tenir compte du rythme de chacun. « Gardons toujours en tête que ce qui paraît lent au parent est un rythme normal de l’enfant », insiste la psychologue. Tout d’abord, on commence par s’asseoir à côté de ses enfants lorsqu’ils sont à table. Si l’un d’eux traîne, on repère pourquoi il mange lentement. Et après on essaie de réorganiser le dîner en fonction.
Au moment du coucher
Scénario classique, l’enfant rechigne à s’endormir. A peine couché, le voilà qui revient dans le salon. Visiblement il n’a pas sommeil et cela désespère les parents qui ont eu une journée épuisante, et n’aspirent qu’à une seule chose : être tranquille. Pourquoi l’enfant résiste-t-il ? C’est peut-être la seule façon pour lui de se défaire d’une pression trop importante due au sentiment d’urgence qui règne dans la maison. Ce rythme subi lui procure une angoisse, il a peur de se séparer de ses parents. Au lieu d’insister pour qu’il se mette au lit, mieux vaut décaler légèrement l’heure du coucher. L’enfant aura peut-être perdu un peu de sommeil, mais au moins il s’endormira dans de bonnes conditions. Au moment du coucher, c’est important de lui dire « à demain » ou, par exemple, « quand tu te réveilleras demain matin, on se racontera nos rêves ». L’enfant vit dans le présent mais il a besoin de savoir qu’il y aura un après pour se sentir en confiance.
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