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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 09/12/2010 : Rythmes scolaires : Un débat à haut risque

Mercredi 8 décembre, la député UMP Michèle Tambarot a présenté le rapport parlementaire sur les rythmes scolaires. Il préconise de revenir à la semaine de 4 jours et demi au primaire et de revoir le calendrier des congés par une réduction des congés d'été de 2 ou 3 semaines. Surgissant à quelques mois des présidentielles, le débat sur les rythmes scolaires, qui marque une volte-face du gouvernement, cache sous un consensus apparent de vrais enjeux et de vrais pièges.

 

Rappelons nous : c'est Xavier Darcos qui avait supprimé brutalement à la rentrée 2008 la semaine de 26 heures de cours sur 5 jours et demi au primaire pour la remplacer par 24 heures de cours sur 4 jours et 2 heures d'aide personnalisée glissée sur ce temps scolaire. Plusieurs motivations le poussaient. La première c'est la suppression des emplois de Rased, l'aide personnalisée étant censée remplacer celle des enseignants spécialisés. Mais la mesure satisfaisait également à peu de frais plusieurs catégories de la population : les parents favorisés qui partent en week end, les enseignants qui pourront les découvrir, les professionnels du tourisme qui gagnent une nouvelle clientèle. En un an, sous la pression de l'institution, presque toutes les écoles ont basculé dans le nouveau calendrier officiel.

 

Le corps médical et les mouvements pédagogiques se sont émus de cette situation. L'Académie de médecine a rendu un rapport très sévère, relayé par les parents de la Fcpe, les mouvements pédagogiques et certains syndicats. "Les semaines de 4 jours, 4 jours et demi ou 5 jours de classe ont fait l'objet de recherches qui montrent que l’aménagement hebdomadaire en 4 jours n'est pas favorable à l'enfant car celui-ci est plus désynchronisé le lundi et le mardi matin que dans la semaine habituelle de 4 jours et demi", écrivait l'Académie de médecine. "Par ailleurs, un certain nombre d’études ont établi que les performances mnésiques sont meilleures après un week-end de un jour et demi comparé à un week-end de deux jours comme dans la semaine de quatre jours actuelle" La question semblait alors tranchée : il fallait défaire la réforme Darcos et revenir aux 5 demi-journées de cours. Au début de cette année scolaire, Luc Chatel installait une commission, présidée par C Forestier et O Quintin, chargée de préparer ce retour en arrière.

 

Oui mais comment faire ? Tout changement aurait un impact important sur les collectivités locales qui doivent financer transport scolaire, personnel communal et activités sur une nouvelle période. Or leur situation financière est déjà souvent difficile du fait à la fois de la crise et du désengagement de l'Etat. Si le 7 décembre l'Association des maires des grandes villes s'est déclarée favorable à la semaine de 4 jours et demi, si certaines communes ont milité pour le maintien de ce calendrier, d'autres trouveront sans doute l'Etat fort cavalier. L'obstacle est aussi à chercher du coté des industriels du tourisme qui vont voir leur clientèle diminuer. Ca sera encore pire si le calendrier annuel est modifié et par exemple si les vacances d'été et d'hiver sont réduites. Il y aura l'hostilité des parents qui sont heureux de passer une période hebdomadaire longue avec leurs enfants et sont attachés au week end et, pour certains, aux vacances d'hiver. Enfin il faut aussi compter avec les enseignants qui peuvent considérer le week end comme un avantage acquis et qui n'ont pas de raison de faire de cadeau au gouvernement.

 

La solution Tabarot et les enfants. Dans cette situation, relisons la solution proposée par Michèle Tabarot. Elle propose d'établir la semaine de 4 jours et demi du lundi au vendredi en faisant travailler les élèves le mercredi matin. Cette nouvelle semaine scolaire a l'avantage de satisfaire les familles favorisées qui partent en week end et l'industrie du tourisme. Son impact sur les enfants reste à évaluer mais ce n'est pas la solution que l'Académie de médecine préconisait. Elle estimait la longue coupure du week end préjudiciable. En clair, Tabarot oublie les enfants pour favoriser certains adultes. La modification du calendrier annuel qu'elle envisage reste à préciser. Mais il semble que l'on aille vers un allongement de l'année scolaire de 144 à environ 190 jours. C'est à dire pas seulement un déplacement des vacances mais leur réduction. C'est d'ailleurs ce qu'essaie de faire le ministère avec "la reconquête du mois de juin" depuis trois ans. Si, dans le primaire, la mesure semble neutre, dans le secondaire elle permettrait de réaliser automatiquement les économies de postes que le ministre a du mal à faire. Deux semaines de travail supplémentaires permettraient de diminuer légèrement les horaires hebdomadaires. Les intéressés auraient du mal à s'y opposer, sous peine d'être accusés de vouloir "toujours être en vacances"...

 

On voit comment le rapport Tabarot pourrait quitter la question médicale et pédagogique pour satisfaire d'autres exigences assez éloignées du bien-être nécessaire des écoliers. Et à quel point cette question se heurte à des intérêts divergents. Luc Chatel le rappelle souvent : c'est l'Ecole qui rythme le temps de la société française tout entière.

 

François Jarraud



09/12/2010
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