Revue de presse : Article dans Le Figaro du 06/07/2010 : Les parents séduits par des internats dès le primaire
Un internat public pour enfants méritants ouvre ses portes, mais c'est l'enseignement privé qui reçoit l'essentiel des demandes.
Habituelle boîte à idées de l'Éducation nationale, le rectorat de Créteil a programmé l'ouverture d'un internat pour des élèves de primaire. À partir de novembre, une vingtaine d'enfants de CM1 et de CM2 seront accueillis dans les locaux d'un centre aéré situé à Bury (Val-d'Oise). L'objectif est de soutenir des élèves qui «ont des possibilités mais qui sont dans des conditions matérielles difficiles à la maison», explique Daniel Auverlot, inspecteur d'académie de Seine-Saint-Denis. Repérés préalablement par leurs professeurs ou par des travailleurs sociaux, ils auront classe la journée et suivront après 17 heures des activités ludiques ou de l'aide aux devoirs.
Seuls neuf internats dans l'enseignement public accueillent des élèves, le plus souvent en difficulté, à l'exemple de l'internat Favre à Lyon (Rhône), avec des troubles du comportement avérés, ou encore des enfants de forains. Les parents qui, pour d'autres raisons, souhaitent mettre leurs enfants en internat se tournent vers le privé sous contrat ou hors contrat. Environ 70 établissements proposent cette solution, selon le ministère de l'Éducation nationale. Les effectifs oscillent entre 9 et 45 enfants, selon les internats contactés.
La demande de parents totalement dépassés est pressante. Ils sont même prêts à mettre beaucoup d'argent, entre 600 et 1500 euros par mois. À l'internat des Petites Roches, dans les Yvelines, on reçoit ainsi essentiellement des petits Parisiens de milieu «privilégié » dont les parents «voyagent énormément, ont de très hautes fonctions ou sont très pris par leur métier », explique la directrice de cet établissement dans lequel trois des internes n'avaient que 5 ans cette année ! Dans tous ces établissements, on évoque des espaces verts à perte de vue, l'adaptabilité des enfants «heureux d'être là », et l'ambiance «chaleureuse ».
«Dans une ambiance familiale»
Outre les parents «suroccupés », les familles monoparentales sont très demandeuses. Séparés ou divorcés, les parents «recherchent le côté rassurant de l'internat. Ils veulent éviter à leur enfant des scènes perturbantes », explique Xavier Martel, directeur d'un établissement de 35 enfants à Saâcy-sur-Marne qui compte cette année beaucoup d'enfants uniques ou même adoptés. «C'est souvent quand le cadre familial explose que l'on nous appelle », insiste Céline Cassinat, directrice de l'école primaire Saint-Paul-Saint-Louis, à Perl (Lot), qui a rouvert son internat il y a quatre ans devant l'afflux de demandes. «On essaie de remettre les enfants sur des rails, dans une ambiance familiale puisque les effectifs sont peu nombreux .»
À l'école Moreau de Montlhéry (Essonne), une vingtaine d'enfants sont accueillis dès le CM1. Pour le directeur, l'accueil d'enfants aussi jeunes ne pose «aucun problème ». «Les surveillantes sont plus des mamans que des éducatrices », affirme Jean-Luc Mauger, qui se refuse néanmoins à accueillir des enfants dès la maternelle, comme l'implorent certains parents.
Des demandes qui effarent Élise Tirel, surveillante à l'école Charles-de-Foucauld, à Nancy. Derrière les raisons avancées, éloignement géographique ou travail prenant, «on sent un dédouanement un peu facile sur le dos de l'institution. Certains veulent se débarrasser de leur enfant, on le sent. À cet âge, il a pourtant besoin de vivre avec ses parents», tranche-t-elle.
Directeur d'une école publique dans les Hauts-de-Seine, Olivier Canet estime que la solution de l'internat en primaire est «très dure». Pour les plus jeunes, qui «ont une relation forte avec leurs parents, un éloignement, éventuellement bénéfique au lycée, risque d'être traumatisant», juge-t-il. Un constat nuancé par Catherine Audibert, psychologue à Vincennes, pour qui l'internat «même tôt » peut constituer une solution, dans certains cas, si l'enfant est partie prenante du projet.
Par Marie-Estelle Pech
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