Revue de presse : Article dans Les Echos du 20/01/2011 : L'Elysée prêt à revoir le chantier de la formation des enseignants
Dans ses voeux hier à la culture et à l'enseignement, le chef de l'Etat, tout en défendant l'esprit de la « masterisation », a souhaité revoir son volet formation professionnelle.
Tout un symbole. Lors de ses voeux hier « au monde la connaissance », le président de la République a amorcé un virage sur la formation des enseignants. Nicolas Sarkozy a certes défendu cette réforme dite de la « masterisation », évitant de faire passer ses déclarations pour un recul : « J'ai voulu la masterisation pour une année universitaire en plus et une meilleure rémunération ». Mais il a souhaité « que nous remettions sur le chantier les éléments de formation », s'adressant notamment aux professeurs des écoles. « Passer des IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) à l'université, passer de la licence au master, cela ne suffit pas, notamment sur la question de la formation pratique », a-t-il déclaré sur ce volet de la réforme particulièrement décrié dans le monde éducatif. Le chef de l'Etat a ajouté, en interpellant le ministre de l'Education, Luc Chatel : « Il ne faut pas avoir peur d'améliorer en permanence notre système, mon souci est de mettre des professeurs mieux formés devant les enfants. »
Les syndicats circonspects
Des déclarations accueillies avec satisfaction mais circonspection par les syndicats, qui avaient boycotté la cérémonie. « C'est la reconnaissance bien tardive d'un échec, d'une formation professionnelle menée à la hussarde et qui a raté son objectif : celle de former de véritables professionnels », a réagi hier Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp-FSU, principal syndicat du premier degré.
L'Unsa Education, pour qui « le chef de l'Etat reconnaît les errances de la "mastérisation Darcos" », demande désormais un calendrier et des contenus de discussion sur le sujet. « Ce qu'a dit le chef de l'Etat est exactement le discours que tient le ministre depuis qu'il est là », minimise-t-on rue de Grenelle. « Le chantier de la masterisation n'a jamais été fermé, il est naturellement perfectible », ajoute-t-on au cabinet du ministre, citant des améliorations en cours et à venir dans les formations, ainsi qu'« un chantier plus lourd, la mise en place de masters en alternance. »
Qui pose, pointe le Snes-FSU, « le problème des moyens, puisque la réforme permettait notamment d'économiser 16.000 postes. »
Sur les moyens, le président de la République n'a rien lâché, mettant en avant la qualité plutôt que la quantité, et - pique aux syndicats - évoquant la somme de 1 milliard d'euros de revalorisation (jeunes enseignants, défiscalisation des heures supplémentaires, accompagnement éducatif des élèves, primes diverses) depuis 2007. Il a aussi vanté l'autonomie, soulignant son intérêt tout particulier pour l'expérimentation dans les établissements difficiles (dispositif « CLAIR »), qui permet notamment au chef d'établissement de recruter ses enseignants. Un dispositif dont l'extension est redoutée par l'ensemble des syndicats.
Ces derniers appellent à une journée de mobilisation ce samedi contre les suppressions de postes et la politique éducative. Des journées de grève, en février et mars, sont en préparation.
ISABELLE FICEK, Les Echos
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