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Revue de presse : Article dans Le Nouvel Observateur du 19/03/2011 : Education : les enseignants peinent à mobiliser

Les manifestations contre les 16.000 suppressions de postes prévues à l'Education nationale en septembre ont peu mobilisé samedi malgré l'appel des principaux syndicats d'enseignants, de lycéens et d'étudiants.

Les manifestations contre les 16.000 suppressions de postes prévues à l'Education nationale

en septembre ont peu mobilisé samedi, malgré l'appel d'un collectif de 25 organisations comprenant les principaux syndicats d'enseignants, de lycéens et d'étudiants, et la FCPE (parents d'élèves).

Les syndicats expliquent cette situation par le contexte international et la lassitude face à un gouvernement qui affiche la fermeté.

 

A Paris, un cortège a rassemblé plusieurs milliers de manifestants (5.500 selon la police, 12.000 selon la FSU) entre le jardin du Luxembourg et la place de la Bastille. Parmi les manifestants, 2.000 à 3.000 enseignants venaient de plusieurs départements de province à l'appel du SNES, premier syndicat des enseignants des collèges et lycées, a-t-on constaté sur place.

 

A Toulouse, entre 1.500 et 2. 200 personnes, selon les sources, sont descendues dans la rue. Ils étaient entre 1.200 et 3.000 à Lyon, entre 950 et 2.000 à Besançon, entre 800 et 1.500 à Clermont-Ferrand, entre 850 et 2.000 à Rennes, entre 600 et 1.000 à Strasbourg, entre 500 et 1.000 à Aix-en-Provence, ou encore 950 (police) à Lille, 800 (police) à Nantes, et 1.200 à 1.500 (organisateurs) à Nancy.

"L'école gratuite, c'est bientôt fini"

"Non, non, non à l'école libérale ! Chatel, retourne chez L'Oréal !", pouvait-on entendre dans le cortège, tandis que sur une banderole, des manifestants avaient écrit : "L'école gratuite, c'est bientôt fini".

 

"On est dans un système éducatif qui a du mal à fonctionner et qui doit être réformé. Mais quand on supprime des postes, au lieu de se transformer, le système se recroqueville", a déclaré à l'Associated Press le secrétaire général du SGEN-CFDT, Thierry Cadart, présent dans le cortège parisien. "Le tutorat, le soutien personnalisé, on est pour mais ça ne se fait pas en claquant dans les doigts. Ça nécessite un investissement", a-t-il ajouté.

 

Alors que le gouvernement a déjà supprimé 50.000 postes à l'Education nationale entre 2007 et 2010, Frédérique Rollet, secrétaire générale du SNES, a dénoncé selon elle "un projet éducatif qui établit un clivage entre une partie des élèves sans moyens pour lesquels on considère que la scolarité doit s'arrêter à 16 ans, et d'autres à qui l'on donne la possibilité de continuer jusqu'au supérieur".

 

"On ne peut pas continuer avec cette politique axée uniquement sur les suppressions de postes, une spirale infernale dans laquelle s'est enfermé le gouvernement", a ajouté pour sa part la secrétaire générale de la FSU Bernadette Groison.

Lassitude face à la fermeté du gouvernement

Cette mobilisation nationale faisait suite aux manifestations du 22 janvier à l'appel de du  même collectif et à une journée de grève le 10 février à l'appel de la seule FSU. Sur le terrain, ces nouvelles suppressions provoquent déjà depuis plusieurs semaines mouvements devant les rectorats, occupations d'écoles et grèves dans des établissements du second degré.

 

Les syndicats expliquent la difficulté à mobiliser par "le sentiment que de toute façon le gouvernement ne cédera pas", selon Thierry Cadart, et "une actualité dramatique" alors que le monde entier a les yeux tournés vers la Libye et le Japon.

 

Le collectif doit se réunir sur la suite de la mobilisation dans "une dizaine de jours". Le ministère n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.

Problèmes récurrents

Hausse du nombre d'élèves par classe, problèmes accrus de remplacement, baisse des moyens dont bénéficiaient des établissements innovants accueillant des élèves en difficulté, disparition de certaines formations ou options, le "noyau dur" du système éducatif va être durement touché, disent les syndicats.

 

Ce, alors que les services statistiques du ministère de l'Education prévoient 50.800 élèves de plus à la rentrée 2011, en collèges principalement (33.500 collégiens supplémentaires), du fait de l'arrivée de la classe d'âge du "baby-boom" de 2000.

 

A cela le ministre de l'Education nationale Luc Chatel répond qu'il y a encore aujourd'hui plus d'enseignants pour moins d'élèves qu'en 1990.

 

Pour autant, le Conseil d'analyse stratégique, une institution placée auprès du Premier ministre, a estimé début février dans une note de synthèse sur les "tendances de l'emploi public" qu'avec 6,1 enseignants pour cent élèves ou étudiants, la France a le plus faible taux d'encadrement des pays de l'OCDE (chiffres 2007), contrairement à des pays comme la Suède, la Grèce ou le Portugal où le taux d'encadrement dépasse neuf enseignants. M. Chatel conteste cette analyse, estimant impropre de comparer l'encadrement à la maternelle et à l'université et d'avoir une moyenne globale.

 

Quoi qu'il en soit, l'Unsa-Education, deuxième fédération syndicale du monde éducatif et la FCPE, première fédération de parents d'élèves dans l'enseignement public, s'appuient sur cette analyse pour contester la nécessité des suppressions de postes, voire demander un "moratoire".

 

Pour la première fois récemment, la deuxième fédération de parents d'élèves, la Peep, a aussi dit son "inquiétude" à ce sujet.

 

Lundi, de manière inédite, le principal syndicat des chefs d'établissement SNPDEN-Unsa a publié une enquête montrant les difficultés de préparation de la rentrée 2011 en raison des coupes budgétaires : il dénonce notamment l'impossibilité d'appliquer les textes sur la réforme du lycée et de fortes "disparités" de traitement sur le territoire.

 

Récemment, 128 personnes décorées des Palmes académiques, principale distinction de l'Education nationale, les ont renvoyées pour dénoncer la politique éducative actuelle.



19/03/2011
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