Revue de presse : Article dans Le Monde du 08/12/2010 : La France, pays du grand écart scolaire
Les rapports se suivent et, malheureusement, se ressemblent. Tous concluent que notre système scolaire ne parvient pas - pas assez, en tout cas - à favoriser la réussite des élèves. Tous voient dans ses piètres performances l'une des sources du mal français.
En mai, c'est la Cour des comptes qui dressait un constat sévère sur les politiques publiques d'éducation : compte tenu des moyens mis en oeuvre en faveur des écoles, collèges et lycées de l'Hexagone, leur résultat est "médiocre" et l'échec scolaire trop lourd, assurait ce rapport. En octobre, le Haut Conseil de l'éducation revenait à la charge à propos des collèges dont il pointait qu'un élève sur cinq sait à peine lire et compter.
Rendue publique le 7 décembre, la quatrième enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), menée tous les trois ans par l'OCDE, confirme ces diagnostics alarmants. Elle compare, en effet, les compétences des élèves de 15 ans dans trois domaines-clés (maîtrise de la langue, niveau en mathématiques, culture scientifique), et ce dans les pays de l'OCDE, ainsi que dans une dizaine de pays partenaires.
Le résultat est tout sauf glorieux. Non seulement l'école française obtient tout juste la moyenne dans ce classement. Mais elle régresse à la fois pour la maîtrise de la langue et pour le niveau en mathématiques, et ne fait que se maintenir en sciences.
Mais il y a plus inquiétant. Depuis dix ans, l'écart se creuse entre les mauvais élèves (particulièrement des garçons) et les meilleurs. Le groupe des élèves les moins performants dans la maîtrise de la langue et la compréhension d'un texte, comme en mathématiques, s'est élargi : il concerne aujourd'hui 22,5 % des jeunes Français. A l'inverse, le groupe des élèves les plus performants a légèrement progressé, passant de 8,5 % à 9,6 %. En outre, en France nettement plus qu'ailleurs, l'origine familiale et sociale pèse sur la réussite scolaire.
Cette enquête le confirme donc cruellement : la France est le pays du grand écart scolaire et d'un "élitisme républicain", selon la formule consacrée, qui profite à l'élite plus qu'à la République. Ces inégalités sont d'autant plus dommageables qu'elles ne font que s'accentuer ensuite.
Il n'y a pourtant pas de fatalité de l'échec. C'est l'autre enseignement des comparaisons internationales de PISA : les sociétés les moins inégales sont aussi celles dont l'école est la meilleure. Autrement dit, la justice est l'une des conditions de l'efficacité des systèmes scolaires.
Cela dessine la philosophie d'une réforme possible autant que souhaitable. A l'approche de l'élection présidentielle de 2012, chacun entend reposer la question scolaire : les socialistes viennent d'adopter leurs propositions pour "l'égalité réelle" ; l'UMP prône, notamment, le renforcement de l'autonomie des établissements. Tous seraient bien avisés de retenir la leçon de PISA s'ils veulent éviter que ne perdure ce gâchis scolaire, démocratique et, au bout du compte, économique dont souffre le pays.
Article paru dans l'édition du 08.12.10
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