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Revue de presse : Article dans Le Figaro du 10/09/2012 : Marseille : la scolarisation dès 2 ans contre la délinquance

Jean-Marc Ayrault va s'entretenir lundi avec le maire de Marseille sur la hausse du taux de scolarisation des enfants de moins de trois ans dans les quartiers difficiles.

Le sauvetage et le salut de Marseille passent par des mesures éducatives. À l'issue du comité interministériel du 6 septembre, le premier ministre a annoncé que le taux de scolarisation des enfants de moins de trois ans devrait passer de 15% actuellement à 30% d'ici à cinq ans. À ce jour, 656 élèves de moins de trois ans sont scolarisés à Marseille, sur un effectif total de 72.000 dans les écoles primaires.

 

«Pour atteindre cet objectif, il faudra ouvrir annuellement 40 classes», explique Danièle Casanova, en charge de l'éducation à la mairie de Marseille. Ce ne sera pas chose facile car les quartiers marseillais défavorisés sont plutôt situés dans le centre-ville, où les possibilités d'extension de locaux et de construction sont quasi nulles. Le sujet fera ce lundi à 9h30 l'objet d'un dialogue entre le premier ministre et le maire de Marseille.

 

On l'aura compris, le financement et les moyens alloués devront être à la mesure des promesses, à l'heure où le département des Bouches-du-Rhône vient d'essuyer 115 suppressions de postes à l'école primaire (sur 5 000 en France), soit la plus importante de son histoire.

 

Mais pour l'heure, la mairie de Marseille se réjouit de l'annonce. Car l'enjeu est bien connu et les enquêtes sur le sujet le montrent : une entrée précoce dans la «socialisation» et les apprentissages, à commencer par celui du langage, permettent d'améliorer les parcours scolaires des élèves issus de familles défavorisées et leur intégration. «Par rapport à la délinquance et aux trafics, il s'agit d'une mesure de prévention et de long terme», ajoute Christophe Doré, secrétaire général du SNUipp Bouches-du-Rhône.

 

«Il faudra procéder sur le terrain à une sensibilisation des familles, car elles ne sont pas forcément demandeuses d'une sortie précoce du cocon familial», nuance de son côté Danièle Casanova.

Risque de traumatisme ?

Cette mesure, que le gouvernement veut étendre à la France, conformément aux vœux de campagne, ne fait pas l'unanimité. Certains pédopsychiatres dénoncent des risques de traumatisme émotionnel, voire un facteur de développement de l'agressivité. De leur côté, enseignants et parents estiment qu'elle doit s'accompagner de moyens financiers et d'encadrement, ainsi que d'une réflexion sur une formation spécifique des enseignants de maternelle.

 

«Le jeu en vaut la chandelle, juge Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU. Mais cette scolarisation ne peut se faire que sous condition.» Effectifs légers, encadrement adéquat, partenariat avec les professionnels de la petite enfance… Un vaste chantier.

À ce jour, 11,5% des Français de trois ans sont scolarisés - pour la majorité d'entre eux, ils ont plutôt deux ans et demi -, un taux en chute libre depuis 2000, où il se situait à 32%. La raison est purement économique. Avec les suppressions de postes, ces scolarisations ont servi de variable d'ajustement pour procéder aux fermetures de classe.

 

Si cette baisse a touché l'ensemble de la France, les données restent historiquement disparates. Ce taux est de 0,8% en Seine-Saint-Denis, là où il est de 30% en Bretagne. «En Bretagne et en Vendée, qui ont été confrontées très tôt à la concurrence entre le public et le privé, la scolarisation avant trois ans a été un élément de fidélisation», explique Sébastien Sihr.

 

Par Caroline Beyer



11/09/2012
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