Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 05/01/2011 : Les deux visages du Père Noël
On a beau être adultes, rationnels, sensés, on y croit encore un petit peu au Père Noël. Alors on rêve et on espère que le pied du sapin sera pour l’école bien garni. Et non patatras, peu avant Noël parait l’annonce des suppressions de poste d’enseignants à la rentrée 2011. Le bruit des flocons, le froissement des emballages de papillotes, le son des pas dans les boutiques couvrent la clameur brutale des chiffres.
Et pourtant, justement ce bruit des flocons et autres péripéties rocambolesques des derniers jours de 2010 livrent des leçons sur la notion même de service public. Un train parti de Strasbourg accuse treize de retard à son arrivée à Port Bou. Des avions restent cloués au sol à Paris faute de dégivrant. Les prévisionnistes de météo France sont mis sur la sellette pour n’avoir pas annoncé avec exactitude les conséquences des chutes de neige. Situation absurdes, exemples extrêmes qui laissent entrevoir une certaine déliquescence du service public alors que les exigences sur son action sont de plus en plus grandes. Quel rapport avec l’école me direz- vous ?
L’école voit progressivement réduire ses moyens en personnel pour raison de diète nationale, regarde avec inquiétude les budgets des collectivités territoriales rognés par la crise et qui risquent de différer investissements en matériels et rénovation de locaux. Parallèlement, dans une époque où les inégalités se creusent, où les difficultés sociales s’accroissent, on demande à l’école de se constituer en dernier rempart républicain, en ciment pour la cohésion sociale. La réussite individuelle, les évaluations des performances des établissements sont devenus un enjeu pour briller sur la carte scolaire. Quand les effectifs augmentent dans la classe, quand les enseignants absents sont remplacés avec parcimonie, quand les nouveaux profs débarquent avec une formation allégée, comment envisager de maintenir l’école comme un lieu d’égalité, de construction d’une citoyenneté empreinte des valeurs républicaines ?
Effet des repas de fête ?
On ne comprend pas toujours la primauté de la logique comptable, d’une vision à court terme qui fait de la réduction de la dette un véritable grigri pour justifier une course vers le mur de l’inégalité où fatalement s’écraseront les plus faibles. Car à affaiblir notre système scolaire, c’est le risque que nous courrons. Et les injonctions ministérielles ou présidentielles à atteindre une certaine performance scolaire n’y feront rien. Sans moyens ou avec trop peu de moyens, l’école ne sera plus en mesure d’assurer un minimum de qualité éducative.
Au pied de nombreux sapins, une surprise nous attendait toutefois.
Un petit livre écrit par un vieux monsieur insolent et respectable qui nous incite à ne pas accepter ce qui nous semble inacceptable même ce qui nous est imposé sous le sceau de la raison budgétaire. « Indignez vous » de Stéphane Hessel s’est vendu à 500 000 exemplaires, un succès éditorial unique. Alors oui, le Père Noël est un drôle de bonhomme et peut être même que cette année il se prénomme Stéphane et nous donne envie d’avancer sans crainte de paraitre déraisonnables.
Monique Royer
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