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Revue de presse : Article sur www.lagazette.fr de septembre 2013 : Premiers « couacs » pour les nouveaux rythmes scolaires

Les pionnières essuient les plâtres de la réforme et c’est rien de le dire ! Vues du terrain, les premières sessions de « temps d’activité périscolaire » (TAP) ratent les ambitions de la réforme. Les corrections sont déjà en chemin.

« Nous avons récupéré des bombes, à 16h ! Les enseignants ont pour consigne de ne plus faire de récré, du coup, les enfants n’ont plus de temps pour souffler », constate Katia Arnould, membre du SEP-UNSA, directrice de l’association Espace Jeunesse, qui organise les accueils périscolaires et la réforme pour la mairie du Séquestre (1 570 hab., Tarn).

« Par souci de faire profiter les enfants de toutes les activités, nous avons levé des maternelles de la sieste et pressé les élémentaires de choisir leur activité. Les premiers étaient de vrais petits «zombies» et c’était raté aussi pour les seconds », déplore le directeur d’un centre de loisirs en Seine-et-Marne, qui souhaite garder l’anonymat.

Dans ces deux communes, les TAP, placés en fin de cours, sont gratuits. Mais en dépit des moyens mis en œuvre par les collectivités, le choix de l’horaire et l’absence de récréation a, semble-t-il, vidé ces TAP de leur sens : « il leur faut bien une demi-heure pour taper dans un ballon, souffler, courir, goûter et être disponibles à nouveau ». Autant dire qu’il ne reste rien, ou presque, du TAP de 45mn positionné en fin de classe les lundis, mardis, jeudis et vendredis.

« On assiste à une surenchère d’activités. C’est bien une réforme des rythmes scolaires, qui permet de répartir les 26 heures différemment, mais ce n’est pas une réforme des temps de l’enfant. Elle nie le besoin des enfants de se construire en jouant », s’insurge Katia Arnold.

Rôdage nécessaire - « Hier, j’ai travaillé jusque 22 heures, pour aider les collègues. Dans mes rêves, je coche des enfants sur des listings de « TAP », on est tous sur les nerfs. Je m’attendais à quelque chose de léger, avec des enfants détendus, des moments d’animation bien posés. Nous luttons contre la garderie et là… c’est l’usine ! », déplore le directeur de centre de loisirs de Seine-et-Marne.

Tout changement entraîne des frictions et des ratés : la réforme des rythmes scolaires ne fait guère exception.

Outre les problèmes d’inscription des enfants aux ateliers, la gestion du flux des parents venant chercher leur progéniture exige parfois d’être revue. « Ce n’est ni la catastrophe absolue, ni la réussite absolue. On n’est pas rôdé, il y a quelques difficultés. Par exemple, comme tous les parents n’ont pas rendu leurs fiches, mercredi dernier, nous ne savions pas quel enfant de maternelle restait pour la sieste. On en a fait dormir quelques-uns qu’il a fallu réveiller… et empêché de dormir d’autres, dont on attend toujours les parents ! », constate Thierry Bonus, animateur lecture de la Ville de Paris et membre du collectif fédéral animation de la Fédération des services publics.

Thierry Bonus pointe surtout du doigt les dysfonctionnements rencontrés avec les associations, qui ont répondu à l’appel à projets de la Ville de Paris et n’ont pas honoré leur engagement : « certaines ne sont tout simplement pas venues. D’autres exigent des groupes d’enfants plus petits que ceux autorisés par les taux d’encadrement ». Dernier souci : qui prend en charge l’hygiène des petits de maternelle, quand les ATSEM enfilent une casquette d’animateur ?

Animateurs invisibles - Coincés entre le devoir de réserve et la peur des représailles, peu d’animateurs territoriaux prennent la parole : seuls les syndicalistes s’expriment. En Seine-et-Marne, le directeur du centre de loisirs fonde de grands espoirs sur la réforme, dont il attend qu’elle valorise sa profession et la filière animation au sein des collectivités. La première semaine montre qu’il reste encore pas mal de bosses à aplanir.
« Nous sommes montrés du doigt, parce qu’on « pointe » les enfants qui assistent au périscolaire payant, après le TAP gratuit », relève Katia Arnould.

Elle dénonce en outre un effet pervers des taux d’encadrement transitoires : « Certains animateurs rétrogradent dans leurs compétences : ils font de la garderie pendant le TAP et ses taux d’encadrement transitoires et retrouvent leur rythme, conditions et techniques de travail en périscolaire classique ».

Solutions au fil de l’eau - Les déceptions affichées en disent long sur les espoirs que suscite la réforme. Sur le terrain, les agents remontent les difficultés rencontrées et avancent déjà des solutions concrètes. « Dès la seconde séance de TAP, nous allons créer une récré, entre la fin de classe et le TAP. Et laisser les maternelles finir leur sieste ! », conclut le directeur de centre de loisirs. Même ajustement au Séquestre : « rien ne se fera avant 16h30 ! », tranche la directrice d’Espace jeunesse.



30/09/2013
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