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Revue de presse : Article dans Le Figaro du 05/03/2012 : Ça gazouille en primaire

Reportage dans une twittclasse parisienne

Si en 2009, la première twittclasse voyait le jour en France, aujourd’hui 142 professeurs francophones (1) utilisent l’outil de microblogging. Mais comment font-ils ? Nous avons followé une classe de CM1 pendant une matinée.


La classe d’Alexandre Acou, dans le 13e arrondissement de Paris, ressemble à toutes les autres. Le tableau noir est ceinturé par une frise historique. Et les petits cahiers étiquetés sont installés sur des tables strictement identiques. Rien, ou presque, ne laisse penser qu’ici, on tweete. Sauf peut être le hashtag « #geometwitt » punaisé sur un panneau en bois. Depuis la rentrée de septembre, chaque jeudi matin, le maître utilise le réseau social comme support d’un exercice de géométrie, de lecture ou d’écriture en 140 caractères (la taille maximale d’un tweet). Et personne n’est dupe. « C’est comme un jeu, explique Pauline, 8 ans, mais pour apprendre quand même. »


Ce matin, en salle informatique, équerres, gommes et compas côtoient claviers et souris. Sami, 9 ans, trace un cercle : « On fait un “geometwitt”. Une classe nous envoie des instructions pour faire un exercice de géométrie. » Le résultat est ensuite photographié et publié. En retour, Sami rédige un problème à destination d’autres apprentis twittos. « Ils ont vraiment le souci d’écrire pour être compris, insiste le professeur. Et s’ils ne le sont pas, ils s’améliorent grâce aux questions des autres. » La contrainte a vite été intégrée par les élèves qui ont même placé au premier rang de leur charte d’utilisation du réseau social « Faire attention à l’orthographe ».

L’instituteur a, lui, fait sienne une des compétences à acquérir en CM1 : Twitter est le support qu’il a choisi pour apprendre aux enfants à écrire un texte court, précis et sans répétitions. « Et en plus, assure-t-il, je réponds à plusieurs exigences du Brevet informatique et Internet (B2i). »

Twithaïku

C’est dans la pièce attenante, la bibliothèque, que les autres élèves d’Alexandre Acou participent à un concours de « twithaïkus », ces petits poèmes japonais de trois vers qui évoquent « la nature ou le sentiment ». Penchée sur sa feuille de brouillon – trois grilles de 140 caractères –, Léa (2) rédige. « Ma vallée est belle. La classe va dans la vallée. J'aime bien la vallée » sera le premier « twithaïku » de la journée. « Pour eux, l’outil est motivant : quand ils font un travail, ils peuvent le publier. C’est une récompense », assure le professeur tout en se connectant au site à l’oiseau bleu. La petite fille, elle, se cache les yeux pour ne pas connaître les codes d’accès. Elle est priée de ne pas tricher. « Ils savent qu’ils ne peuvent pas utiliser Twitter seuls, sans la présence d’un adulte », poursuit Alexandre Acou. Pour cet e-instit, il n’y a pas de doute : « Je préfère leur apprendre à repérer les risques plutôt que leur interdire les réseaux sociaux. C’est de la prévention. Ils finiront un jour par s’y inscrire seuls, alors autant qu’ils y soient préparés. »

"Twitteur du jour"

Et si tous ne sont pas encore à très l’aise avec l’outil, ils en ont au moins compris les règles. Cinq minigeeks ont même ouvert leur propre compte. « C’est celui de mes parents, précise Sami. J’y vais au moins une fois par semaine avec eux. Et on apprend ensemble à s’en servir. » Pour tous, Twitter est une découverte. « Nous sommes tout le temps à la recherche de nouvelles idées, raconte l’instituteur, et il y a une émulation très agréable entre les twittclasses. » Leçons de géographie et d’astronomie avec des élèves canadiens, leçons de sciences avec des experts… Les idées fusent. « Mais le mieux, c’est quand on nous a demandé de jouer aux échecs ! » s’exclame Mélissa.

 

Depuis, dans la classe, un tableau blanc accueille les différents changements de positions de la tour ou du roi. Le « twitteur du jour » dispose du smartphone d’Alexandre Acou. Il peut, à n’importe quel moment de la journée, prévenir ses camarades de l’avancée d’un pion adverse. Mais il est aussi celui qui peut proposer un message de 140 caractères de son choix à publier. Aujourd’hui, Julia (2) a été désignée, mais pour l’instant elle n’a pas d’idée... Aucun événement ne semble suffisamment important à ses yeux. Ni les flashs de l’appareil photo, ni les questions posées à ses camarades n’attirent son attention… Tant pis pour moi.

Par Ide Parenty

 

(1) Selon le site twittclasses.posterous.com, qui se propose de les recenser.

(2) Les prénoms ont été changés.



05/03/2012
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