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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 26/01/2011 : Rythmes scolaires : Consensus et décisions restent à venir

Mardi 25 janvier, Christian Forestier et Odile Quintin, présidents du Comité de pilotage de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires, ont remis leur « rapport de synthèse » à Luc Chatel. Un « document sans précédent », pour C. Forestier, mais qui ne devrait pas rester sans conséquences malgré l’absence de consensus et l’importance des enjeux. Luc Chatel a annoncé des décisions en juin 2011.

 

Consensus ou pseudo consensus ?

Le grand apport de ce rapport, pour Christian Forestier, c’est la largeur de l’éventail des consultations. Le Comité a auditionné les organisations syndicales, les parents, les associations complémentaires, les lycéens, mais aussi les églises, les organisations économiques, les collectivités locales. Se sont ajoutés des consultations académiques et des témoignages sur le site web du Comité. Pour C. Forestier, le comité de pilotage aboutit à « un consensus ou un quasi consensus » sur de nombreux points. Mais le rapport montre surtout l’ampleur des divergences et la décision du Comité de ne pas arbitrer entre les intérêts et de ne pas faire de propositions. Le consensus n’existe que sur la nécessité d’un changement, les rythmes actuels semblant trop lourds à tout le monde, et sur l’idée qu’il faut appréhender le problème dans toutes ses dimensions. Il est vrai que la France compte plus d’heures de cours que ses voisins, répartis sur un nombre de journées inférieur, situation qui génère la fatigue et aggrave les inégalités scolaires. Et que jouer sur le temps a des impacts sur l’ensemble de la société.

 

C’est parfaitement mis en évidence dans le rapport où chaque acteur défend des intérêts contradictoires.

Ainsi les syndicats enseignants s’opposent sur l’avenir des programmes. Si on réduit le temps scolaire il faudrait les revoir. L’Unsa est pour l’allègement, le Snes est contre. Si les syndicats sont prêts à discuter des vacances, les consultations académiques montrent que sur le terrain ce n’est pas pareil. « En dépit des préconisations des chronobiologistes », note le rapport, « on note un attachement très fort au samedi libéré et donc au week end de deux jours… La réduction de deux semaines des congés d’été est consentie « à la rigueur, à condition de permettre le 7/2 ». Par contre l’allègement des programmes est une demande unanime. Les lycéens de l’UNL, premiers intéressés, refusent qu’on touche aux vacances d’été. Les collectivités locales s’inquiètent des retombées financières d’une modification du temps scolaire. Si la journée est allégée, il faudra payer plus de périscolaire. Pour une ville comme Toulouse, une demi-heure de cours de moins « équivaut à environ 2 millions d’euros de plus pour la collectivité ». Ce sont les industriels du tourisme qui s’affirment les plus intéressés au changement de calendrier. L’étalement des vacances d’été du 15 juin au 15 septembre, grâce à un zonage du pays, permettrait « des tarifs plus avantageux,… des contrats plus avantageux pour les salariés », bref une « démocratisation »  des congés… Par contre pas question de couper les semaines (ciel mes locations !) ou d’ignorer les rythmes des pays voisins (il faut bien accueillir les touristes étrangers !).

 

Christian Forestier résume la situation : « Tout le monde veut le bien être des enfants, mais en face s’opposent les intérêts des adultes ». Parmi les « constats partagés » , il souligne l’absence de coordination entre les acteurs, les inégalités (la moitié des enfants ne part pas en vacances), la volonté d’un cadrage national. Parmi les questions à résoudre celle du niveau décisionnel où doivent être fixés les rythmes.  Odile Quintin a souligné le fait que la France est le seul pays où la question se pose et le seul à avoir une éducation « nationale ». « On ne peut pas régler la question de la semaine de 4 jours sans toucher au reste », déclare –t-elle. « Il faut avoir une vision globale du temps de l’école et du temps de l’enfant ».

 

Pour Luc Chatel, le moment était venu d’annoncer ses intentions. Il a annoncé que des décisions seront prises en juin 2011. Elles pourraient commencer à être mises en œuvre en 2013. « Le grand acquis c’est que les acteurs ont fait un pas les uns vers les autres », affirme-t-il, « et que le statu quo n’est plus possible ». Il promet que les décisions seront prises « de manière collégiale ». Il commande au Comité plusieurs scénarios pour juin 2011 qui prendront en compte toutes les retombées desdécisions. « Faut-il alléger ou non les programmes ?… Les enfants doivent-ils rentrer à la maison les devoirs faits ? Comment organiser la semaine ? Peut-on réduire la durée des vacances d’été ? Quelles conséquences sur les examens ? Sur les différentes catégories sociales ?"

 

Rideaux de fumée.

En fin de conférence de presse, on reste donc sur ces perspectives floues. D’autant que les « bonnes » questions n’apparaissent pas dans le rapport. Car, n’en doutez pas, les chiffrages des éventuelles décisions intéressent grandement les acteurs et on a du mal à croire qu’ils n’aient pas été faits. D'ici juin il faudra bien arbitrer entre les intérêts divergents. Est-il certain que les intérêts des enfants et des familles pèsent lourds face à ceux de l’industrie touristique ? A-t-on des garanties que la question des rythmes ne soit pas utilisée pour faire passer une série de mesures qui ne visent qu'à réaliser des économies, comme on le voit dans le rapport Tabarot ? Dernière remarque : le calendrier choisi par Luc Chatel n’est pas innocent. Décider en juin c’est lancer la campagne des présidentielles sur cette question. Va-t-on la faire aux dépens des « enseignants fainéants » ?

 

Par François Jarraud



26/01/2011
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