Article dans Le Figaro du 04/10/2010 : Retraites : des aménagements sont «possibles» au Sénat
Si le gouvernement reste ferme sur les limites d'âge, des avancées sont à attendre pour les victimes de l'amiante, les travailleurs handicapés et les seniors au chômage, lors de l'examen du projet de loi au Sénat. Les sénateurs réfléchissent aussi à la question des femmes.
Pour la troisième fois en moins d'un mois, les Français sont descendus dans la rue pour manifester contre la réforme des retraites. Et pour la troisième fois, tout le monde se dit gagnant : les syndicats assurent avoir réussi leur pari d'élargir la contestation en mobilisant près de trois millions de manifestants. Le gouvernement, de son côté, a dénombré près de 900.000 manifestants, soit une baisse de 10% par rapport au 23 septembre.
Mais qu'importe la bataille de chiffres ! À deux jours de l'examen du projet de loi au Sénat, qui commence mardi, l'exécutif a confirmé sa ligne de conduite. Il reste ferme sur les «bornes d'âges» (le recul de l'âge légal à 62 ans et la retraite à taux plein à 67 ans), indispensables à la préservation du système de retraites par répartition dans un contexte d'allongement de la durée de vie. Le cadre de la réforme, «on ne peut pas le changer si on veut continuer à payer la retraite des personnes», a indiqué le ministre du Travail, Éric Woerth.
«Ne pas déséquilibrer financièrement la réforme»
Reste que le gouvernement a encore quelques cartouches à griller. Lors de l'examen de la réforme la semaine dernière en commission des affaires sociales du Sénat, celui-ci avait freiné les ardeurs de certains sénateurs de la majorité, afin de se réserver pour la séance. Des avancées sont désormais à attendre sous la forme d'amendements pour les victimes de l'amiante, sur la question des travailleurs handicapés et les seniors au chômage. «Il y a toujours des aménagements possibles», a dit dimanche soir le premier ministre, qui s'est aussi montré ouvert à un geste en direction des femmes ayant eu trois enfants.
Au Sénat, Gérard Larcher est favorable à maintenir à 65 ans l'âge sans décote pour celles-ci. «Mais les Français doivent bien comprendre que ces améliorations ne peuvent pas déséquilibrer financièrement la réforme. En effet, tout ce qu'on mettra en plus pour certaines catégories de Français, il faudra que l'ensemble des Français le finance dans le cadre du système de retraite qui est le nôtre», a prévenu le premier ministre.
Nouvelle grève le 12 octobre
De leur côté, les sénateurs communistes et du Parti de gauche ont annoncé le dépôt de 400 amendements, et le PS, 300, sans compter une motion référendaire (visant à demander un référendum sur le texte) et des motions de procédure. «On utilisera tous nos moyens», assure-t-on au groupe PS, laissant augurer d'un débat houleux. Le Sénat, «c'est l'une des dernières occasions pour le gouvernement de modifier son texte», a prévenu François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT. «Si le gouvernement confirme son intransigeance, il ne faudra pas s'étonner si la mobilisation prend d'autres formes», a renchéri Bernard Thibault, à la CGT.
L'intersyndicale à l'origine de la nouvelle journée d'action doit se réunir lundi pour «analyser la situation» et décider des suites. De nouveaux rendez-vous sont d'ores et déjà prévus. Mardi, des «initiatives locales» sont annoncées dont un rassemblement à Paris. Et le 12 octobre, tous les syndicats appellent à une nouvelle journée nationale de grève et de manifestations dans toute la France. La question de la grève reconductible est par ailleurs en débat, notamment parmi les cheminots et dans le secteur de l'énergie.
Femmes : Gérard Larcher étudie une proposition
Le Sénat commence mardi l'examen de la réforme des retraites. Interrogé par le quotidien Les Echos, le président de la chambre, Gérard Larcher, livre quelques pistes sur les aménagements envisagés du texte. Ces propositions qui vont cependant beaucoup moins loin que celles déposées le 29 septembre par la délégation aux droits des femmes de la chambre.
«Nous verrons comment nous pourrons mieux répondre notamment à toutes les personnes qui ont eu des parcours professionnels hachés», explique-t-il. Le maintien à 65 ans au lieu de 67 ans- de l'âge de retraite à taux plein est notamment envisagé pour les femmes, sous certaines conditions. «Je rappelle que l'âge légal, ce sera 62 ans. Ce que nous souhaitons pour les mères de trois enfants et plus, c'est bloquer l'âge du taux plein», précise Gérard Larcher. L'idée est de cibler les parents qui se sont arrêtés de travailler pour élever leurs enfants «entre deux mois, la durée du congé maternité, et une durée maximale à déterminer».
Toutes les mères ne seront cependant pas concernées par cet amendement, car la mesure serait «transitoire» et ne concernerait que «les générations nées entre 1950 et le début des années 1960, celles qui arrivent à l'âge de la retraite avec moins de trimestres de cotisation que les hommes. Le problème s'efface pour les générations suivantes, où le taux d'activité féminin est plus élevé», affirme le président du Sénat.
Par Marie Visot
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