Revue de presse : Article dans Les Echos du 03/06/2011 : Un millier d'enquêtes épidémiologiques controversées
La dernière enquête sur les effets des radiofréquences, en 2010, n'avait pas permis de conclure à l'absence totale de risque.
Globalement, l'étude Interphone pointe des surrisques pour deux tumeurs cérébrales : + 40 % pour le gliome et + 15 % pour le méningiome, cette dernière tumeur étant le plus souvent bénigne. Deux autres problèmes également bénins étaient pris en compte : le neurinome (nerf acoustique) et la glande parotide. En fait, l'enquête consiste à questionner une population de malades et de témoins en bonne santé sur leurs pratiques du téléphone portable au cours des dix dernières années. Ce protocole comprend de nombreuses incertitudes méthodologiques, soulignées par les auteurs de l'étude : « Les biais et les erreurs limitent la force des conclusions et empêchent d'établir une interprétation causale. »
En pratique, les malades ont tendance à imputer leur trouble à une cause connue (l'usage du portable) alors que les témoins en bonne santé sont peu motivés pour répondre. Résultat, ce type d'enquêtes ne permet pas d'établir avec précision le niveau d'exposition des participants (mesuré par le temps passé à téléphoner), ni de définir la causalité entre les deux phénomènes.
L'inconnue des jeunes
Les experts de l'OMS, qui connaissent évidemment ces biais, ont pourtant décidé de durcir leur avertissement, en classant l'exposition aux radiofréquences au niveau 2B dans le tableau des produits cancérogènes.
La raison de cette mesure se trouve peut-être dans les déclarations du directeur du CIRC, Christopher Wild. L'an dernier, il s'inquiétait de « l'explosion de l'usage des portables chez les jeunes ». Il réclamait des études complémentaires centrées sur cette population de gros consommateurs, délibérément exclus de l'enquête Interphone. Un projet baptisé Mobikids a depuis été lancé pour étudier le risque de tumeurs cérébrales chez les enfants et les adolescents.
Interrogée hier sur RTL, la nouvelle présidente de l'Institut national du cancer (Inca), Agnès Buzyn, a appelé à « rester vigilant et garder du bon sens populaire », notamment en évitant le portable pour les enfants.
Alain PEREZ, Les Echos
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