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Revue de presse : Article dans Le Figaro du 18/02/2011 : Le redoublement scolaire de plus en plus contesté

La France serait championne de cette pratique du système éducatif, qui s'expliquerait surtout par des raisons culturelles. 

Comparaison du nombre de redoublants par pays

Il est cher, il ne sert pas à grand-chose et ses bénéfices supposés relèveraient de la «croyance» ou de la «conviction», telle est la conclusion d'une étude Eurydice commandée par la Commission européenne au sujet du redoublement. Malgré des réglementations assez similaires, les taux de redoublement varient fortement entre les pays européens. Que ce soit à l'école ou au collège, la France est championne en la matière.

Au niveau de l'école primaire, la France affiche 17,8% de taux de redoublement quand la Grèce est à 2% ou l'Autriche à 4,9%.

De même, au niveau du collège, les taux de redoublement vont de 0,5% en Finlande à̀ 31,9% en Espagne quand il est de 23,5% en France.

 

Le passage automatique n'existe que dans un petit nombre de pays : l'Islande, la Norvège, la Bulgarie, le Liechtenstein et le Royaume-Uni. Les autres tentent pour la plupart de limiter le redoublement par divers moyens. Dans les cinq à six pays adeptes d'un fort redoublement, «la conception selon laquelle répéter une année est bénéfique pour les apprentissages de l'élève reste très présente», observe l'étude. Une vision partagée par le corps enseignant, la communauté scolaire et les parents eux-mêmes. « En Europe, c'est surtout en Belgique, en Espagne, en France, au Luxembourg, aux Pays-Bas et au Portugal que cette conception persiste dans la pratique», poursuit le document qui recommande une «autre approche de la gestion des difficultés d'apprentissage des élèves». Le défi majeur «réside plus dans la remise en question de certaines convictions et croyances qu'en des changements de réglementations».

«Aucune perspective scolaire» 

Le débat sur le redoublement n'est pas neuf. Aucun chercheur ne conteste son inutilité. Selon les différentes enquêtes Pisa, qui mesurent les performances des élèves de quinze ans, les pays qui affichent les meilleures performances sont aussi ceux qui l'ont fortement réduit. De l'Institut Montaigne à la Cour des comptes, tous les rapports convergent. «90% des enfants qui redoublent en CP n'ont plus aucune perspective scolaire. Aucun autre système scolaire ne pose aussitôt les bases de l'inégalité sociale et de la désespérance», dénonçait récemment Laurent Bigorne, de l'Institut Montaigne.

 

Pour la Commission européenne, «si certains redoublants rattrapent leur retard, la grande majorité d'entre eux ne le font pas. Les taux sont nettement plus élevés parmi les enfants issus de groupes socio-économiques moins favorisés et les résultats à long terme des redoublants sont souvent inférieurs à ceux des élèves faibles n'ayant pas redoublé».

 

La pratique du redoublement a baissé en France depuis vingt-cinq ans - elle touchait alors près de 50% des élèves - mais notre pays recourt encore beaucoup à cette solution. Reste que les enseignants voient souvent dans cette politique une simple mesure d'économie. Le SNALC, syndicat d'enseignants classé à droite, dénonce régulièrement «les ravages du passage automatique dans la section supérieure, de l'école élémentaire à l'université.».

 

Selon Bernard Appy, professeur des écoles dans le Gard, «si les moyens concrets d'une remise à niveau efficace ne sont pas réellement mis en œuvre, on ne peut que recourir au redoublement. Celui-ci laisse en effet plus de chance à un élève que le passage automatique au niveau supérieur d'année en année, jusqu'à l'éjection finale du système scolaire, sans la moindre qualification mais avec beaucoup d'amertume…».

 

Les parents, eux, sont partagés. Si certains réclament un redoublement pour éviter une orientation en section technologique par exemple, il suffit de se rendre en juin ou juillet dans les établissements scolaires pour constater qu'ils sont aussi nombreux à faire appel des décisions de redoublement, persuadés que leur enfant «un peu immature» ou «un brin tangent» ne «mérite pas de perdre un an».

 


Par Marie-Estelle Pech



19/02/2011
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