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Mais comment font les Canadiens pour se classer parmi les meilleurs dans les enquêtes internationales ? Performances en lecture, en mathématiques, en sciences…, les élèves canadiens sont à peu près les seuls, avec les Finlandais, à résister au raz de marée des pays asiatiques dans l'enquête PISA 2009, qui définit les compétences de jeunes de 15 ans de l'ensemble des pays de l'OCDE.

Trois jours durant, le ministre de l'Éducation nationale, Luc Chatel, va tenter de comprendre pourquoi les jeunes Canadiens réussissent nettement mieux que les petits Français, dont l'enquête avait montré qu'ils étaient de plus en plus nombreux à connaître de graves difficultés dans la maîtrise des fondamentaux. Accompagné par Éric Debarbieux, qui avait présidé le comité scientifique des états généraux de la sécurité à l'école en avril 2010, il doit également rencontrer des spécialistes de la violence scolaire, pour étudier les solutions adoptées à Montréal. Enfin, le voyage se concentrera sur la mobilité des jeunes et les inégalités qui limitent les chances des plus défavorisés.

Résoudre les problèmes de fond

Mais, pour ce premier jour, c'est en Ontario que le ministre viendra chercher les recettes d'une école qui réduit l'échec et améliore les résultats. «Les pays asiatiques sont en tête des classements internationaux, argumente Luc Chatel, mais un système scolaire comme celui de Singapour, s'il est intéressant, est trop décalé par rapport à nos propres pratiques. La volonté de formatage et de classement précoce des élèves est inexportable. L'Ontario, au contraire, compte 12 millions d'habitants, dont de nombreux immigrés. Nous pouvons en tirer des enseignements.» Pour le ministre, cette province du Canada fait montre d'un état d'esprit sur la question scolaire différent de celui qui règne en France ; un état d'esprit qui prédisposerait à la réussite. «Alors que nous parlons de “lutte contre l'illettrisme et l'innumérisme”, explique Luc Chatel, on s'attache ici à développer la “littéracie” et la “numéracie”. On s'attache à accroître la confiance dans le système éducatif.»

Bref, on se concentre sur l'apprentissage et non sur la remédiation. Et ça marche : alors que l'ensemble du Canada stagnerait plutôt, l'Ontario progresse dans l'enquête Pisa. En 2002, seulement 54% des jeunes Ontariens de troisième et sixième années (8 et 11 ans) avaient des résultats supérieurs à la moyenne provinciale dans les matières de base. Cette année, ils sont 68%, une augmentation de 50.000 élèves.

Dans chaque école, un enseignant est responsable de l'apprentissage de la lecture. Avec une équipe-école, il décide des actions à mener pour aider les jeunes en difficulté. Des «agents du rendement des élèves», dépendant du secrétariat à la Littéracie et à la Numératie créé en 2003, se rendent dans les écoles qui ne parviennent pas à remplir leurs objectifs, pour apporter leur aide aux professeurs. Il est vrai qu'en Ontario, selon le ministère de l'Éducation de la province, le financement a augmenté de 40% depuis 2003… Même si, à l'échelle du pays, les dépenses d'éducation sont inférieures à celles de la France, en pourcentage du PIB. Pour Luc Chatel, l'école française doit s'employer à résoudre les problèmes de fond qui la minent. Pour ce faire, elle doit «être capable de personnaliser jusqu'au bout l'enseignement» grâce à des «équipes soudées», «faire confiance aux acteurs locaux» et «valoriser leur engagement». Et de citer une étude internationale, l'étude McKinsey, publiée en décembre 2010, en même temps que l'enquête Pisa, et qui démontre que la centralisation profiterait aux systèmes éducatifs en construction, et la décentralisation aux systèmes développés.