Revue de presse : Article dans Le Point du 15/06/2011 : 20.000 enfants suivis pendant 20 ans pour comprendre leur développement
Marcus a deux mois et dix jours, et, jusqu'à l'âge de 20 ans, on va savoir ce qu'il mange, respire, s'il développe des allergies, ou encore travaille bien à l'école : il est l'un des 20.000 enfants à participer à une étude inédite sur l'influence de l'environnement sur sa vie.
Pour l'heure, ce charmant bébé babille dans le jardin du ministère de l'Ecologie, où une trentaine des premières familles recrutées en avril pour la cohorte Elfe se sont rassemblées mercredi pour se familiariser avec le projet.
L'idée est de mieux comprendre l'impact de l'environnement - de la pollution intérieure et extérieure à l'alimentation, en passant par les inégalités devant les soins de santé - sur l'évolution de ces enfants.
"Un programme unique en France, ambitieux par son ampleur et par le nombre de données qu'on recueille", a souligné la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, devant les familles.
La mère de Marcus, Adèle Grosset, 30 ans, a été approchée dans l'une des 342 maternités de France choisies pour l'expérience et a accepté, comme 2.800 autres femmes.
Elle met en avant l'envie de participer à une "action citoyenne" mais aussi le fait qu'elle s'interroge sur l'impact des "ondes, portables et poussières" sur la santé de son enfant.
L'expérience, qui l'engage en principe pour 20 ans, "semble contraignante, mais juste dans une certaine mesure", explique-t-elle.
A la maternité, les femmes donneront un peu d'urine et de lait. Du sang dans le cordon ombilical du bébé et un peu de ses premières selles seront prélevés. Au bout de deux mois, les mères doivent répondre à un long questionnaire sur leurs habitudes, leurs conditions de vie, jusqu'à la qualité de leur parquet et de leur peinture.
Une enquête qui se répètera chaque année jusqu'à l'âge de trois ans, où une visite à domicile est programmée, avec un petit test de développement sur ordinateur pour l'enfant.
Vers 7 ou 8 ans, il sera proposé un test médical, avec notamment des mesures de la fonction respiratoire. Parallèlement, des évaluations scolaires seront réalisés.
Ensuite, "on pourra directement interroger l'enfant, la façon dont il se sent à l'école, les relations avec les amis, et il y aura probablement un examen médical à la puberté", explique Marie Aline Charles, médecin épidémiologiste, qui pilote l'étude.
"L'un des grands objectifs de la cohorte est de voir l'influence de certains polluants, comme les phénols, phtalates, pesticides, sur l'enfant", indique-t-elle.
"Certains ont des activités perturbatrices endocriniennes qui seraient responsables de troubles de la reproduction. Ils sont très présents dans notre environnement, sans conséquence sur la santé d'un adulte, mais sur un organisme en plein développement, un foetus ou un jeune enfant, on se pose des questions...", poursuit-elle.
Mais il n'est pas question d'attendre vingt ans pour connaître les résultats de l'étude.
Les premiers pourraient arriver assez vite et porteront sur l'impact des "variations de poids de la maman avant la grossesse sur la croissance du foetus", selon Mme Charles.
La deuxième "vague" d'enfants sera recrutée entre le 27 juin et 4 juillet, et ainsi de suite, jusqu'à parvenir au total de 20.000.
Un chiffre placé sciemment très haut pour que les défections, inévitables en 20 ans, ne perturbent pas le cours de l'étude.
"On aimerait en avoir encore 10.000 à la fin", précise Mme Charles.
AFP
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