Article dans Le Messager du 16/09/2010 : La Forclaz - une classe unique à 6 niveaux
C'est l'une des dernières classes uniques du Chablais. A La Forclaz, 13 enfants nés entre 2000 et 2005 se répartissent sur 6 niveaux, de la grande section de maternelle au CM2. "C'est une belle expérience !", assure le maître, André Fernandez, en poste dans le village depuis la rentrée, et dont c'est la première classe unique.
"Avoir tous les âges et tous les niveaux est un avantage, estime-t-il. Cela tire clairement les enfants vers le haut. Par exemple, quand mes deux CE1 ont fini leurs exercices, je vois bien qu'elles écoutent ce que font les grands. Et ils arrivent tous à faire aujourd'hui en calcul ce qui devrait être acquis théoriquement à la Toussaint..."
Mais pour l'enseignant, gérer une classe aux niveaux aussi disparates demande une grande souplesse intellectuelle, pas mal de pragmatisme, et une énorme capacité d'adaptation. "Nous avons des objectifs pédagogiques à atteindre, mais c'est tout le temps du sur-mesure", sourit M. Fernandez.
Leçons pour six niveaux
Dans la cour, pendant la récréation, la différence d'âge ne compte pas : tous les enfants jouent ensemble. Et pas besoin de se mettre en rang à la reprise des cours, le peu d'effectifs autorisant une rentrée sans désordre. En classe, d'ailleurs, les enfants jouissent aussi d'une certaine autonomie dans leurs déplacements.
Aujourd'hui, c'est mathématiques. Le maître sépare les "petits" (grande section, CP, CE1) des "grands" (CE2, CM1, CM2) en donnant à chacun des exercices, et passant d'un groupe à l'autre à un rythme soutenu. Plus tard, il scinde même le groupe des petits pour s'occuper à part des deux élèves de grande section...
"J'arrive, les cycles 2 !" "Vous avez fini ? Très bien. Vous pouvez donner un coup de main aux autres ?" "Allez, c'est parti, moi je retourne avec les petits !" Avec toujours un oeil sur le groupe dont il ne s'occupe pas directement, il passe de l'un à l'autre avec naturel, enchaînant les leçons et les exercices sans temps mort ("Surtout pas !").
Quand le maître est avec l'autre groupe, chez les grands on travaille penché sur son ardoise ou sa feuille, sans faire de bruit ou en échangeant à voix basse. Les plus âgés se penchent souvent sur les devoirs de leurs cadets, pour corriger ou pour aider, voire pour aller tailler le crayon d'un des petits. Calcul mental, puis problème d'attaches-trombones à ranger en colliers, boîtes et sachets...
Au tableau, une élève se trompe sur les notions de dizaines et de centaines... mais finit par comprendre et réussit même pour les milliers.
Chez les petits, naturellement, quand le maître n'est pas là on se disperse un peu plus vite autour du devoir commun, en l'occurence des capsules à ranger par groupes de dix. Mais quand il revient pour les corrections, chacun participe à son tour, et les deux grandes de CE1 font partager leurs acquis en apprenant aux autres le mot "dizaine". Puis une grande arrive : "On a fini". Très bien, le maître repasse dans l'autre groupe pour proposer de nouveaux travaux... avant de revenir aux petits.
Mais il est déjà l'heure d'accompagner les enfants au minibus qui effectue le ramassage scolaire ! La matinée a passé si vite... Pas grave, on terminera les exercices cet après-midi.
Yvan Strelzyk
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