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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 05/07/2011 : Rythmes scolaires : Trop de questions pour les réponses ?

Quel avenir attend le rapport sur les rythmes scolaires ? Visiblement Luc Chatel lui réserve un accueil prudent, ne prenant aucun engagement même sur des points de détail. Si on ne peut écarter totalement l'idée que ce sujet entre dans la campagne politique du président de la République, pour bien des raisons on peut penser que le rapport n'aboutisse à rien de concret.

 

D'abord parce que changer les rythmes scolaires est difficile. Tout changement impacte directement les budgets des collectivités locales qui sont déjà dans l'embarras. Augmenter d'une demi journée la semaine au primaire veut dire créer une journée de transports scolaires et d'entretien de l'école en plus. S'il faut généraliser l'accompagnement éducatif c'est aussi des heures supplémentaires pour les enseignants, que l'Etat aura probablement du mal à payer, ou pour du personnel communal. L'extension de l'année scolaire à 38 semaines, que Chatel semble trouver facile, est un écueil dans l'enseignement secondaire. On voit mal les enseignants du secondaire, dont les salaires sont gelés et les conditions de travail se dégradent rapidement, accepter les bras croisés de travailler gratis deux semaines de plus. Ajoutons que c'est probablement aussi l'opinion des lycéens...

 

Ensuite parce que toutes les variables n'ont pas été retenues par les rapporteurs. Focalisés sur les objectifs de santé, ils n'ont pas osé toucher aux paradigmes de départ. Car la position de la France est tout à fait spécifique en Europe. C'est le pays qui a le plus d'heures de cours par jour en Europe. On peut évidemment en déduire qu'il faut augmenter le nombre de jours de cours et pour cela à la fois la semaine d'école (passer à 9 demi-journées) et le nombre de semaines (38 au lieu de 36). Mais le comité pouvait aussi jouer sur le nombre d'heures. Avec 864 heures de cours au primaire, la France fait partie des pays européens qui ont le plus d'heures annuelles d'enseignement, avec l'Espagne (875), l'Italie (891) ou le Portugal (900). L'Europe protestante se satisfait avec moins : 798 en Angleterre, 564 en Allemagne, 569 en Finlande.

 

Ils ne se sont pas posés la question de l'efficacité pédagogique de leur mesure. Si Luc Chatel affirme que la réduction du nombre d'heures de classe par jour permettra la "réussite scolaire de chaque élève", cela n'est pas prouvé. Une étude menée par Bruno Suchaut, Marie Duru-Bellat et Nathalie Mons a mis en doute l'automaticité du rapport entre le temps d'enseignement et les résultats scolaires. Il faut distinguer le temps officiel du temps réel d'enseignement. Mais il faut aussi tenir compte de l'implication des élèves dans l'apprentissage. Pour ceux qui auraient un doute sur cette question, rappelons que la France est le pays d'Europe qui consacre le plus de temps à l'apprentissage de la langue nationale au primaire sans être pour autant celui qui a les meilleurs résultats...

 

L'intérêt pour le bien être des enfants à l'école est remarquable mais il n'a empêché de dormir jusque là aucun ministre de l'éducation. Chacun s'est convaincu que la question recelait plus de coups à prendre que de bénéfice à retirer. Aucun ministre n'a de gaîté de coeur tenté de jouer avec la colère des collectivités locales, de l'industrie du tourisme, des enseignants et des lycéens. Luc Chatel a pour le moment réagi comme ses prédécesseurs en remettant à demain la moindre décision. Seule une campagne électorale délétère, jetant les enseignants en pâture au public, pourrait réveiller la belle endormie.

 

François Jarraud

 

Temps d'enseignement en Europe



05/07/2011
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