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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 23/02/2012 : L'école rurale menacée par la RGPP

Président du Conseil régional du Limousin, Jean-Paul Denanot est à la fois furieux et inquiet. Après 4 années de suppressions de postes, c'est sa région qui est la plus touchée à la rentrée 2012 avec 4% de postes en moins au primaire et 3,4% dans le secondaire. Une décision qui affectera gravement le quotidien des habitants et qui ruine les efforts de la région.

 

"L'Etat veut faire fonctionner l'école rurale comme celle de la ville". Jean-Paul Hazan, président de la Fcpe, présentait le 22 février avec Jean-Paul Denanot, président de la région Limousin, la nouvelle situation créée dans la région par la nouvelle carte scolaire. Il en veut pour preuve le document rectoral sur la carte scolaire. Le recteur relève que le taux d'encadrement au primaire est de 5,5 en Limousin et 5,23 en France (5 enseignants pour 100 élèves) et il ramène le Limousin au taux national en supprimant 4% des postes.

 

Au  primaire, à la rentrée 2012, 137 postes disparaissent dans les trois départements de la région. Partout le recteur a fermé le moins possible de classes. Ce sont les Rased qui payent au prix fort les suppressions. Ainsi en Corrèze, département spécialement touché, 49 postes disparaissent dont seulement 9 classes fermées et 23 Rased. Dans la Creuse pour 30 postes, 12 classes sont fermées. Deux écoles disparaissent, une à Aubusson et l'autre au Puy Malsignat.

 

Dans le secondaire, le recteur veut récupérer 147 postes. Il a d'abord annoncé la fermeture de eux établissements. Un EREA à Meymac en Corrèze pour lequel le Conseil régional venait de faire 5 millions de travaux. Et le lycée du Mas Jambost à Limoges où la région avait transféré des sections textiles (coût 550 000 euros) à la demande de l'Etat. Finalement devant la mobilisation, les deux établissements survivent  mais avec des sections en moins. Dans cette région où la filière du meuble est très présente, les tapissiers devront aller à 300 kilomètres au moins pour apprendre leur métier. Pour JP Denanot, le recteur ne pourra pas faire tourner les établissements, il n'en a plus les moyens.

 

S'attaquer aux plus faibles. "C'est la première fois qu'on s'attaque avec autant de détermination à l'école", explique JP Denanot. "C'est une politique qui vise à dégrader le rural et les plus fragiles", affirme-t-il, faisant allusion aux Rased et aux fermetures en L.P. et en ZEP. "Notre région a une densité moyenne de 40 habitants au km². On ne peut pas lui appliquer les règles de la ville. Si on le fait on fait courir des risques aux enfants et on leur rend la vie difficile". La région compte de nombreuses communes de montagne ce qui rend les déplacements encore plus longs et difficiles. JP Denanot n'a pas apprécié la proposition rectorale de supprimer des classes à DP6 (un dispositif de découverte des métiers en fin de collège) pour les remplacer par des DIMA (pré-apprentissage). "L'Etat me demande de créer en apprentissage ce qu'il ferme en enseignement. Je refuse cette compétition !"

 

Eradiquer la pédagogie rurale ? "L'avenir de l'école rurale c'est aussi l'avenir d'une pédagogie particulière", explique JJ Hazan. "Une école bienveillante, à taille humaine et qui a fait ses preuves". Les suppressions de postes poussent au regroupement même au terme de kilomètres de car. Pour le Snuipp de Corrèze, les choix du recteur "conduisent à l’abandon des enfants connaissant des difficultés scolaires, l’isolement désormais définitif des enseignants dans les écoles les plus rurales, à des transformations de classes en classes à 4 voire 5 niveaux (parfois de la PS au CE1)".

 

L'aménagement du territoire à l'envers. "On est en train d'aménager le territoire à partir des suppressions de postes", constate JJ Hazan. Pour JP Denanot c'est un autre aspect désespérant. Quand, au prix d'efforts, la région a réussi à renouer avec la croissance démographique, l'Etat supprime des emplois de fonctionnaires dans l'enseignement, l'armée, ce qui annule les gains. Et il se sert de cette situation pour justifier les fermetures... Enfin il y a la parole de l'Etat. La région venait de signer avec l'Etat le Contrat de plan régional de développement des formations (CPRDF) sur la base de la proximité... Le contrat est caduc. "L'Etat ne respecte pas sa signature", constate-il.

 

Pendant la conférence de presse, les parents de La Souterraine (Creuse) se rassemblaient devant la gare. JP Denanot a refusé de convoquer le CAEN et les élus, syndicats et parents ont refusé d'y siéger. Les CDEN ont connu le même sort. JP Denanot est amère. Pour lui, le recteur, Jean Bertsch, "est plus préoccupé par la RGPP et être un bon soldat que par la situation de la région. "Il n'a fait aucun effort". En Limousin, et pas seulement en Corrèze, on attend l'alternance politique.

 

François Jarraud



23/02/2012
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