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Revue de presse : Article dans Le Point du 08/02/2011 : Chatel sur les bancs de l'école primaire

Chatel sur les bancs de l'école primaire

Le ministre de l'Éducation a assisté à une leçon de CP dans une école parisienne du 18e. Éloge de l'ordinaire.

Spectacle inédit en ce petit matin de janvier : un ministre de l'Education Nationale, seul, ou presque, dans une salle de classe. Assis à un pupitre trop petit, flanqué d'un inspecteur qui lui murmure à l'oreille quelques explications, Luc Chatel, élève attentif assiste à une leçon dans un CP d'une école du 18ème arrondissement.

 

Devant lui, une maîtresse qui se démène pour que Jules (1), Fatou, Charlotte ou Omar sache lire et compter. Sans oublier Pierre et son retard cognitif, Enzo, qui dort tout debout, et Amandine qui a réponse à tout. Pas de caméra, un seul journaliste, qu'on n'a pas pu s'empêcher de convier, et une leçon d'une heure, "pour se rendre compte, sur le terrain, de la réalité des choses." C'est la première fois avoue-t-il qu'il se livre à cet exercice. Les mauvaises langues diront qu'il était temps. Un exercice revigorant pourtant, car dans la salle des maîtres, après la classe, la maîtresse fait couler du miel à l'oreille du ministre.

 

Que lui manque-t-il ? Certes, elle reconnaît que ce n'est pas facile, que combler tous les retards, redresser tous les handicaps est tâche impossible, mais que les moyens existent, que certains de ces enfants bénéficient d'aides spécifiques, qu'elle-même a mis en place cette aide personnalisée qu'ailleurs des "désobéisseurs" sont bien décidés à saboter. Selon une formule originale : "L'aide personnalisée a lieu trois fois par semaine à la pause déjeuner. Mais jusqu'à la Toussaint, je ne prends que les élèves volontaires. A 11h30, ils ont faim, ils sont fatigués, ils ne se bousculent pas pour venir. Parmi les doigts qui se lèvent, je privilégie ceux qui en ont le plus besoin, mais je n'oblige personne. "Et après la Toussaint ?" Ils sont tous volontaires. Je fais en sorte que ces séances soient amusantes et agréables. Ils y prennent goût. A ce moment-là, je peux désigner les élèves les plus en difficulté."

 

Une maîtresse bien choisie

Ici pas d'exploit. Pas de miracle non plus. Mais du bon travail. A-t-elle été choisie cette maîtresse ? Même pas. Elle y croit et elle sait faire : sept ans qu'elle enseigne au CP et c'est vrai qu'au début, elle a fait des erreurs : trop d'images, de méthode globale, confesse-t-elle. C'est un inspecteur qui le lui a fait remarquer. Mais la syllabique pure non merci ! "C'est beaucoup trop ennuyeux. Or sans plaisir, on n'apprend rien" dit-elle. Le B.A-BA, elle le réserve donc aux enfants qui coincent sur cette étape essentielle de l'apprentissage : la prise de conscience que l'écrit est un code à déchiffrer. Mais reste, une fois les lettres déchiffrées, à comprendre le sens et là, les différences culturelles font de la résistance : "Pour quelques élèves, le mot tasse ne correspond à rien. Cela occasionne un retard qui ne se règle pas en une année de CP."

 

C'est cela l'Éducation Nationale : des arbres innombrables dont aucun ne doit cacher la forêt. Ici une maîtresse ordinaire, qui connaît son métier, là un novice envoyé au casse-pipe d'une zone sensible, là encore un proviseur en fin de carrière dans un lycée sans histoire et qui semble ne pas savoir qu'une réforme du lycée a été instaurée. Luc Chatel maîtrise bien son sujet. Et pour cause : son fils est scolarisé dans le public.

 

Par Marie-Sandrine Sgherri


09/02/2011
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