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Revue de presse : Article sur www.vosquestionsdeparents.fr du 16/11/2010 : Ecole : le mercredi, pause dans la semaine ou course aux activités ?

Spécificité française, le mercredi est devenu le jour des enfants. Une bouffée d'oxygène au milieu de la semaine pour les écoliers et un enjeu important pour les parents qui organisent l'emploi du temps de leurs bambins. Mais gare à la surcharge d'activités. Extraits du dossier Parents & enfants.

Une pause hebdomadaire

Pour les parents, le mercredi n'est pas un jour comme un autre. Dans le temps scolaire, cette "pause" hebdomadaire, spécifique à la France, trouve son origine dans la naissance de l'école laïque, en 1882. Il s'agissait, à l'époque, de libérer une journée pour que les enfants, habitant pour la plupart à la campagne, puissent participer à l'instruction religieuse. 

La journée des enfants

Jusqu'en 1972, le mercredi tombait un… jeudi. "Au fil du temps, le mercredi est devenu la journée des enfants" se réjouit le chronobiologiste François Testu, à la différence du week-end où les enfants subissent davantage l'emploi du temps parental. Même s'ils sont absents ce jour-là, les parents doivent "s'occuper" de leurs enfants et prévoir pour eux différentes activités".

Enfants surbookés et parents débordés

Attention cependant à la surcharge d'activités. Dans ce domaine, certains parents en font trop. Résultat : des enfants "surbookés" et des parents débordés ! Un certain nombre de mamans ne travaillent pas le mercredi, au moins en partie, pour se consacrer à leur(s) enfant(s).

"La question est de savoir si elles donnent du temps ou si elles donnent leur temps", s'interroge la psychanalyste Etty Buzyn(1) qui regrette le peu de temps commun partagé dans la proximité et l'intimité familiale. Elle rappelle le plaisir d'être ensemble pour se balader, jouer ou préparer un gâteau à la maison.
(1) Papa, maman, laissez-moi le temps de rêver ! de Etty Buzin, Ed. Albin Michel, 189 p., 15 €.

Une mode d'inscriptions précoces

En quinze ans, le temps consacré à la rêverie a souvent été transféré sur les écrans domestiques. Le sport est donc devenu "un enjeu important pour des parents inquiets de laisser leurs enfants passifs devant la télévision ou l'ordinateur",  remarque la sociologue Sylvie Octobre (2). Les faire bouger, se dépenser, permet de leur assurer un bon développement du corps et une source d'épanouissement personnel. D'où cette vague d'inscriptions précoces, parfois même avant 6 ans, à des disciplines telles que "baby judo" ou "baby gym".
(2) Les loisirs culturels des 6/14 ans de Sylvie Octobre, éd. La Documentation française, 429 p., 25 €

 

"On va chercher la compétence chez des professeurs dans une perspective d'excellence, observe Sylvie Octobre, alors que beaucoup de parents seraient capables d'initier eux-mêmes leurs bambins". 


Le mercredi avec les enfants, une affaire de mamans ? 

 

Le mercredi, c'est surtout les mamans qui, grâce au temps partiel ou à une journée de réduction du temps de travail (RTT), organisent les activités de leurs enfants. Extraits du dossier Parents & enfants. 

Les pères rechignent à prendre un temps partiel

Pour la sociologue Sylvie Octobre(1), le souci pour les occupations du temps libre des enfants, est lié au travail des femmes. "Le mercredi, c'est surtout une affaire de mamans, confirme Jérôme Ballarin(2), président de l'Observatoire de la parentalité en entreprise.

La plupart des hommes rechignent à prendre leur mercredi. C'est une fracture culturelle. Les pères n'osent pas encore afficher un 4/5e ; certains préfèrent opter, de façon plus discrète, pour un temps partiel annualisé qui leur permettra, par exemple, d'augmenter leurs jours de vacances au moment des congés scolaires".

(1) : Les loisirs culturels des 6/14 ans, de Sophie Octobre, Ed. La Documentation française, 25  €

(2) Travailler mieux pour vivre plus : comment concilier vie professionnelle et vie familiale, de Jérôme Ballarin, Ed. Nouveaux débats publics, 18 €

Les mamans du mercredi

"Il faut créer des rituels, dit-il, comme par exemple, se libérer le premier mercredi du mois, au moins une demi-journée ou bien rentrer plus tôt ce jour-là". Les "mamans du mercredi" elles, veulent trop en faire. Jérôme Ballarin les met en garde contre ce qu'il appelle "la tyrannie du bonheur à 360°". "En cherchant à être à la fois une mère parfaite et une salariée parfaite elles surinvestissent cette journée, ultra-chargée émotionnellement, passent d'une activité à une autre en transmettant leur stress à leur entourage puis reprennent le travail le jeudi en culpabilisant de ne pas en avoir assez fait".  

Un jour de citoyenneté enfantine

Le mercredi ne doit pas devenir une contrainte, une autre forme de course. Laissons-le être une parenthèse de sérénité. "Ce qui est beau dans le mercredi, avance le sociologue Jean Viard, c'est ce jour de citoyenneté enfantine où l'on peut "faire cité" avec son enfant, c'est-à-dire l'initier à l'espace public, dans l'intimité du quotidien : se promener, aller au cinéma, s'arrêter à la bibliothèque, marcher sans avoir peur de l'autre, en lui apprenant la civilité". Un programme à la fois dense, léger et accessible à tous.

Quel rythme, le mercredi, pour les enfants… et les parents ?

Comment occuper les mercredis des enfants ? Faut-il les inscrire à des activités ou privilégier des plages de temps libre pour rêver ou ne rien faire ? Peut-on, lors de ce jour de “pause” s'accorder des moments pour soi ? Réponses dans ces extraits de l'entretien accordé par Patrick Lemoine, psychiatre, aux dossiers Parents et enfants.

Que représente le mercredi dans la vie familiale ?

Patrick Lemoine : A la différence du week-end, le mercredi n'est pas un temps de repos. Ce jour-là, les "bons" parents s'activent pour occuper intelligemment les enfants à des activités sportives, sociales ou culturelles. Par contre, les parents laissent tranquilles leurs enfants le dimanche, seul jour de la semaine où ceux-ci ont le droit de traîner, de rester affalés devant la télévision.

Le mercredi est-il une journée trop chargée ?

P. L. : Elle l'est pour les parents qui veulent être dans l'air du temps médiatique, selon lequel il faut éveiller, solliciter sans cesse son enfant. Le mercredi reste un jour pour l'"élever" dans tous les sens du terme. Sinon, on ressent une forme de culpabilité. Du coup, parents et enfants se trouvent entraînés dans la même suractivité. Il n'est pas question de les laisser livrés à eux-mêmes mais je plaide pour leur laisser le droit à l'ennui. Sans qu'ils se sentent abandonnés, il faut aussi leur premettre de ne rien faire.

S'ennuyer… pour quoi faire ?

P. L. : Au cours de brèves plages de temps, il faut donner à son enfant le droit de regarder son hamster, de plonger dans ses rêveries, de s'inventer un monde imaginaire. Ainsi, il développera son imagination, sa créativité, son indépendance. Ces moments d'inaction lui sont nécessaires pour se construire, se confronter à lui-même, élaborer une pensée.

Comment gérer les loisirs des enfants ?

P. L. : D'abord en leur demandant leur avis ! Il faut permettre aux enfants de changer d'activités, de voir les copains, d'avoir un temps de répit. Certains enfants sont actifs, d'autres contemplatifs, d'autres encore peuvent passer d'un état à l'autre. Donc il faut équilibrer entre un minimum d'inactivité et quelques activités à la carte.

Comment alléger les mercredis des parents ?

P. L. : Les parents ne s'autorisent pas, ce jour-là, à mettre leurs enfants en centre aéré pour aller faire les soldes. C'est dommage. Là aussi, il faut faire jouer l'alternance entre les mercredis pour les enfants et les mercredis pour soi. Un "bon" parent est d'abord un parent épanoui et heureux.

Approuvez-vous le probable retour du mercredi matin travaillé à l'école ?

P. L. : En tant que spécialiste du sommeil, je déplore les ruptures trop fréquentes de rythmes. L'idéal serait que les enfants travaillent tous les matins du lundi au vendredi, voire au samedi. Les après-midi seraient consacrés aux activités d'éveil… et à l'inactivité !

Rythmes scolaires : pourquoi la semaine de quatre jours est-elle remise en question ?

Instaurée en 2008, la semaine de quatre jours est très contestée par les chronobiologistes, qui demandent un réaménagement des rythmes scolaires. Extraits du dossier Parents & enfants.

Les rythmes scolaires préoccupent les parents

L'exception française de la pause du mercredi pourrait bien être remise en question d'ici à la rentrée 2012. En juin 2010, le ministère de l'Education nationale a lancé une conférence nationale sur les rythmes scolaires.

Une question qui préoccupe de nombreux Français, dont les attentes et les pratiques familiales ont profondément évolué. Quant à l'organisation de l'enseignement au quotidien, sur la semaine et sur l’année scolaire, elle est pointée du doigt par de nombreux spécialistes de l'enfance et de l'éducation.

Faut-il supprimer la semaine de quatre jour ?

Depuis septembre, une consultation nationale est menée. Les propositions du comité de pilotage sont attendues au printemps 2011. Parmi elles, on peut s’attendre à la suppression de la semaine de quatre jours et le retour probable du mercredi matin travaillé.

Le chronobiologiste François Testu
recommande de maintenir la régularité dans le rythme de l'enfant. La solution du mercredi matin travaillé serait un "moindre mal", "la plus raisonnable" étant de "conserver le mercredi libéré et de rétablir le samedi matin travaillé. Voire de laisser le choix entre aller à l'école le samedi matin ou le mercredi matin, à un horaire légèrement plus tardif (9 h ou 9 h 30), ce qui supposerait que les enseignants proposent, à ces moments-là, des activités d’éveil et sportives."

Les enfants ont besoin de régularité

Le chronobiologiste Yvan Touitou appelle à la vigilance des parents sur la maîtrise du sommeil de leur enfant, élément essentiel de sa santé et de son bien-être et plus particulièrement aux heures de lever et de coucher qui sont pour lui des synchroniseurs.

"Les enfants se couchent trop tard le mardi soir" déplore le spécialiste qui conseille de ne pas dépasser de plus d'une heure l'horaire habituel. Autant d'arguments qui plaident pour un retour à l'école le mercredi matin, ce qui favoriserait une plus grande régularité des rythmes de l'enfant. Durant plusieurs décennies, la catéchèse a constitué un frein ; c'est sans doute moins le cas aujourd'hui : en de nombreux lieux, le catéchisme a lieu à d’autres moments de la semaine, notamment le samedi matin, voire le dimanche.

 

Le 28 octobre 2010 France Lebreton, dossier Parents & enfants, La Croix du 20 octobre 2010

 



16/11/2010
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